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Les 24 h du Mans vu de l'intérieur

Dans Moto / Sport

Vincent Demeslay

Les 24 h du Mans vu de l'intérieur

Les 24 H, tout le monde connaît. Ou alors c'est que vous vivez dans une grotte. Des motos à gogo, des campings remplis de gens plus ou moins curieux, une ambiance de folie, du spectacle à tout moment bref, tout est réuni pendant un WE pour que la fête soit folle. Mais il reste une partie cachée que peu de gens connaissent : la voie des stands et l'intérieur des paddocks. Alors bien sur, les spectateurs peuvent accéder le temps de l'ouverture au public à l'antre de la course, les reportages télés sont souvent l'occasion de voir ce qui se passe à l'intérieur mais le voir en vrai n'est pas donné à tout le monde.


J'ai eu la chance de pouvoir accéder le temps d'une journée à l'intérieur des paddocks. Là où tous les pilotes circulent librement, là où les sponsors viennent voir leur s écuries, là où les manufacturiers montent les pneus, là où s'élaborent les stratégies bref, là où tout se joue. Cette chance, je l'ai eu grâce au team 18 que je remercie déjà une première fois. J'ai contacté Olivier Guionet, celui par qui tous les sponsors passent, pour savoir s'il était possible de passer une journée avec eux pendant les 24 H. Et bien pour mon plus grand bonheur, cette rencontre a été possible le vendredi, jour de la 2e séance qualificative. Récit d'une journée mémorable.


Les 24 h du Mans vu de l'intérieur


Tout commence le vendredi matin à 10h30 lorsque l'on pénètre, mon amie et moi, à l'intérieur du circuit. Un coup de fil à Olivier et nous voici réunis à l'entrée des paddocks là où personne ne peut entrer à part les possesseurs de badges. Une fois le sésame en poche, nous passons sans aucune difficulté les barrières gardées par des grands costauds. 3 minutes plus tard, nous entrons dans le stand n°41 : celui du team 18 et sa GSX-R 1000 N° 18. L'ambiance est encore calme mais va vite changer puisque la séance d'essais qualif débute dans 5 minutes.

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La première personne que je croise n'est autre que Guillaume Pialoux, un des trois pilotes de l'équipe. Déjà dans sa tenue de combat, il est détendu et la discution s'engage. Pompier à Grenoble, il a rejoint l'équipe en 2004. En plus de l'endurance, Guillaume court en championnat de France Supersport au guidon d'une 675 daytona ceci afin de rouler et de progresser. Le temps de parler de tout ça et la séance débute. C'est Stéphane Molliner qui part le premier pour une série de 30 minutes. Stépahne est le plus ancien des pilotes et sûrement le plus expérimenté. Arrivé au sein du team en 2002, il a été 3 fois champion de France protwin et court cette année en Superbike français au guidon d'une 1098.


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Pendant ce temps, le reste de l'équipe est détendu. Certain s des mécanos présents dans le stand discutent entre eux, d'autres consultent le panneau où s'affiche les temps de chaque pilote. Les chronos descendent et les commentaires vont bon train mais comme dirait un certain Numérobis : « c'est un p'tit peu trop beaucoup calme, j'aime pas trop ça ».


Et de fait. Tout d'un coup, je vois un monsieur arriver en courant dans le stand casque sur la tête. Il s'agit de Yannick, le team-manager et fin stratège de l'équipe. Il annonce tout fort que Stéphane va rentrer afin de monter un pneu de qualif pour les dernières minutes de la séances et essayer de faire « péter une pendule ». Ce dernier ne supporte que 3 ou 4 tours de pistes mais donne la possibilité de descendre les chronos d'une bonne seconde. Le spécialiste en pneu approche la couverture chauffante encore pleine de bonne gomme tendre, les outils sont en place dans une petite caisse bien repérée. La couverture ne sera enlevée que lorsque la moto entrera dans la pit-lane.


