Chrysler Crossfire (2003-2007) : un hot-rod moderne, dès 5 000 €
Sous son look 100 % yankee inspiré des hot-rods des années 30, le Chrysler Crossfire cache une plate-forme et une mécanique de Mercedes SLK. Le meilleur des deux mondes à prix d’ami.
Une grosse cagade. La fusion entre le groupe allemand Daimler-Benz, propriétaire de Mercedes-Benz, et l'américain Chrysler restera dans les annales comme l’un des contre-exemples absolus en la matière. Pourquoi ? Parce qu’en réalité, il s’agissait en 1998 d’une absorption qui ne disait pas son nom, une reprise en main autoritaire de Chrysler par Daimler, qui n’a que très peu respecté l’héritage culturel énorme de sa proie. Et ça lui a coûté une fortune lors de la séparation en 2007.
Néanmoins, dans l’intervalle, des engins intéressants sont sortis de ce rapprochement calamiteux, à commencer par le coupé Chrysler Crossfire. Lancé en 1998, l’Audi TT connaît un grand succès, ce qui donne des idées au groupe américano-allemand. Aussi est-il décidé d’en produire un rival sur une base toute trouvée, celle du Mercedes SLK R170. Le design sera étasunien, Chrysler comptant dans ses rangs un brillant élément, Eric Stoddard, qui, du haut de ses 25 ans, produit un concept aux lignes ravageuses dès 2001 : le Crossfire.
Il mêle brillamment les codes esthétiques des hot-rods des années 30-40, ces voitures de course bricolées à partir de modèles courants de l’époque, et des modernes. Cela donne un engin visuellement très fort, dans le ton des créations de Chrysler contemporaines, aux accents néo-rétro très réussis. Néanmoins, il doit être modifié pour correspondre aux normes internationales, aussi, quand la version finale est présentée, en 2002, elle paraît édulcorée. Mais elle n’en marque pas moins les esprits ! En revanche, l’habitacle entre dans le rang, puisqu’on retrouve nombre d’éléments de celui du SLK.
Mécaniquement, le Crossfire ne retient de la Mercedes que le V6 3,2 l de 218 ch, associé à une boîte 6 manuelle ou 5 automatique. Surprise, le Crossfire sera fabriqué non pas chez Chrysler mais par le carrossier sous-traitant Karmann, en Allemagne. Du coup, lors de la commercialisation fin 2003, le prix n’est ne correspond pas à l’esprit « value for money » cher aux Américains : 38 300 €, soit 46 400 € actuels en prenant en compte l’inflation. Heureusement, l’équipement s’avère fourni, la clim, le cuir, la hi-fi et l’ESP étant de série. En sus, SLK et TT coûtent 4 000 € de plus au bas mot.
Pourtant, s’il est bien accueilli par les spécialistes, le Crossfire ne rencontre pas le succès escompté. Le constructeur tente bien d’inverser la tendance fin 2004 en présentant un cabriolet ainsi qu’une version sportive SRT6. Celle-ci reçoit le V6 de la SLK 32 AMG, ramené de 354 à 330 ch. En 2005, la gamme 218 ch se dédouble, en base, simplifiée, et en Limited, conservant l’équipement du modèle de lancement. La sauce ne prenant toujours pas, on arrête les modifications, et le Crossfire quitte le marché en 2007, produit à 85 000 exemplaires.
Combien ça coûte ?
Ce monument de style à la technologie Mercedes demeure abordable. On trouve des coupés 218 ch corrects dès 5 000 €, totalisant plus de 200 000 km. Pas un souci vu la robustesse mécanique. Pour diviser par deux ce chiffre, on devra ajouter 3 000 €, ce qui reste raisonnable.
Pour un roadster, ajoutez 2 500 €, tandis que le type de transmission n’a guère d’importance sur la valeur.
Rares, les SRT8 sont bien plus chères : rien à moins de 15 000 €, voire 18 000 € à moins de 100 000 km, en coupé et en découvrable.
