Un forumiste de Caradisiac, dont le pseudonyme est multi_faber, nous fait part de son expérience : cela fait deux ans qu’il utilise l’auto-partage. Il paye environ 150-200 euros par mois pour environ 500 km. Cet automobiliste se sert d’une voiture environ une à deux fois par semaine, se rend à son travail à vélo et ne possède aucune voiture. Pour de longs trajets (période de vacances), il loue une voiture chez un loueur classique à des prix préférentiels ou négocie un tarif particulier chez Auto’trement.

Ce forumiste a donc le recul nécessaire pour nous dresser la liste des avantages et des inconvénients du système de voiture partagée.

Les avantages pour les particuliers :

L’auto-partage : le bon plan !

- pas de voiture à acheter, pas d'argent à sortir, pas d'emprunt à rembourser, donc aussi la capacité d'emprunt pleinement conservée ;

- souplesse du système par rapport aux transports en commun (utilisable 24h/24 et 7j/7) ;

- si la voiture n'est pas utilisée, il n'y a aucun frais hormis les 8 euros par mois. Le budget voiture est maîtrisé, sans surprise et souvent bien moins important que dans le cas de la possession d’une voiture personnelle et dans le cas de figure où l’automobiliste n'utilise que ponctuellement une voiture dans la semaine. Il faut savoir que le propriétaire d’une voiture dépense en moyenne 600 € par mois (c'est environ 10 à 20 % du budget d'un ménage de classe moyenne) alors qu’en général, il ne roule pas plus d’une heure par jour : le véhicule d'un particulier reste immobile 92 % du temps et ne transporte en moyenne 1,2 personnes par voyage, d'après une synthèse de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) ;

- les voitures sont neuves ou récentes, et entretenues, révisées et nettoyées régulièrement par la structure ;

- la voiture est adaptée aux besoins : Smart ou Twingo pour un petit trajet urbain seul, Scenic pour un long trajet à plusieurs, Multipla pour voyager à six, Kangoo pour déménager, Clio pour partir en couple un week-end...

- le parking est inclus dans le tarif d'utilisation : en ville, pas de frais supplémentaire pour payer un garage hors de prix à l'année ;

- un couple peut aux même conditions, moyennant deux euros supplémentaires par mois, utiliser deux voitures à la fois ;

- l'utilisateur du système à Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg et Grenoble (pour l'instant) peut utiliser une voiture dans ces villes : il peut donc y arriver en train et trouve une voiture sur place ;

- en cas d'accident, pas de malus sur l'assurance ;

- le fonctionnement est (pour l'instant) encore assez souple, proche d'une association, donc ouvert aux améliorations, critiques, ou demandes particulières (si justifiées...).

Les avantages pour la collectivité :

- moins de places de parking sont utilisées puisque les voitures roulent plus (gain de 8 places pour chaque voiture en auto-partage) ;

- au lieu que 500 familles possèdent chacune une ou deux voitures, elles peuvent n’utiliser que 30 voitures pour un usage équivalent et avec un coût bien inférieur ;

- optimisation des trajets par chacun des utilisateurs, donc baisse globale du trafic routier et de ses corollaires (pollution, bruit, dangers de la route, impôts ...). L'auto-partage est une solution qui reculerait l'échéance d'une pénurie énergétique mondiale. Une partie des voitures de Caisse-Commune et d'Auto'trement fonctionnent avec des carburants "propres" : batteries électriques, gaz de pétrole liquéfié (GPL) ou gaz naturel véhicule (GNV) ;

- accessibilité de la voiture à des gens qui n'ont pas les moyens d'en acheter une ;

- évolution des mentalités et des comportements : la tarification est claire et attractive et cela incite à faire de la route différemment dès que possible.