Et là tout s'accélère. 30 secondes après, la moto arrive devant le stand. Le pilote coupe le moteur, 1 mécano place la béquille pendant qu'un autre démonte l'axe de roue. Un 3e enlève la roue et replace la nouvelle déjà chaude. On resserre l'axe, la moto redescend de sa béquille et repart aussi sec. La manip n'a pris que 15 secondes. Ceci grâce au système de changement rapide de roue arrière qui est autorisé dans la catégorie Superproduction où s'engage la Suzuki rouge.


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A partir de maintenant, on sent que l'équipe est un peu plus tendue. C'est qu'il faut espérer que le tour soit clair. Un tour pour bien chauffer la gomme, et le tour suivant est celui où tout se joue. Il ne faut donc pas arriver derrière un autre concurrent qui serait moins rapide ou en phase de décélération. Tout le monde regarde attentivement l‘écran de contrôle et attend avec impatience le moment où Stéphane va franchir la ligne de chronométrage. Même moi je sens que la pression est palpable et mon impatience est la même que le reste de l'équipe. J'imagine le rythme cardiaque de mes hôtes : boum boum boum à toute vitesse.


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Top, 1'43''008, une grosse demi seconde de gagner. Tout le monde est heureux et applaudit la performance en espérant que Stéphane puisse faire un autre tour. Mais ce ne sera pas le cas car le temps impartit est déjà terminé. Pas grave, il reste 2 autres pilotes afin de faire aussi bien voir mieux et gagner quelques positions sur la grille par rapport à la veille. Ca y est, Stéphane vient d'arriver. On le félicite pour la performance, on le questionne sur ces impressions. « Arf, c'est dommage que je n'ai pas pu faire un deuxième tour. Avec ce pneu, on a pas le temps de s'habituer aux réactions de la moto, elle est vraiment différente. Faudrait des pneus qualif « 5 tours » pour être bien ».


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Pendant ce temps, les mécaniciens ont 10 minutes pour préparer la moto pour Guillaume qui est le 2e pilote. Changement des pneus, changement du réservoir d'essence, contrôle rapide de tous les organes de la moto et la voilà prête pour une 2e tournée.


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C'est à ce moment là que nous partons faire un petit tour de circuit afin de voir les pilotes arriver à fond de cale au freinage du chemin au bœuf. Le freinage est impressionnant, les motos bougent de l'arrière pour certaines ce qui nous donne des sueurs froides. Celui qui pense rouler vite devrait venir voir à quoi ça ressemble, on en devient beaucoup plus humble. Le temps d'arriver sur le bord de la piste, c'est la 3e série de pilotes qui tente d'améliorer leur chrono de la veille. Nous en profitons pour faire quelques photos.


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Puis nous faisons en sorte de retourner dans le paddock du team 18 pour venir receuillir les impressions et l'ambiance dans le stand à la fin de la seconde séance de qualification.. Le pilote (David Brière toute nouvelle recrue en l'occurrence) n'est pas encore revenu quand nous arrivons mais tout le monde l'attend avec impatience. Et puis, c'est le retour : la moto s'immobilise et tout le monde applaudit à chaudes mains. Les trois pilotes ont tourné dans des temps similaires. Toue l'équipe imagine déjà avoir gagné 4 ou 5 places sur la grille grâce aux bons chronos du jour. Finalement, le team 18 s'élancera de la 20e place (ils étaient 22 e le jeudi soir). Une fois la joie retombée, il est temps de fermer le rideau métallique afin d'aller se restaurer et préparer l'après-midi.


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Le stand est maintenant vide. Tout de rouge vêtu, il est organisé tel un stand de professionnel. Les 2 motos prêtes à partir avec de part et d'autre, divers outils et matériel soigneusement rangés dans des boîtes. Une pour le changement de roue arrière, une pour l'avant etc... Derrière, on trouve les 3 servantes d'outils où tout est à sa place. Sur la gauche, les pneus sont sous leurs couvertures près à être montés. Dans le fond complètement, c'est là que l'on a le retour des temps et les différentes infos permettant de préparer la stratégie.


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Derrière le mur qui sépare le stand en 2, les pilotes ont un espace pour se changer et se préparer. La suite de la visite continue par le camion que les pompiers viennent d'acquérir : un semi atelier et couchage comme les team pro. Cela donne une fière allure à l'ensemble. Pour finir, le team 18 avait un « hospitality » afin d'accueillir les sponsors mais surtout de faire vivre tous les membres de l'équipe pendant une semaine.


