C'est la Dépêche du Midi qui révèle cette affaire après être entrée en possession d'une lettre envoyée par la hiérarchie à l'ensemble de sa brigade composée de 50 hommes, tous motards de la police. La lettre demande de «  développer l'activité d'interpellation en matière de lutte contre la délinquance, notamment routière, ainsi que celle de verbalisation, et ce de manière significative », le chiffre de 50 PV et 2 interpellations par motard et par mois « constituant des minimums » ! Et la lettre d'inciter à la délation des motards refusant de se soumettre à ces ordres : « vous n'hésiterez pas à me signaler les personnes de votre équipe qui, de manière déloyale, n'exécuteraient pas les instructions demandées ». Voilà un message clair.


Cette lettre constitue un paroxysme dans l'aberration que constitue la politique du chiffre instaurée en 2006 selon le syndicat UNSA Police. Cette façon de procéder peut pousser selon eux à des dérives graves lorsqu'un agent se rend compte en fin de mois qu'il n'a pas le nombre d'interpellations demandées.


Cette façon de procéder peut pousser à des dérives graves lorsqu'un agent se rend compte en fin de mois qu'il n'a pas le nombre d'interpellations demandées

De son côté, le directeur départemental de la Sécurité Publique de Haute Garonne préfère lui parler de « politique de gestion par objectifs chiffrés » pour le bien des citoyens :

« Parlons clair: plus nous sommes répressifs (et) plus il y a de contrôles, plus les automobilistes découvrent la sagesse et plus on sauve des vies. Que constate-t-on dans une unité toulousaine dont la vocation est précisément de lutter contre l'insécurité routière ? (...) Qu'un certain nombre d'agents sont très en-deçà de ce qui est acceptable. » Il importait donc de les « remobiliser».

Le fait est que la brigade tournait en moyenne à « seulement » 42,27 amendes et 1 interpellation par agent.


Pour le syndicat Unité-SGP Police, la baisse d'activité des motards toulousains (confirmant implicitement que les quotas existent et étaient bien réalisés auparavant) provient essentiellement d'une réaction épidermique à l'obligation qui leur a été faite de travailler les samedis à compter du mois de juin.


Mais peu importe de quelle façon on tourne le sujet, la politique du chiffre existe bien et gare à ceux qui ne la respectent pas. Quant à mélanger délinquance routière (161 km/h sur autoroute déserte limitée à 110 suffit à vous propulser au rang de délinquant) et délinquance de voie publique (agressions, vols ...etc) dans des statistiques chiffrées donc aveugles, c'est donner un moyen facile à nos élites de faire croire à l'efficacité de la Police. Travailler sur une affaire criminelle ne devrait pas être mis sur le même plan qu'une arrestation d'un véhicule au péage.



via le parisien