Les inconvénients :

- le système écarte intrinsèquement ceux qui utilisent leur voiture quotidiennement pour aller au travail de par le coût que cela induirait (beaucoup d'heures facturées pour peu de kilomètres) : la voiture individuelle est moins chère dans ce cas de figure ;

- le système ne peut encore s'appliquer aujourd’hui partout et à tous : il faut un minimum d'utilisateurs à un endroit donné pour rentabiliser au moins une voiture (une dizaine de personnes environ) ; de plus, un réseau de station est préférable à des stations isolées pour permettre le transfert d'utilisateurs d'une station à une autre en cas de manque de voiture sur une station, ceci posant problème pour l'implantation dans un village isolé (bien qu’envisageable). C'est donc davantage une pratique urbaine ;

- l'utilisateur ne peut pas choisir la marque, le modèle ou la couleur de sa voiture : il ne peut que choisir la voiture la plus adaptée à ses besoins parmi celles proposées aux endroits qu'il souhaite. Il ne peut pas non plus par extension faire de tuning ;

- un bon conducteur n'accumule pas de bonus en assurance ;

- pour des raisons d'organisation et de coût, la voiture doit toujours être rapportée à sa station d’origine ;

- il faut organiser ses déplacements (mais pas forcément à l'avance) pour que l’association connaisse l'heure de retour puisque d'autres personnes peuvent réserver votre voiture ensuite.

La location et l’auto-partage : des sœurs ennemies ?

L’auto-partage : le bon plan !

Multi_faber fait également une comparaison intéressante entre Hertz, le numéro 1 de la location de voitures et la coopérative d’auto-partage Auto’trement :

"- si je loue chez Hertz, je dois faire un contrat à chaque fois, aller aux heures de bureau à l'agence pour récupérer la voiture et faire un état des lieu. Pour l'avoir fait assez souvent avant de connaître Auto’trement, c'est très contraignant. Avec l' auto-partage, on réserve 24h/24 et 7j/7 une voiture en 30 secondes, à 2 minutes de chez soi (ou d'ailleurs si on n'est pas chez soi) : ce n'est pas du tout pareil... ;

- le coût de l’auto-partage est bien inférieur à celui d’une location traditionnelle : il n'y a pas de marge commerciale, les voitures sont bien mieux amorties et la structure est réduite au maximum pour minimiser le coût ;

- le choix de la catégorie chez un loueur n'est jamais garanti : même si vous voulez un break ou un monospace et que vous le mentionnez clairement au loueur, vous pouvez vous retrouver le jour J avec une citadine (cas vécu : c'est très pénible quand ça vous arrive). Avec l’auto-partage, vous réservez une voiture que vous connaissez à l'avance pour l'avoir déjà utilisée. Il n'y a pas de problème de prise de contact avec le véhicule ou de "c'est quoi ce bouton avec ce sigle bizarre ?" (cas vécu aussi) ;

- le loueur n'a qu'une relation ponctuelle avec le client, d'où franchise élevée et caution importante... alors que l'utilisateur est en relation à long terme avec la structure d'auto-partage, d'où la confiance réciproque, la caution peu élevée, la franchise similaire à un contrat pour un particulier et le respect des voitures par les utilisateurs. Tout ceci pour aboutir à un coût d'usage assez bas.

En bref, pour avoir beaucoup utilisé les loueurs classiques avant de découvrir l'auto-partage, il n'y a aucune comparaison possible : autant les loueurs sont contraignants, chers et rigides, autant l'auto-partage est pratique, souple et économique..."

Conclusion : malgré quelques inconvénients, multi_faber est satisfait de l’auto-partage car cela convient à son mode de vie d’automobiliste urbain. D’après lui, le système de l’auto-partage est peu développé aujourd’hui en France car les automobilistes "sont encore bien trop accrochés à leur sacro-sainte Laguna personnalisée ... Sans bagnoles à eux, ils vont discuter de quoi avec leurs amis ?". Il faut bien entendu un certain temps d'adaptation pour bien maîtriser ce système, savoir s’organiser et se passer d’une voiture personnelle : il est donc difficile actuellement de le faire accepter à de nombreux automobilistes mais cela viendra avec l’évolution de la société et de notre mode de vie. En fait, le fossé entre les adeptes de l’auto-partage et ceux qui ne le sont pas ou hésitent à sauter le pas est plus psychologique que concret et il est justement d'autant plus difficile d’être surmonté par ces utilisateurs potentiels! Mais il pense que les agences d’auto-partage vont se développer et que son parc automobile va devenir important, étant persuadé que c’est une solution d’avenir et pleine de promesses tant pour l'individu que pour la collectivité. Il n'y a qu' à voir d'ailleurs l'ampleur très rapide qu'ont pris les systèmes similaires en Allemagne ou en Suisse. Dans le monde, 200 000 conducteurs apprécient actuellement l’auto-partage.

Lire aussi

Forum

Seriez-vous partant pour l’auto-partage ?