Alors qu’il a réalisé ses premiers essais en F1 à l’occasion des rookie tests d’Abu Dhabi, Jean-Eric Vergne ne voit là qu’une étape vers d’autres objectifs : un baquet de titulaire en F1, des victoires et le but ultime, le titre de Champion du Monde.


AUTOhebdo.fr : Jean-Eric Vergne, vous avez fait vos premiers essais F1 à Abu Dhabi, quelques mois après un premier contact au volant d’une Red Bull au Festival of Speed de Goodwood. Les sensations devaient être différentes…

Jean-Eric Vergne : A Abu Dhabi, c’était ma vraie toute première fois en F1 et je dois dire que ça m’a impressionné. C’est une voiture géniale où tout est mieux qu’ailleurs : la vitesse, la freinage, l’aéro, le grip… C’étaient deux jours de rêve. A Goodwood, c’était une « vieille » F1 de 2005. Je devais rouler sur une route étroite et bosselée, à 120 km/h maximum, c’était donc totalement différent.


Quel a été le bilan de ces deux journées d’essais d’Abu Dhabi ?

Toro Rosso était plutôt content, que ce soit au niveau du chronomètre et de la technique. C’est quand même difficile de juger en termes de chrono car nous n’avons jamais cherché à faire un temps. Nous n’étions pas là pour ça. De mon côté, il me fallait apprendre à travailler avec cette voiture ; de celui de Toro Rosso, il y avait des tests à faire en vue de la saison prochaine.


Avez-vous été frustré de ne pas pouvoir donner votre maximum et de titiller d’autres pilotes au chronomètre ?

Ca ne l’est pas vraiment. Ce qui est frustrant, c’est qu’on se dit qu’on aurait pu aller beaucoup plus vite si on avait tout mis dans l’ordre pour que la voiture soit performante, et que ça aurait pu faire meilleure impression auprès de certaines personnes. Mais le plus important, c’est ce que pensent Red Bull et Toro Rosso de ma prestation. Ils savent exactement ce qu’il s’est passé et c’est ça ce que je retiens avant tout.


Ces essais sont arrivés après une belle saison 2010, marquée tout d’abord par un titre en F3 britannique. Avez-vous eu des retours outre-Manche ?

J’ai reçu beaucoup de félicitations des teams anglais, des supporters anglais… Ca fait vraiment plaisir. Malgré le fait que ce ne soit pas un Anglais qui ait gagné en Angleterre, on se fait bien voir et on reçoit des félicitations. Je ne m’y attendais pas trop !


Vous avez ensuite roulé en Formula Renault 3.5 Series durant les trois dernières manches de la saison, avec une certaine réussite. Quel bilan tirez-vous de ces six courses ?

Ces trois week-ends de FR3.5 se sont bien déroulés. On ne s’y attendait pas trop ! Si on m’avait dit que j’allais obtenir de tels résultats (quatre podiums dont une victoire), j’aurais signé tout de suite ! D’autant qu’à Barcelone, je suis arrivé après les essais du vendredi, débutant les qualifs sans essais préalables. Je suis vraiment content du bilan de ces trois week-ends.


Vous n’êtes pas contrarié que votre première victoire en FR 3.5 Series soit le fruit d’un déclassement (d’Esteban Guerrieri) ?

C’est vrai que la victoire n’a pas le même goût. J’aurais préféré l’obtenir différemment. Mais sur le papier, c’est une victoire et c’est ce que l’on retient.


Dans cette discipline comme dans d’autres, vous bénéficiez de l’apport du Red Bull Junior Team. Voyant Red Bull et Sebastian Vettel Champions du Monde, vous devez vous dire que vous êtes sur une bonne voie…

C’est la meilleure filière. Avant même qu’ils soient Champions du Monde, je le savais. Je suis très content d’avoir travaillé avec eux via le simulateur. Leur titre est vraiment mérité.


