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Fusion : Renault peut-il tomber dans un piège tendu par Fiat ?

Dans Economie / Politique / Industrie

Florent Ferrière

D'un côté, on a un groupe Renault en forme et sur de bons rails. De l'autre, on a un groupe FCA qui cumule les problèmes : marques en mauvaise forme voire malades, gros retards sur l'électrification… Le français semble avoir beaucoup à perdre dans ce projet de fusion alors que Fiat a tout à y gagner.

Fusion : Renault peut-il tomber dans un piège tendu par Fiat ?

Une surprise. Alors que Fiat semblait se rapprocher de PSA, c'est finalement avec Renault qu'un rapprochement est envisagé. FCA souhaite fusionner avec le groupe français. Officiellement, c'est un projet, voire une proposition. Il n'y a qu'à voir la communication officielle du Losange, qui a écrit dans un communiqué qu'il va étudier « avec intérêt l'opportunité d'un tel rapprochement ». Évidemment, en coulisse, le dossier est plus avancé que cela, Jean Dominique Senard, président de Renault, ayant la semaine dernière rencontré des représentants de l'État pour vendre le projet d'un Airbus automobile.

Rien n'est encore fait cependant. Une longue période de négociations s'ouvre, entre FCA et Renault bien sûr, mais aussi avec Nissan, les gouvernements français et italiens, les actionnaires… Mike Manley, qui dirige FCA, a évoqué un délai d'un an pour mettre en place la fusion. Si l'idée a de nombreux avantages, elle comporte aussi son lot d'inconvénients et de risques. Et dans l'histoire, celui qui a le plus à perdre peut bien être Renault.

Comme le français le rappelle habilement dans ses communiqués de presse publiés en début de semaine, la proposition de fusion vient de FCA. Toute l'industrie automobile le sait : le groupe italo-américain cherche désespérément un partenaire depuis des années, c'est plus qu'une envie, c'est une nécessité. FCA a besoin d'aide pour pallier ses plus grosses carences, à commencer par son retard en matière de véhicules électrifiés. Clairement, pour lui, c'est devenu une question de survie, sinon des marques sont menacées de disparition ou de revente. Lancia en a déjà fait les frais.

Perte de pouvoir

Partant de ce constat, Renault semble forcément en position de force pour la négociation. La partie française est logiquement mieux placée, d'autant qu'elle n'a de son côté pas tant besoin de Fiat. Toutefois, Fiat peut mettre en avant le fait qu'il pèse plus lourd. FCA a en effet une plus grosse capitalisation boursière et vend davantage.

Une situation qui pourrait donc l'amener à dicter ses règles même si c'est un projet de fusion à 50/50. Renault pourrait ainsi perdre de l'influence dans ce nouvel ensemble. D'ailleurs, cette crainte est renforcée par le futur actionnariat. Si le poids Fiat/Renault sera égal, le plus gros actionnaire se trouvera du côté de l'Italie, avec le groupe Exor, la holding de la famille Agnelli, qui détient 29 % de FCA, et devrait donc avoir 14,5 % du nouvel ensemble. Il pourrait être renforcé par une prise de participation de l'État italien. En face, le plus gros actionnaire français est l'État, mais sa part passerait de 15 à 7,5 % !

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Autre élément à prendre en compte : si le Losange est plus petit, il est en forme. Ses ventes battent des records d'année en année, tout comme son chiffre d'affaires. Surtout, il a une stratégie pour les années à venir bien en place, et qui fonctionne. Renault, Dacia, Alpine ou encore Lada : toutes les marques se portent bien. Le groupe est en bonne voie en matière d'internationalisation, qu'il va améliorer encore grâce à des lancements clés. Le programme d'électrification est en bonne voie, avec de l'hybride simple, de l'hybride rechargeable et de l'électrique.

Des handicaps que Renault n'a pas

Bref, s'il y a bien des défauts (notamment des ratés dans le haut de gamme, des difficultés en Chine et en Inde), le groupe Renault va bien. En face, c'est une autre histoire. FCA est clairement moribond. Le groupe est porté par Jeep et Ram. Mais pour le reste, cela va du moyen au très mauvais. Fiat est devenu dépendant de la 500 en Europe, Alfa Romeo rate ses relances, Maserati est en panne de nouveautés, Chrysler approche du coma.

La mariée ne fait pas rêver et ne rassure pas car aucun des plans stratégiques proposés depuis dix ans n'a été suivi correctement. Et ce manque de rigueur a fait prendre à FCA un retard technologique considérable, que ce soit en équipements ou en motorisations électrifiées. Le groupe a ainsi un handicap qui fait très peur : une situation catastrophique en matière de CO2. Or, en 2021, les mauvais élèves seront sanctionnés en Europe avec de grosses amendes à la clé. Pour l'éviter, Fiat a déjà prévu de payer Tesla pour lui acheter des crédits CO2, à prix d'or.

Si FCA apporte dans sa besace des atouts, comme Jeep, il vient surtout avec de gros handicaps que Renault n'a pas. Fiat est-il donc un sacré opportuniste en voulant partager ses soucis tout en profitant des atouts du Losange ? FCA espère-t-il partager ses amendes européennes tout en profitant des technologies déjà conçues et payées par Renault ?

Aveuglé par les opportunités de synergies, le groupe français pourrait avoir à assumer et à régler des problèmes qui n'étaient pas les siens, ce qui pourrait nuire à ses finances et sa santé. Et contrairement à un PSA qui a relancé Opel en dictant sa feuille de route car il en est devenu le propriétaire, Renault n'aurait pas les mains libres pour agir sur FCA si c'est une fusion à 50/50. Il suffit de voir ce que sont devenus Chrysler et Dodge depuis que Fiat a fusionné avec il y a une dizaine d'années pour être refroidi.

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