Une mythique Chevrolet renaît de ses cendres

Mon collègue Michel Holtz soulignait très justement cette semaine à quel point la nostalgie pouvait s'emparer des amoureux de l'automobile, mais aussi des constructeurs. Une tendance confirmée par la présence de nombreux rallyes, épreuves et rassemblements en tout genre en France et par la popularité sans cesse croissante des salons de la mécanique ancienne. Alors, "c'était mieux avant" ? Il faut le croire, visiblement.

Le "rétro" n'est pas qu'un simple hobby pour les masses, c'est aussi un business pour les constructeurs. Ces derniers mois, nous avons vu plusieurs marques relancer, au compte-gouttes, la production de modèles mythiques des années cinquante et soixante : Aston Martin DB4 GT, Jaguar XKSS et Type D, Ford Mustang Boss, les grands industriels ont le blues. Et nous aussi, un peu.

Nous ne sommes pas naïfs non plus : si l'on ne peut acquérir les modèles d'époque, bien trop chers, nous ne pourrons malheureusement pas plus nous tourner vers les exemplaires actuels, tout aussi onéreux.

Ce sera le cas pour ce modèle mythique de l'histoire de la Camaro. La Yenko Camaro fête cette année ses cinquante et (ô la bonne excuse !) le détenteur du nom Yenko (le préparateur n'existe plus aujourd'hui), une société américaine répondant au nom de General Marketing Company annonce le retour du coupé américain, en collaboration avec un grand spécialiste de la reconstruction d'anciennes : Brand New Muscle Cars.

Les deux annoncent un tarif "à six chiffres" pour une Camaro qui était déjà, à l'époque, vendue à un prix élevé. En 1968, une Camaro classique coûtait autour des 2700 dollars, mais le modèle Yenko était affiché à près de 8000 dollars. Une énorme somme pour cette période là. Evidemment, la différence de prix s'expliquait par la présence du big block 427 ci (7.0 litres) développant officiellement 425 ch, d'un pont court, de trains roulants spécifiques et de freins plus gros, en plus de la présentation spéciale. Et ce, alors que Chevrolet refusait d'introduire de gros moteurs sous le capot de la (courte) Camaro, qui n'allait pas au delà du 396 ci de 6.5 litres… tout de même.

Si vous pensiez en tout cas que la bourse était le meilleur placement financier pour les preneurs de risques, détrompez-vous. Sur une Yenko Camaro, la rentabilité annuelle depuis 1968 est estimée à 7,2 %. Ceux qui en ont acheté un des 200 exemplaires neufs à cette époque pourraient aujourd'hui en demander, si l'état est excellent, jusqu'à 300 000 dollars.

On comprend mieux pourquoi les constructeurs et les spécialistes ressortent leurs anciennes gloires. La "nouvelle" Yenko Camaro, qui aura tout de l'originale (caisse, moteur et boîte, intérieur…) sera immatriculée comme une Yenko Camaro de 1968 et sera même inscrite au registre officiel des modèles spéciaux de Camaro, qui certifie de l'authenticité de l'exemplaire. Un gage de valeur pour ceux qui voudront, probablement, spéculer sur ces autos…

Allez, un peu de courage maintenant Citroën, Peugeot et Renault, ressortez-nous des 2CV, 205 GTI et 5 Turbo en éditions très limitées. Nous sommes à peu près sûrs que les acheteurs se bousculeront au portillon, qu'importe le prix demandé.