Certains pilotes sont parfois évincés du Red Bull Junior Team du jour au lendemain. Vous êtes toujours en phase avec la politique de Red Bull, qui n’exige que d’excellents résultats ?

Complètement. Le Red Bull Junior Team est la filière de Red Bull Racing, la meilleure écurie du monde à l’heure actuelle. Les personnes qui s’occupent de ce programme espèrent de leurs pilotes qu’ils soient les meilleurs. C’est tout à fait logique. Je comprendrais que, demain, si je n’ai plus de résultat, Red Bull ne me suive plus. C’est le jeu, ils n’acceptent que les victoires. Je l’accepte sans problème car c’est le seul moyen que j’ai d’arriver en F1. Je n’ai pas de mallette avec 15 millions de dollars pour y accéder. La seule chose que je puisse faire pour y arriver, c’est de gagner des courses et des championnats.


La pression n’est-elle pas trop importante ?

La pression, je vis avec depuis que j’ai réalisé qu’il faut de l’argent pour courir dans ce milieu là. Chaque année en kart, il me fallait des résultats car mes parents n’auraient pas pu me suivre, ni les sponsors. Je vis avec et la pression n’est donc pas un problème pour moi. Le deal, c’est que si ça marche, on continue. Si ça ne marche plus, on arrête. Je me donne à 100 ">

Votre titre en F3 britannique vous permet de bénéficier d’une super licence, indispensable pour rouler en F1. Inéluctablement, la F1 se rapproche…

On se rapproche de l’objectif. Mais même quand on arrive en F1, il faut continuer à franchir des étapes. Durant toute notre carrière, il faudra en franchir. Ce n’est donc qu’une étape, elle est passée mais il reste beaucoup d’échelons derrière.


Aimeriez-vous côtoyer un peu plus le monde de la F1 l’an prochain, en vous rendant sur les Grands Prix ?

J’ai fait quand même fait quelques GP européens, en assistant aux débriefings avec eux. Mais cette année, j’étais souvent dans le simulateur lors des Grands Prix afin d’aider Red Bull. Ca ne me dérangerait pas de refaire la même chose l’an prochain. C’est un travail très intéressant que d’être au simulateur. Ca m’apprend beaucoup techniquement.


Avez-vous déjà un programme garanti en vue de la saison 2011 ?

Je vais attendre que Red Bull officialise sa position. On a eu des discussions mais rien n’est encore officiel.


Ne regrettez-vous pas de ne pas avoir de session d’essais pour jeunes pilotes durant les Grands Prix de F1 ?

Ce sera peut-être possible pour 2011, qui sait ! Toute l’expérience que je pourrais prendre en F1 sera une bonne chose. Mais j’espère aussi être bientôt sur une grille de Formule 1 en tant que titulaire.


Vous seriez alors proche de votre objectif. Aujourd’hui, quel est-il, précisément ?

Lors des essais d’Abu Dhabi, on m’a souvent demandé si j’avais réalisé mon rêve. Mon rêve n’était pas de rouler en F1, même si ça m’a fait extrêmement plaisir. Ce n’était juste qu’une étape, comme celle d’arriver en F1. Ce n’est pas un but ultime d’être sur une grille de F1. C’est d’y être pour remplir un objectif bien précis. L’objectif, c’est d’être un jour Champion du Monde de F1. Ce ne sera pas la première année, c’est une certitude. Mais, dans tous les cas, je ferai mon maximum, même si je dois rouler avec Toro Rosso, qui n’est pas forcément là pour la gagne.


Maintenant que vous pouvez entrevoir la F1, le but n’est donc plus d’y être, mais de viser le maximum ?

Je pense que c’est quelque chose qui est totalement possible avec Red Bull. Ils veulent des pilotes qui veulent gagner. Et moi je veux gagner. Je l’ai fait cette année, je veux le refaire l’année prochaine. Que ce soit sur circuit ou en simulateur, je donnerai le maximum tout le temps. C’est ce qui fera la différence.



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