Développée sous le nom de code "Bomb", puis baptisée du nom du plus célèbre chasseur britannique de la Seconde Guerre mondiale, la Spitfire est une combattante. Présentée au salon de Londres 1962, elle affiche, en effet, l'ambition de s'imposer sur le marché des petits roadsters populaires.

Avec son allure presque gracile, elle n'a pourtant rien d'une baroudeuse. Sa force, elle la puise dans son pouvoir de séduction. Dessinée en Italie par Giovanni Michelotti, elle ne manque pas de charme. Très réussie sa carrosserie se distingue par des ailes arrière remontant après la courbure des portes, une faible hauteur de caisse, un long capot et un pare-brise incliné. L'ensemble parfaitement équilibré réussit à concilier une certaine tradition britannique du roadster avec le style latin des "sixties" même si certains puristes lui reprocheront son manque de "virilité".

Plutôt civilisée pour l'époque avec son châssis rigide, sa suspension avant à roues indépendantes et ses deux freins à disque, elle se veut, en outre, presque confortable. Si ses sièges sont à peine plus moelleux que la banquette d'un sauna finlandais et que le chauffage (disponible en option) comblerait d'aise éventuellement un Inouite, la Spitfire dispose tout de même d'un habitacle accueillant et suprême raffinement, de vitres latérales coulissantes! Un luxe incensé dont sont privées les Austin Healey Sprite et MG Midget, ses deux plus féroces rivales. Véritables stars du marché, ces dernières désuettes et spartiates à souhait connaissent pourtant un succès insolent grâce à leurs tarifs très serrés. Une recette magique dont seuls les constructeurs britanniques avaient le secret. Pour diminuer les coûts, ils puisaient dans une imposante banque d'organe "maison" des éléments mécaniques éprouvés de longue date et n'hésitaient pas à faire produire des pièces spécifiques à des sous-traitants. Triumph qui réussira le tour de force de commercialiser sa Spitfire à des prix à peine supérieurs à ceux de la concurrence procédera de la même façon.

Ainsi, le châssis sera emprunté au modèle Herald lancée en 1959, tandis que le quatre cylindres, né pour la petite Standard 8, aura douze ans d'âge... comme les bons whiskies. Ce dernier réalésé à 1 147 cm3, puis à 1296 cm3 à partir de 1965 fera preuve toutefois d'une parfaite bonne volonté en se montrant fiable et endurant à défaut d'être pétillant. Poussé dans ses ultimes retranchements, il se révélera, en revanche, extrêmement fragile en version 1500, ne supportant pas les hauts régimes et les longs voyages. Surchauffant et cassant comme du verre, il mettra à rude épreuves les nerfs de ses propriétaires déjà largement éprouvés par un système électrique fantaisiste et une carburation capricieuse... En dépit de cette réputation de fragilité et d'une efficacité routière douteuse sur chaussée humide, la Spitfire va démarrer sa carrière sur les chapeaux de roues. Sportive simplement dans l'allure, elle fera le bonheur des célibataires petits frimeurs et grands "dragueurs". Révélant dans la quête de l'âme soeur une efficacité certaine d'autant qu'elle n'avait pas souvent à feindre le "coup de la panne", elle en gardera une réputation un rien frivole qui lui vaudra d'être un peu boudée par les collectionneurs.

Aujourd'hui, cette image s'est dissipée mais la "Spit" affiche toujours des tarifs raisonnables tout en offrant beaucoup de plaisir de conduite.

1962/80 : cinq générations de "Spit"

1962/64 : Spitfire 4 (4 cyl.-1 147 cm3-63 ch-148 km/h- 45 573 ex); cote : de 1800 à 7900 euros

1965/67 : Mk I l (4 cyl.-1 147 cm3-67 ch-150 km/h-37 409 ex.); cote : de 1800 à 7300 euros

1967/70 : Mk III (4 cyl.-1296 cm3-75 ch-165 km/h-65 320 ex.); cote : de 2300 à 7600 euros

1970/74 : Mk IV (4 cyl.-1296 cm3-63 ch-156 km/h-70 021 ex.); cote : de 1700 à 6400 euros

1974/80 : 1500 (4 cyl.-1474 cm3-71 ch-160 km/h-95 829 ex.); cote : de 2300 à 6900 euros

Forum :

  • [La Spitfire, une anglaise bon chic, bon marché
  • >http://forum-auto.caradisiac.com/sqlforum/section5/sujet17974.htm]

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