Voici une nouvelle innovation dans notre pays : afin de contribuer à la qualité de l’air en vallée de Chamonix, le Tunnel du Mont Blanc sera équipé d’un filtre à particules par précipitation électrostatique.

Souhaitant faire baisser la pollution engendrée par le trafic routier et diminuer ainsi les impacts induits par son activité, la société Autoroutes et Tunnel du Mont Blanc (ATMB) travaille depuis plusieurs années aux côtés des collectivités locales. Ainsi en 2008, à sa demande, le GEIE-TMB a réalisé une étude visant à mesurer la dispersion de l’air extrait du tunnel dans la vallée de Chamonix. Cette étude a été confiée au groupement Euromobility/CNR/Tecnic qui s’est adjoint le conseil scientifique de l’Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité.

À l’aide des éléments topographiques, météorologiques, des trafics de la vallée et des études menées par l’association Air de l’Ain et des Pays de Savoie et s’appuyant sur deux campagnes de mesures réalisées en été et en hiver, cette étude a permis de modéliser la dispersion des particules et des oxydes d’azote. Au total, 27 points de mesures ont été suivis dans le centre-ville, la vallée de Chamonix et au Tunnel du Mont Blanc. Les objectifs : évaluer les impacts du Tunnel du Mont Blanc sur la qualité de l’air (comparés aux autres sources de pollution et la dispersion des particules fines et des oxydes d’azote modélisée) et examiner les solutions permettant de les réduire.

La teneur en oxydes d’azote, en constante diminution, reste toujours inférieure aux normes autorisées. Les locaux d’activités (artisanat, commerces, entreprises…) arrivent au premier rang des émetteurs de particules, celles-ci étant par ailleurs plus concentrées en centre ville que sur la plate-forme du tunnel. Les mesures de ces particules dépassent plusieurs fois par an les valeurs optimales de qualité, tout en restant inférieures au nombre autorisé par la réglementation.

Entreprise publique responsable et soucieuse de participer à l’amélioration de la qualité de l’air de la vallée de Chamonix, ATMB a donc décidé de mettre en place un filtre à particules au niveau de l’extracteur du tunnel au-dessus de la plate-forme française.

Oxyde d’azote : un niveau d’émission très faible

Relativement à l’oxyde d’azote (Nox), la modélisation a mis en évidence l’absence de concentrations significatives autour de l’extracteur du Tunnel du Mont Blanc. Les mesures montrent que les valeurs atteintes sont généralement basses pour le dioxyde d’azote, largement inférieures aux valeurs permises et en constante diminution année après année du fait de l’amélioration des dispositifs sur les véhicules. Les projets de transports en commun des collectivités à travers le Plan de Déplacement Urbain seront de nature à conforter cette diminution.

Particules : un niveau plus élevé en centre-ville

L’étude s’est principalement axée sur les particules (PM10 et PM2,5). En effet, dans le cadre de la surveillance permanente réalisée par l’association Air de l’Ain et des Pays de Savoie, plusieurs dépassements des valeurs optimales de qualité ont été constatés, tout en restant inférieurs au nombre autorisé par la réglementation. En outre, dans le cadre des mesures relevées par Euromobility, le niveau de particules est beaucoup plus élevé dans le centre de Chamonix (36,17 µg/m3 en hiver et 17,42 µg/m3 en été) que sur la plate-forme du tunnel (6,05 µg/m3, hiver comme été).

Les locaux d’activités, premiers contributeurs à l’émission de particules

En complément de ces mesures, l’étude réalisée par l’Air de l’Ain et des Pays de Savoie sur l’ensemble de la vallée fait apparaître la part relative du trafic routier dans l’émission de particules. Ainsi, en juillet 2007, la contribution des locaux d’activités (commerces, entreprises, artisanat) a été évaluée à 44 % contre 22 % pour le résidentiel (chauffage…) et 34 % pour le trafic (dont 20 % pour le trafic de la vallée, 14 % pour le trafic du tunnel). En janvier 2007, la part de particules due au trafic diminue pour atteindre 3 % (dont 1,3 % pour le trafic dans la vallée et 1,2 % pour le trafic au tunnel). Entre juillet et janvier, le niveau d’émission au Tunnel du Mont Blanc reste stable en valeur absolue mais diminue considérablement en proportion. Ceci s’explique par la montée en puissance en hiver des autres sources d’émissions de particules que sont les activités professionnelles et le résidentiel.

Par ailleurs, les études réalisées confirment que les particules rejetées restent concentrées au niveau de l’extracteur du tunnel, se dispersant faiblement dans la vallée de Chamonix.

Un niveau de trafic en baisse constante et une diminution forte des émissions liées aux poids lourds

Par rapport à 1998, le trafic des poids lourds au Tunnel du Mont Blanc a enregistré une chute de 25 %. Cette tendance s’est encore accentuée en ce début 2009 avec un trafic moyen de 1 369 poids lourds par jour en janvier contre 2 206 pour l’année 1998. De plus, le niveau d’émission de polluants des poids lourds a été drastiquement diminué ces dernières années avec les normes européennes EURO. Ainsi, à titre d’exemple, il a été divisé par 7 pour les oxydes d’azote et par 18 pour les particules. Une tarification écologique a été mise en place dès 2002 au tunnel. Elle privilégie les poids lourds performants sur le plan environnemental grâce à des tarifs préférentiels et interdit les véhicules les plus anciens.

Le 17 février 2009, ATMB et le GEIE-TMB ont présenté aux élus de la vallée de Chamonix les conclusions de ces études. Sur la base de ces résultats, le GEIE-TMB (sous l’impulsion d’ATMB) a décidé d'installer un filtre à particules sur l’extracteur au-dessus de la plate-forme française du tunnel. Il s’agit d’une première en France pour ce système de précipitation électrostatique dans un tunnel routier. Celui-ci permet de charger négativement les particules pour engendrer leur précipitation. Elles sont ensuite collectées puis traitées. Ce système sera pleinement efficace car il fonctionnera de manière couplée avec les 116 carneaux de désenfumage qui extraient l’air vicié du tunnel.

Gérard de Pablo, président d’ATMB, explique que ce dispositif particulièrement performant est une première en France : il éliminera 90% des particules émises par l’extracteur d’air du tunnel. Leur but est de lancer les travaux fin 2009/début 2010 : sa mise en place, financée à travers le GEIE par ATMB et SITMB, est programmée en 2010.

Un projet intéressant à suivre !

(Source et Photo : ATMB)