Les qualifs ont pris fin à 12h30. Toute l'équipe se retrouve autour d'un verre bien mérité. Nous les laissons donc en paix. C'est aussi un moment privilégié pour accueillir quelques personnalités afin de faire découvrir la structure en vue de trouver de nouveaux sponsors.


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Pendant ce temps, nous en profitons pour faire un petit tour dans le village. Les magasins sont en cours d'installation : casquette, gants, cuir, casque, maquette, tout y est. Même des couteaux. Cela m'a fait sortir de mes gons. Alors que les coffres sont systématiquement ouverts (2 fois même pour ma part) pour vérifier que l'on amène pas du matériel dangereux, ce qui est très bien, on permet à des boutiques de vendre des couteaux à l'intérieur même du circuit. J'espère au moins qu'il n'en a pas vendu beaucoup. Par contre, personne n'avait eu l'idée de vendre de la crème solaire. Celui-là aurait explosé son chiffre tellement le soleil était présent. Promis, l'année prochaine, je fais un stock de crème protectrice en espérant qu'il fasse beau.


Les jeux de foire sont aussi en place pour les quelques déjantés voulant s'envoyer en l'air. Un bon paquet de « coup de poing » sont installés pour ceux qui voudrait savoir « ki ké le plus fort ». En somme, tout est près pour recevoir les quelques 90.000 spectateurs présents ce WE.


Mais l'objectif principal du jour est de découvrir le fonctionnement d'une équipe de course. Nous retournons donc vers les paddocks afin d'y retrouver l'équipe. Tout le monde a pu reprendre des forces avant de préparer la course du lendemain. Alors que les pilotes et le team-manager préparent la stratégie de course, les mécaniciens vont bichonner la moto qui s'élencera demain à 15 h. Les autres vont prendre en charge l'organisation du moment o^les spectateurs vont visiter les stands. Pour ma part, j'ai passé la majeure partie de l'après-midi au côté des mécanos.


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Et là, rien n'est laissé au hasard. Tout est démonté, contrôlé afin que rien ne pose problème pendant la course. Les 2 mécaniciens du team iront même jusqu'à démonter l'embrayage pour fixer une petite vis au frein filet. « Celle-ci à la fâcheuse tendance à se desserrer. Pour ne pas avoir de problème, autant la fixer aujourd'hui que l'on a le temps » m'explique un des 2 mécano. Le kit chaîne est changé également par sécurité. Et là, petit souci. Les roulements du système de démontage rapide de la roue arrière ont pris un peu de jeu. Réflexions, essais, discutions. Finalement, le système sera remplacé par un autre avec 2 roulements tout neufs afin de ne prendre aucun risque.


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Pendant, ce temps, je fais la connaissance de Sylvain. Il possède une formation à l'école de la performance et son stage en 2005 au sein de l'équipe lui ouvre les porte de personne indispensable C'est lui qui s'occupe de toute la déco de la moto. Récupération des carénages, mise en peinture, perçage, et colle des autocollants. Il ne faut pas moins d'une semaine pour tout récupérer et préparer les différents éléments de décoration. C'est également Sylvain qui s'occupe des branchements électriques.


Pendant tout ce temps, la bonne ambiance règne entre les différents membres de l'équipe. Les petites attaques fusent à droite et à gauche. Guy et David qui jouent un rôle clé dans la préparation sont pourtant très détendus et n'hésite nt pas une seconde à répondre à mes nombreuses questions portant autant sur la mécanique que sur leur expérience perso. Tous 2 préparent les motos du team dans leur atelier de Limoges. Il faut compter 8 semaines pour préparer les 2 motos. Ces nouvelles GSXR sont très ressemblantes à celle de l'année passée mais il a fallu refaire beaucoup de pièces m'explique Guy.


