Au Canada, le succès commercial d'une recherche débutée dans un contexte universitaire propulse aujourd'hui une 2e génération de chercheurs à l'Université de Montréal. De concert avec le Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada (CRSNG), la société Phostech Lithium a choisi d'investir dans la recherche universitaire en finançant une nouvelle chaire de recherche en stockage et conversion d'énergie à l'UdeM. L'entreprise et le CRSNG ont versé chacun un million de dollars pour la création de cette chaire.

Dirigée par le professeur Dean MacNeil, la Chaire de recherche industrielle CRSNG Phostech Lithium en stockage et conversion d'énergie a été inaugurée aujourd'hui.

Dean MacNeil, âgé de 33 ans, détient un doctorat de l'Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse et a effectué un stage postdoctoral à l'Université de Toronto. C'est au département de génie électrique et informatique de cette université qu'il a travaillé à améliorer l'efficacité de piles photovoltaïques infrarouges, en utilisant des nanocristaux colloïdaux. Il a été recruté par l'UdeM pour devenir titulaire de la Chaire de recherche industrielle CRSNG Phostech Lithium en stockage et conversion d'énergie.

Une compagnie aux racines universitaires

Phostech Lithium est une compagnie québécoise née de recherches menées à l'Université de Montréal qui produit - et qui a commercialisé - le phosphate de fer lithié (LiFePO4), un matériau utilisé dans les nouvelles générations d'accumulateurs au lithium qui se retrouvent, notamment, dans plusieurs voitures hybrides et électriques actuellement sur le marché, surtout en Europe et en Asie.

Une batterie verte pour des voitures vertes

"Les batteries actuelles, faites d'oxyde de cobalt ou encore de nickel, même si elles offrent une bonne performance, ont le défaut de s'appuyer sur des éléments chimiques rares et polluants. La technologie développée chez Phostech Lithium, le LiFePO4, élimine ces désavantages, explique Dean MacNeil. Nous parlons aussi d'une batterie vraiment plus stable et sécuritaire. De plus, elle se recharge beaucoup plus rapidement que les batteries de la génération précédente."

L'un des objectifs de la Chaire sera d'approfondir la compréhension fondamentale du phosphate de fer lithié (LiFePO4) afin de connaître les conditions sous lesquelles il est possible de produire des matériaux sécuritaires de grande capacité en utilisant la méthode la plus viable à l'échelle commerciale.

"Notre équipe de recherche étudiera aussi d'autres matériaux à base de phosphates, comme le LiMPO4 (M= Mn, Ni ou Co), pour tenter d'obtenir de plus grandes différences de potentiel que celles disponibles avec le LiFePO4, souligne le professeur MacNeil. Plus concrètement, nous espérons que nos recherches fassent en sorte que la voiture électrique devienne une option viable pour le plus grand nombre d'automobilistes dans un avenir le plus rapproché possible, qu'on passe enfin du rêve à la réalité."

Un produit écologique made in Québec

"La batterie produite avec le phosphate de fer lithié que nous fabriquons est une batterie révolutionnaire, en ce sens qu'elle est faite de matériaux abondants dans la croute terrestre, non toxiques et qu'on pourra produire à un prix peu élevé, explique Michel Gauthier, chercheur invité au Département de chimie de l'UdeM et co-fondateur et président de Phostech Lithium. Éventuellement, cette batterie pourrait rendre la voiture électrique très intéressante sur le plan de la rentabilité. L'investissement dans cette chaire de recherche nous est apparu chez Phostech comme un geste tout naturel qui nous permettra de continuer à demeurer à la fine pointe de la technologie."

Les véhicules 100 % électriques utilisant une batterie contenant le LiFePO4 de Phostech peuvent surprendre par leurs caractéristiques très... différentes. D'un côté, nous retrouvons la Microcar M.GO electric (France), légère, compacte, avec une autonomie comprise entre 80 et 140 km et rechargeable à 100 % en moins de 4 heures. Elle sera commercialisée en Europe au cours de 2009.

De l'autre, la voiture de luxe HST Shelby Cobra (États-Unis), d'une puissance de 400 chevaux et d'une autonomie de 100 à 180 km, capable de passer de 0 à 100 km/h en 3,2 secondes. Sa mise en marché doit aussi se faire au cours de l'année 2009.

Une chaire industrielle, mais libre

Bien qu'étant une chaire industrielle, toute latitude est laissée au professeur MacNeil et à son équipe d'orienter leurs recherches vers toute autre forme de stockage d'énergie autres que le phosphate de fer lithié. "Nous sommes vivement intéressés aux matériaux de conversion et comptons développer un programme lié au stockage d'hydrogène ou de piles photovoltaïques", de préciser Dean MacNeil.

Le vice-recteur à la recherche de l'Université de Montréal, Joseph Hubert, se réjouit des impacts positifs de cette alliance entre la recherche universitaire, le CRSNG et une entreprise comme Phostech qui vise à développer des produits écologiques : "En plus de contribuer à la formation de chercheurs qualifiés dans notre université, cette nouvelle chaire va permettre au Québec et au Canada de demeurer des chefs de file dans le domaine de stockage d'énergie et des solutions écologiques en matière de transport".