2. Essai Harley Davidson Street 750 : Esprit US es-tu là ?

Lors de cette présentation Harley, une chose est sure, le staff français sait communiquer sur cette machine. Esthétiquement dérivée de la XLCR 1000 de 1977, et équipant le non moins célèbre Captain America dans le dernier opus du soldat de l'hiver, y'a pas à dire, sur le papier ça semble "claquer".

A 10 mètres de la moto, ça claque toujours, on est clairement dans la tendance "Dark custom" la machine se dévoilant dans ce noir mat des plus classes, son tête de fourche tout en galbe, et une ligne propre à elle, qui ne ressemble finalement en rien aux classiques sporster ou autre Dyna de la marque. Proportionnée, étroite, elle affiche une identité de petite moto attachante.

Sauf qu'à un mètre de la moto, les perceptions changent quelque peu.

Soudures de trappeur manchot, fils et gaines se disputent la palme de l'ostentatoire et du visible. Tant en dessous de la selle, qu'autour de la colonne de direction. Pour une marque de cette réputation, tout simplement inadmissible, même au prix proposé.

Niveau motorisation, la Street affiche un 749 cm3 "Révolution X", V-twin à 60°, à refroidissement liquide comme sa lointaine cousine Miss V-Rod. Ce Revolution se veut selon les dires de ses géniteurs, facile à utiliser, et accessible pour la clientèle visée. En clair, les femmes, les nouveaux permis, les jeunes, les indiens, les urbains jeune et moins jeunes, c'est à dire ratisser le plus large possible...

Et c'est là que le bas blesse pour le puriste. On y a perdu l'identité qui fait l'essence même de la marque. Pour preuve, à la mise en route du 749cm", la sonorité du V twin passe quasi inaperçu. Oubliés les tambours et trompettes d'un 103 cubic inch, là, on passe dans le monde de l'édulcoré.

A l'inverse, avec ses 709 mm de hauteur de selle et ses 222 kg sur la balance (37 kg de moins qu'une 883), la moto vous met immédiatement à l'aise, en se montront saine et facile dans la mise en mouvement et ce, même à basse vitesse. Qui plus est, l'ergonomie générale est agréable. Le large guidon et les repose pieds favorisent une position naturelle et confortable.

Si j'ai été particulièrement sévère sur certains détails de finition, et la perte d'identité de cette machine, plus proche d'une japonaise que d'une fille de Milwaukee, le petit 750 cm3 fait ce qu'il peut pour distiller les sensations attendues. Et même s'il reste d'une "triste" discrétion sonore, il ne ménage pas ses efforts et ses 57 ch annoncés à 7500 tr/min. Alors certes, il nécessitera d'être quelque peu cravaché pour tenir le rythme, mais épaulé par une excellente boite de vitesses à 6 vitesses, il ne sera finalement limité que par un débattement restreint et une partie cycle qui devient moins rigoureuse passé les 120 km/h.

Cette partie cycle se révèle justement confortable, avec une fourche très (trop) souple et une selle dont le moelleux s'est fait apprécier même lors de cette courte prise de contact. Le tête de fourche protège correctement jusqu'à 110 km/h. C'est donc finalement l'homogénéité de l'ensemble qui vous fera quelque peu rendre la main en mode rapide. En effet, une légère sensation de louvoiement se fait ressentir vers les 120 km/h, mais surtout une poignée de frein au feeling bien trop spongieux vous obligent à garder la marge nécessaire en cas de gros freinage.

Et puis surtout, la garde au sol de la moto est faible et mal agencé. Sur d'autres machines comme une Triumph Thunderbird ou sur les autres motos de la marque, les cales pieds vous avertissent allègrement que vous flirtez avec les limites de la moto. Ici c'est une grosse vis d'attache de l'échappement à droite, et un téton de la béquille latérale pour le coté gauche qui vous disent "Ici et pas plus loin". C'est à dire que concrètement aucune marge de manœuvre en cas d'optimisme n'est autorisée, sauf à relever la moto pour élargir le virage, à défaut c'est le risque de soulever ladite moto sur lesdites excroissances. Pas cool. On aurait vraiment préféré des tétons de repose pieds.... plus flexibles en cas de touchette et plus souple dans l'avertissement....

Bon maintenant ce n'est pas une hyper sport et je lui ai peut être demandé un peu trop de ce côté là. Plus objectivement, dans le cadre d'une conduite souple et tranquillisée, la machine se révèle homogène et agréable sans effet de lourdeur. Sensations à confirmer toutefois lors d'un essai en ville.

Et on y revient inexorablement c'est finalement sur certains détails, qu'on se fâche. Pour une moto destinée principalement aux jeunes arrivants, aux femmes, on note que le levier d'embrayage n'est pas réglable et que la poignée demande finalement d'écarter la main pour être efficacement saisie. Avis aux petites mains....

Le freinage a une course au levier bien trop importante. Que ce soit au levier ou à la pédale, et il vous faudra appuyer comme une brute pour avoir le début de commencement de sensations de pincement des disques avant et arrière. Flou et approximatif. D'autant que l'ABS ne figure pas au rang des dispositifs disponibles de série. Encore une fois, on n'est pas en présence d'une sportive, mais cette Street 750 aurait malgré tout mérité mieux niveau feeling.

Les rétros offrent une vision 1/3 les épaules, 2/3 la route. L'instrumentation est absolument basique. Économies obligent.

Les conditions de l'essai ne nous ont pas permis de vérifier la consommation du 749 cm3 annoncée à 5.5L/100.