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Fête de l’autoroute : défaite de l’autoroute ?

Dans Economie / Politique / Politique

Michel Holtz

Ce dimanche s'est déroulée la première fête de l'autoroute. Après la fête des pères, des mères, des voisins et des secrétaires, est donc née celle de l'asphalte. Durant toute la journée, 15 portions de quatre voies à travers la France ont été réservées aux piétons. Ces derniers préfèrent-ils réellement  se promener sur le bitume des périphéries et des rases campagnes plutôt que sur des chemins bucoliques ? Difficile de le savoir puisque la fête a été quelque peu gâchée par une météo détestable. Un mauvais temps qui aura un seul mérite : servir d'alibi pour justifier le flop prévisible d'une idée improbable.

Fête de l’autoroute : défaite de l’autoroute ?

Quand ça veut pas, ça veut pas. Ridiculisée, moquée, et raillée toute la semaine, la première fête de l’autoroute était mal partie. Et elle s’est retrouvée plutôt mal en point à l’arrivée. C’était hier toute la journée et dans toute la France qu’à l’initiative de l’ASFA (Association des Sociétés Françaises d’Autoroutes), 15 tronçons, d’une longueur totale de 50 kilomètres ont été fermés à la circulation et rendus aux piétons, aux cavaliers, aux skaters, aux cyclistes ou aux échassiers, en somme à tout ce qui marche et roule et qui n’a pas le droit d’emprunter une quatre voies d’ordinaire. Mais non seulement les cieux semblent détester les péages en envoyant un fourbe crachin noyer l’opération dans tout le pays, mais en plus, les pandores de Sisteron ne l’on pas entendu de cette oreille non plus. Au péage de la Saulce, ils ont tout simplement empêché les cyclistes de s’engager sur l’A51, pourtant fermée, sous prétexte qu’elle est interdite aux engins non motorisés, code de la route et zèle des forces de l’ordre oblige. Du côté de Reims, la cérémonie a été gâchée par le méchant rhume qui a cloué le musicien Sinclair au lit, alors qu’il devait donner un concert au beau milieu de l’A4. La grande fête a donc été quelque peu gâchée par endroits, et désertée dans de nombreux autres, sous des averses, certes printanières, mais non dénuées d’humidité.

La fête de l’aquaplanning

Pour autant, pas question de tirer sur l’ambulance. Et pas question de s’en tenir à des prémonitions pessimistes, des incidents sporadiques et une météo bretonne. Alors direction la vérification : le bitume d’une quinzaine de kilomètres de l’A85, tout près d’Azay-Le-Rideau en Indre Et Loire.

Fête de l’autoroute : défaite de l’autoroute ?

Impossible de louper la fête de l’autoroute quand on l’emprunte : celui qui ne veut pas s’y rendre est prié de dégager, et d’emprunter la déviation. Ce que font à peu près tous les automobilistes. Mais on persiste. Après deux kilomètres de quatre voies désertes, quelques voitures sont garées. On en fait autant et on descend. Comme une petite famille sous son parapluie. Papa, maman et deux enfants. Des fêtards de l’autoroute ? « Non, non, ma femme et moi, on bosse chez Vinci (la société gestionnaire de l’A85, ndlr) On vient soutenir les collègues. » Des collègues transis sous la pluie qui nous indiquent le petit train censé déposer les visiteurs au pieds des attractions. 2 km de cet équipage sur une quatre voies déserte et détrempée plus tard, surgit au milieu de nulle part un cirque, un vrai, avec son chapiteau rouge et ses gradins vides. Le monsieur loyal - dresseur – clown – acrobate hausse les épaules : « on attend le public pour démarrer le spectacle ». Pas nous. Car au bout du bout du ruban, après des dizaines d’énormes structures gonflables désertes, se dresse une montgolfière.

Fête de l’autoroute : défaite de l’autoroute ?

Dans la nacelle, une vraie famille, venue tout exprès pour la fête, est trempée mais ravie. « On fait déjà trois montées. S’il avait fait beau, on aura du attendre une demi-heure pour un seul tour. » Le ballon s’élève à 25 mètres, attaché à sa corde et redescend. Le maitre montgolfier prend un air désespéré. « S’il pleut plus fort, on arrête ». On s’éloigne en se demandant s’il est dieu possible qu’il pleuve plus fort encore. Dans le petit train du retour, en plein aquaplaning autoroutier, on retrouve la famille trempée ravie. Ils se demandent qui a organisé tout ce barnum. « C’est les sociétés d’autoroutes ? Et moi qui croyais que c’était gratuit. En fait, on a payé tout ça depuis des années, à chaque péage.»

C’est green, c’est tendance, c’est top

Évidemment, s’il avait fait beau en Touraine, si Sinclair avait été en forme et si les gendarmes de Sisteron étaient plus conciliants, l’histoire en eut peut-être été changée. Pour autant, cette fête de l’autoroute est-elle vraiment l’idée du siècle ? On imagine fort bien la réunion qui s’est tenue au siège de l’ASFA il y a quelques mois.

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- Bon, les gars, on a augmenté les péages comme chaque année. Faut qu’on trouve un truc pour que les gens nous aiment quand même.

- Moi je sais : on organise une grande fête gratuite, ou les gens peuvent marcher sur les autoroutes. Une sorte de Paris – Plage, avec des vélos, des poussettes, des rollers et des animations. C’est écolo, c’est green, c’est tendance, c’est top.

- Excellent, Durand. J’aime les collaborateurs en prise directe avec leur époque. Au sujet de vos bonus, vous viendrez me voir.

Mais Durand et son patron ont surtout mis les doigts dans la prise, plutôt que dans leur époque, en imaginant que les gens seraient ravis de se promener un dimanche après-midi, en rase campagne ou en périphérie d’une ville, sur le bitume d’une autoroute. En se disant qu’on y est tellement bien. Tellement mieux que dans un sous bois, une clairière, un jardin, ou sur une terrasse de café. Ce qui n’empêchera ni Durand, ni son patron d’incriminer la météo à l’heure du mauvais bilan de cette première fête de l’autoroute.

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