Dans le but de répondre correctement à la directive européenne concernant les Véhicules Hors d'Usage (VHU), le groupe Volkswagen et CFF Recycling, la plus importante entreprise de broyage en France, ont décidé de signer un protocole d'accord afin de récupérer et recycler les véhicules en fin de vie. Mais qu'est-ce que la directive VHU ?

La directive VHU

La directive VHU, présentée par la Commission européenne en 1997, demande aux constructeurs automobiles d'avoir une démarche d'éco-concepteur, c'est-à-dire de suivre toutes les étapes de la vie du produit, en se rendant ici entièrement responsable de la reprise et du démontage des véhicules hors d'usage.

La directive européenne demande que 85% du poids du véhicule soit récupéré et recyclé depuis la fin 2005. Le pourcentage, qui concerne essentiellement les parties métalliques, doit augmenter progressivement afin de passer à 95% en 2015, c'est-à-dire que le volume laissé à la décharge passera de 15% à 5%.

La directive en France et à l'étranger

Cette directive s'applique plus ou moins bien en France, tandis qu'à l'étranger les choses s'organisent davantage. Au Royaume-Uni par exemple, les constructeurs ont pour obligation de signer des contrats avec des démolisseurs qui s'engagent à respecter les objectifs de la Commission européenne. De même aux Pays-Bas et en Espagne, les éco-organismes ARN et Sigrauto se chargent respectivement de la filière pour tous les constructeurs.

En France, on adopte un comportement nettement plus libéral, puisque la seule obligation consiste à ce que les broyeurs soient agréés ; les constructeurs ne sont pas forcés d'avoir un contrat avec ces entreprises. Le propriétaire doit juste déposer son véhicule dans une entreprise conforme. L'extraction et le recyclage des matières récupérées est censée créer des bénéfices, suffisamment en tout cas pour équilibrer la filière. Cependant, si ce n'est pas le cas, les entreprises peuvent exiger une compensation financière aux constructeurs automobiles.

L'avis de Volkswagen

Volkswagen n'approuve pas du tout ce système ; Constantin Voluntaru, conseiller à la protection de l'environnement pour le groupe Volkswagen France (Audi, Seat, Skoda, Volkswagen et Volkswagen utilitaires), déclare « nous sommes sûrs que la France n'obtiendra aucun résultat ». Selon lui, la France aura beaucoup de difficultés à faire respecter la directive, en raison d'une part de la « concurrence » des décharges sauvages, et d'autre part de l'absence de chiffres précis concernant le nombre de VHU chaque année (il y aurait chaque année entre 1,2 et 2 millions de VHU en France).

Volkswagen essaie donc de réduire les risques financiers : si on considère la perte des entreprises de broyage et de démolition s'élevant à 50 euros par véhicule, le coût pour le groupe s'élèverait entre 6 et 10 millions d'euros...

CFF Recycling et Volkswagen vont donc mettre en place une structure d'accueil pour les véhicules hors d'usage dans plusieurs départements, ce qui permettra pour VW de confirmer sa position d'éco-concepteur en termes de communication tout en anticipant les pertes financières : « nous voulons créer un modèle où l'entrée et la sortie de la filière se parlent ».

Nous verrons si cet exemple sera suivi par d'autres marques : les constructeurs et les entreprises de récupération y trouveraient certainement leur compte, et l'on pourrait peut-être trouver une solution durable en matière de recyclage.