Quelle version choisir ?
Si le budget le permet, optez pour une SRT8, aux sensations de conduite bien plus intenses. Cela dit, une 218 ch marche déjà très bien et coûte nettement moins cher…
Les versions collector
Là encore, ce seront les SRT8, surtout à très faible kilométrage. Néanmoins, une 218 ch, elle aussi peu kilométrée et en parfait état, mérite déjà d’être préservée.
Que surveiller ?
Nanti de mécaniques Mercedes éprouvées, le Crossfire se montre d’une grande endurance. Moteurs et boîtes passent sans encombre les 200 000 km moyennant un entretien courant. Évidemment, comme sur la plupart des autos du début des années 2000, le pépin électronique n’est pas rare, tandis que dans l’habitacle des coupés, le ciel de toit a tendance à se décoller (maladie qu’on trouve aussi chez Audi). Vu l’âge des autos, on surveillera aussi l’état des suspensions ainsi que des jantes. Dans l’ensemble, le Crossfire est d’un usage très serein.
Au volant
C’est toujours quelque chose de s’installer au volant d’une auto au look emblématique. Mais à la conduite, est-ce de la pop faible ou du rock fort ? On est bien installé à bord, malgré un volant non réglable, et on reconnaît des commandes Mercedes, à commencer par le commodo unique, à gauche, commandant les phares et les essuie-glaces. Le V6 218 ch de ce coupé, assez doux, se montre souple à bas régime et ne rechigne pas à prendre des tours, administrant ce faisant une belle poussée.
La boîte automatique, certes parfois lente, lui va très bien, l’ensemble procurant un agrément certain. Assis pratiquement sur le train arrière, on ressent bien les réactions de la voiture, qui ne présente aucun vice, même si la direction n’est pas vraiment communicative. Correctement suspendue et insonorisée, la Crossfire, rigoureuse, se pose en monture de voyage aboutie, et ne rechigne pas à une conduite un tant soit peu active.
J’ai aussi pu tester un roadster, et je dois dire que ses défauts (manque de rigidité, couinements divers) lui profitent plutôt car ils ajoutent des sensations vintage. Une américaine de technologie allemande, raffinée et idéale pour des virées à campagne. Une fille de Kohl chic dans les prés quoi… Mais un peu gourmande : environ 11 l/100 km en moyenne.
L’alternative youngtimer
Chrysler Le Baron coupé et cabriolet (1988-1994)
Lancés aux States en 1986 mais commercialisés chez nous fin 1988, les coupés et cabriolets Le Baron ont surtout séduit en France par leur exotisme apparent. En effet, techniquement, ces autos sont assez banales, des tractions à moteur transversal et essieu arrière rigide. D’abord importées avec un 4-cylindres 2,5 l turbo de 146 ch, attelé en série à une boîte 5 manuelle, et en option à une automatique à 5 rapports elle aussi (une rareté à l’époque), elles ont connu leur petit succès dans l’Hexagone grâce à leur look sympa (phares escamotables).
En 1990, le cabriolet n’est plus motorisé que par un V6 3,0 l de 136 ch, dont le tempérament doux correspond mieux au châssis particulièrement mollasson, tant par son manque de rigidité que sa suspension très souple. Restylées en 1993 (phares apparents, ABS, airbag, cuir et clim de série), ces Chrysler continuent à séduire quelques amateurs, grâce à leur douceur de conduite, seul le V6 (141 ch désormais) restant au programme. Elles sont retirées du marché tricolore en 1994. À partir de 3 000 €.
Chrysler Crossfire (2003) : la fiche technique
- Moteur : 6 cylindres en V, 3 199 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : double triangulation, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; essieu multibras, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle ou 5 automatique, propulsion
- Puissance : 218 ch à 5 700 tr/mn
- Couple : 310 Nm à 3 000 tr/mn
- Poids : 1 390 kg
- Vitesse maxi : 250 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 6,5 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Chrysler Crossfire, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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