Si la Maire de Paris Anne Hidalgo, a déjà décidé de son côté de bouter les véhicules polluants en dehors de sa ville "à elle", la capitale, le gouvernement ne pouvait décemment pas la laisser seule sur ce front et lui emboîte le pas à l’échelle nationale. Ainsi Ségolène Royal, et son Premier ministre Manuel Valls ont eux aussi évoqué la création, pour l’été, d’un système de vignette permettant de classer les véhicules par rapport à leurs émissions polluantes. Il se baserait sur l’année de fabrication des véhicules et donc sur la norme "Euro" qu’ils respectent (pour rappel nous en sommes à la norme Euro6).

Ces vignettes permettraient aux communes de contrôler le droit d’entrée des voitures dans les LEZ ou "Low Emission Zone" (zones à basses émissions).


Le CNPA préconise une mesure réelle des polluants pour définir la classe de pollution d’une voiture. Bien mais peut-être coûteux…

Mais selon le CNPA (Conseil national des professionnels de l’automobile), un système plus gradué, basé sur les émissions réelles des véhicules, serait plus approprié. En effet, cela permettrait de favoriser les propriétaires qui entretiennent bien leur voiture, qui demeurerait bien réglée et peu polluante, et de sanctionner ceux qui négligeraient l’entretien et laisseraient leurs véhicules se dégrader en termes de pollution.


Oui mais comment mesurer réellement les émissions de polluants ? Simple, répond le CNPA. Il suffit de renforcer le contrôle technique, et faire en sorte que l’actuel contrôle des émissions ne se limite pas au CO2 et à l’opacité des fumées. Et de rendre ce contrôle pollution obligatoire annuellement à partir du 7e anniversaire.

Pas de précision toutefois sur le nombre de polluants testés, ni sur le surcoût que cela engendrerait pour le consommateur. Car les centres de contrôle technique répercuteraient forcément le coût des investissements nécessaires au niveau des appareils de contrôle, dans le cas où cela serait inclus dans le CT habituel, et cre serait bien pire en cas d’annualisation.


Selon le CNPA, cette mesure est au contraire "favorable au pouvoir d’achat du consommateur car elle encourage l’entretien préventif des véhicules et entraîne une baisse notable de leur consommation de carburant." Une vision qui se défend, certes. Mais faire "régler" (entre guillemets car on ne "règle" plus un véhicule depuis belle lurette, à la rigueur on change des sondes) son moteur a un coût, qui ne sera jamais récupéré en baisse de consommation. Par exemple une baisse de 0,5 litre aux 100 km de diesel représente pour un automobiliste qui parcourt 15 000 km par an une économie de 90 €, qui sera "mangée" par le prix du contrôle et le prix du passage au garage. Et pour aller plus loin, on peut même dire que technologiquement, gagner 0,5 litre de consommation sur un véhicule de 7 ans aujourd’hui, en procédant à des "entretiens préventifs" moteur, c’est espérer beaucoup. On gagne plus en gonflant bien ses pneus et en coupant la clim, pour schématiser.


Bref, l’idée de départ est bonne, baser la vignette sur les émissions réelles est en effet d’une logique implacable. Mais dire que cela sera favorable au consommateur en termes de coût, c’est aller trop vite en besogne selon nous. Ce pourrait surtout enrichir contrôleurs techniques et garagistes, qui sont, bien sûr, parmi les principaux adhérents du CNPA. Ou comment réunir intérêt écologique et intérêts de sa branche professionnelle. Malin.