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17 H arrive comme les premiers spectateurs. En effet, il est l'heure pour le public d'envahir la pit lane afin de faire la connaissance des pilotes, mais aussi de faire signer quelques autographes. Tous les pilotes participent à cette grande fête. Pour le team 18, c'est l'occasion de vendre quelques produits dérivés qui participent grandement au financement de la structure. Casquette, tee-shirt, sweet sont au catalogue. A noter aussi que seuls les pilotes du team 18 ont signé sont resté au contact du public pendant toute la durée de l'ouverture des stands soit pas moins de 3 H.


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Dès la fin de la séance, toute l'équipe range rapidement le stand. J'en profite pour demander à Olivier comment s'est passée la journée. Il m'avoue que "Sportivement, le vendredi n'est pas le plus chargé puisqu'il n'y a qu'une séance de qualif. La journée la plus dure, c'est le jeudi avec une séance d'essai libre, une séance qualif et une séance de nuit. Le vendredi reste chargé puisque c'est là que nous accueillons les partenaires et que nous préparons la venue des sponsors pour la course. Mais c'est vrai que les 24 H du Mans à partir du mercredi, il y a peu de journée calme. Et encore, nous n'avons pas eu de chute ce qui évite du travail pour la structure mécanique et l'expérience acquise au fil des années fait que nous avons peu de surprise".


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Il faut savoir que le budget pour une course comme les 24 h est très important. L'essence (1500 € en tout), les pneumatiques (environ 50 pneus pour la semaine (150 à 160 € par pneu)), et puis d'énormes frais de logistique pour faire vivre les 25 membres de l'équipe pendant une semaine. Et pourtant cela reste une structure amateur. "Aujourd'hui je n'ai pas peur de dire que cette équipe amateur est à la limite du professionnalisme. Il faut savoir que je suis pompier professionnel et que même dans l'ambulance, il m'arrive d'avoir la tête pour le team et j'ai le téléphone qui vibre parce que tous les jours je passe du temps, il faut travailler." m'explique Olivier.


Et pour tout cela, il faut de nombreux partenaire. C'est justement le rôle d'Olivier dans le team : trouver de l'argent pour faire vivre l'équipe "aujourd'hui nous avons de nombreux sponsors aussi bien dans le milieu pompier : POK qui fabrique des lances nous aide et d'autres liés au monde des pompiers (Mercedes par exemple pour la fourniture du camion). Le SDIS de Haute Vienne nous permet de stocker la semi dans la cour de la caserne. Au total, nous avons 34 partenaires pour le team. L'autre part du budget est complétée par la vente de produits dérivés et puis nous organisons des journées piste sécurité routière. Le reste est animé par la passion qui nous tient."


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Et je peux vous assurez, que c'est cette passion qui fait vivre le team. Tout le monde est ultra motivé. "il faut savoir que des collègues de la caserne sous estime complètement le travail et l'impact que peu avoir de la structure qui est connue dans le monde de la moto. Il sous estime aussi totalement le professionnalisme de l'équipe et la qualité de la structure (matériel organisation...) Nous faisons partie des 15 plus grosses structures. Notre limite vient maintenant au niveau sportif. Pour cela, nous sommes extrêmement sollicités pour piloter chez nous mais une règle phare est que nos pilotes sont pompiers. Nous pourrions avoir des pilotes plus rapides hors pompiers mais cela ne nous intéresse pas. Les pompiers sont le cœur du team, il ne faut pas que nous dérogions à la règle."


Mais, il est temps d'aller manger et se coucher afin d'être en pleine forme pour le lendemain. Olivier referme la porte métallique, c'est la fin pour moi d'une journée pas comme les autres où j'aurai appris beaucoup et où j'aurai rencontré des gens formidables.


Au final, les pompiers termineront 10e du général mais surtout, ils seront les premiers dans la catégorie Superproduction. Une victoire hautement méritée et qui j'espère sera la continuation d'une longue série.


Un grand merci à toute l'équipe du Team 18 mais aussi à ma photographe chérie sans qui l'illustration de ses articles ne serait possible.


La moto en cours de préparation pour Guillaume Pialoux, 2e pilote du team





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Les derniers instants de la séance de qualification du vendredi juste après le freinage du chemin aux boeufs





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