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Carlos Ghosn : l’enquête-choc

Un livre-enquête étayé par des faits, chiffres et témoignages dresse un bilan pour le moins sévère de l’action de l’ancien PDG de l’Alliance Renault Nissan.

Carlos Ghosn : l’enquête-choc

C’est un réquisitoire à charge, mais qui se base sur des témoignages et des éléments chiffrés. C’est une enquête journalistique, mais aussi une analyse implacable de l’action d’un grand patron qui se considérait comme l’égal d’un chef d’Etat, et s’est avant tout comporté comme le naufrageur de l’empire industriel dont il avait la charge, avant de terminer comme « squatteur » d’une villa appartenant à son ancien employeur.

En 200 pages intenses, notre confrère Benjamin Cuq dresse un sombre bilan des quinze années passées par Carlos Ghosn à la tête de l’Alliance Renault Nissan. Quinze années durant lesquelles un homme aussi brillant que cupide aura manqué de vista sur l’essor des SUV, totalement sous-estimé la technologie hybride, raté le virage du low-cost chez Nissan, quasiment anéanti le « made in France » chez Renault, acquis 25% du russe AvtoVAZ (Lada) pour un montant en réalité équivalent à celui de la valorisation totale réelle du constructeur, ou bien encore divisé par dix la valorisation boursière de son groupe (liste non exhaustive).

Obnubilé par l’accession au rang de plus gros producteur automobile mondial, il aura de plus constitué un groupe disparate, sans grande cohérence ni réelle unité, et aux bien trop rares synergies industrielles. On citera en exemple le cas des Renault Zoé et Nissan Leaf, voitures électriques si dissemblables technologiquement alors même que le bon sens aurait voulu que les constructeurs travaillent de concert .

Management par la peur

Humainement parlant, le bilan n’est guère plus flatteur comme l’illustrent ces fausses affaires d’espionnage interne, un management par la peur parfaitement assumé et, il faut bien le constater, la cupidité avérée d’un homme obsédé par la réduction des coûts…sauf, bien sûr, pour lui-même (et quelques proches).

Le lecteur en ressort édifié, notamment par la faiblesse d’un Etat-actionnaire souvent complice de fait de fait des errements de l’ère Ghosn, comme par exemple quand Lionel Jospin et Laurent Fabius ont accepté la délocalisation du siège d’une grande entreprise française aux Pays-Bas, où la fiscalité est plus clémente. En agissant ainsi, l’Etat perdait en milliards de recettes fiscales ce qu’il récupérait en dividendes (pas très socialiste, tout ça).

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Paradoxalement, le seul à défendre le made in France face à Ghosn sera Nicolas Sarkozy, tandis qu’Emmanuel Macron déclarera, en décembre 2018 alors que la crise des gilets jaunes battait son plein, que « le dirigeant d’une entreprise française doit payer ses impôts en France et les grandes entreprises qui y font des profits doivent y payer l’impôt, c’est la simple justice. »

Abandonné de tous

Dans ces conditions, on comprend aussi mieux le « lâchage » généralisé dont aura aussi pâti Carlos Ghosn depuis son arrestation au Japon le 19 novembre 2018. Trop dominateur, trop sûr de lui, trop méprisant, l’homme aura aussi payé le fait de ne pas faire partie du sérail de la grande industrie française (bien que polytechnicien, et l’un des meilleurs de sa promotion): « Je n’ai pas fait l’ENA, je n’ai pas les connexions habituelles du patronat français, je n’appartiens pas à l’establishment. Le microcosme ne me considérait pas à juste titre comme faisant partie des siens », déclarait-il au Parisien en juillet dernier.

Un microcosme qui aujourd’hui se pince le nez quand on évoque le grand patron déchu, lequel publie au même moment son propre livre où il donne sa version des faits (2), lequel sera suivi dans quelques mois d’un documentaire. Le feuilleton Ghosn est donc loin d’être terminé.

 

 

Carlos Ghosn : l’enquête-choc

Trois questions à Benjamin Cuq, journaliste et auteur de

« Carlos Ghosn – Autopsie d’un désastre » (1)

       

      « Les mangas à la gloire de Ghosn, c’étaient des commandes ! »

Vous dressez un portrait sans concession de Carlos Ghosn, mais celui-ci apparaît aussi comme un personnage de roman. Vous l’avez perçu ainsi au fil de votre enquête ?

Oui, il y a beaucoup d’éléments romanesques dans ce personnage, jusqu’à son évasion rocambolesque. Dans une récente interview, il a tout de même dit qu’il n’était pas Monte-Cristo et j’ajouterais pour ma part qu’il n’est pas Dreyfus non plus. Il fait aujourd’hui sa pleureuse et c’est indécent.

Les fameux mangas à sa gloire, c’est bidon ?

Oui, il a bel et bien écrit sa vie, jusqu’à ces mangas à sa gloire dont on nous rebat les oreilles depuis des années et dont j’ai découvert qu’il s’agit en fait de commandes réalisées par Nissan. Ils sont d’ailleurs aujourd’hui quasi-introuvables. C’est un outil de communication, tout simplement. Ce qui est dingue, c’est que tous les plus grands médias ont relayé cette information, sans vérifier ce qu’elle recouvrait en réalité.

Dont moi-même, je dois avoir l'honnêteté de le reconnaître... Vous dites que Ghosn ne nourrissait pas d’attachement à Renault ?

Pour le cas de Renault, j’explique dans le livre qu’il voulait réduire le Losange à une sorte de « marque blanche », totalement diluée dans son grand groupe ultra-mondialisé. De plus, il détestait ce concept d’Etat-actionnaire. Il préférait le Japon, où il était mieux payé et où il faisait à peu près ce qu’il voulait. Il s’est juste goinfré alors que Renault est une marque qui s’inscrit dans l’Histoire, ce dont il se moquait. Tout Français a un souvenir lié à une de ces voitures. Renault, c’est la Tour Eiffel !

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