Une menace concrète

Selon l'Union française de l'industrie pétrolière, les réserves actuelles de pétrole sont estimées à 138,615 milliards de tonnes. La consommation mondiale de brut, en 1999, a été de 3,214 milliards de tonnes. Faites le rapport : on arrive à 43 années de consommation, ce qui nous amènerait à la pénurie, à l'échéance de 2044. Cela pose de façon brutale la question des ressources et, surtout, des réserves pétrolières.

Une question pertinente, puisque des constructeurs se posent ouvertement la question. Ainsi, Renault n'hésite pas à envisager une pénurie à l'horizon 2040 dans un document interne daté d'avril 1999. Cette analyse alimente la réflexion du constructeur sur le développement d'énergies alternatives telles que le gaz naturel.

Les plus optimistes démentiront ces chiffres, soit en parlant des ressources à découvrir soit de la baisse possible de la consommation. Sur ce point, il ne faut pas se leurrer : malgré les précédents de 1973 et 1979, la consommation mondiale de pétrole ne cesse d'augmenter.

Thomas Fell, responsable de la communication pour le groupe TotalFinaElf, dresse le tableau de la demande :

“En matière de consommation, la demande continue de croître à raison de 1 à 3 % par an. Les régions de consommation sont l'Asie (la crise que cette partie du monde a connue, a ralenti la demande de pétrole) mais, surtout, les États-Unis et l'Europe. Le monde occidental reste donc le plus gros consommateur.

Consommation en hausse

Les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie ne poussent pas non plus à l'optimisme : la demande restera croissante avec la montée en puissance de pays tels que la Chine ou l'Inde, sans oublier une consommation toujours très forte de la part des pays occidentaux membres de l'OCDE.

On le voit avec les dernières prises de position du président Georges W.-Bush, les États-Unis ne semblent pas soucieux de réduire leur consommation d'énergie.

Ces données sont confirmées par le très sérieux Institut français du pétrole, organisme indépendant de recherche sur le pétrole et ses applications. Sébastien Barreau, de l'École nationale supérieure du pétrole et des moteurs, rattachée à l'IFP, explique :

“En ce qui concerne le nombre d'années, il est donné par le ratio "réserves sur production", qui fournit le nombre d'années au niveau actuel de production. Il est de 41 années pour le pétrole.

Mais ne cherchez pas une telle information du côté des compagnies pétrolières, la question de l'échéance d'approvisionnement relève du Secret Défense, voire du Très Secret Défense.