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De Valeo à Bosch en passant par Continental, les équipementiers dégraissent tous azimuts

Dans Economie / Politique / Social

Michel Holtz

ZF, Michelin, Continental, Valeo, Bosch : le nombre d'équipementiers qui envisage des suppressions de postes n'en finit plus de s'allonger. La faute à l'électrification ? Pas seulement.

De Valeo à Bosch en passant par Continental, les équipementiers dégraissent tous azimuts

Le « réarmement industriel » voulu par Emmanuel Macron au moment de ses vœux aux Français et lors de sa conférence de presse de mardi dernier se traduit plutôt par un désarmement de la filière automobile pour le moment.

Un moment qui pourrait durer longtemps selon la Fiev. La fédération des équipementiers, qui regroupe les acteurs et sous-traitants du secteur vient en effet de livrer ses chiffres. L’organisme a publié une étude cette semaine et sa conclusion est claire : 70 000 postes pourraient bien être supprimés d’ici 2030, sachant que les équipementiers en emploient 300 000 dans l’hexagone.

La PFA, l’organisme qui regroupe l’ensemble des acteurs, des constructeurs aux garagistes, ne dit pas autre chose. Elle prévoit, en s’appuyant sur le scénario le plus noir possible, la disparition de 75 000 postes.

"À la place des vœux, un PSE"

Alors, histoire de ne pas s’opposer aux chiffres de la fédération, l’un de ses adhérents les a illustrés par l’exemple. Valeo a présenté ce mercredi son « plan de sauvegarde d’entreprise » aux partenaires sociaux. L’idée ? Le regroupement de ses pôles d’activités qui va se traduire par 1 135 suppressions d’emploi en Europe, dont 235 en France. Un chiffre qui, selon FO, va plutôt atteindre 412 personnes, puisque dorénavant, les suppressions de postes sont comme les manifs : à chacun son comptage. Force ouvrière qui a d'ailleurs immédiatement réagi avec un slogan en forme de tract de manif : « à la place des vœux, un PSE ».

Chez Bosch, 1 200 emplois sont menacés.
Chez Bosch, 1 200 emplois sont menacés.

Pour autant, Valeo n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine, et il n’est pas non plus isolé. L’été dernier, l’entreprise a déjà présenté un premier PSE à Amiens. Il concerne 89 personnes dans une unité de production qui en compte 900. Et pas plus tard que cette semaine, l’équipementier français s’est vu emboîté le pas par ses concurrents allemands, et pas des moindres. Bosch, leader mondial du genre a annoncé, une journée après Valeo, la suppression de 1 200 postes, dont 950 dans son fief allemand.

Et il n’est pas le seul. Continental, autre germanique a annoncé au mois de novembre, la suppression de milliers d’emplois, sans pour autant en préciser le nombre exact. Toujours Outre-Rhin, les salariés de ZF ont manifesté devant le siège de leur boîte qui a annoncé, toujours cette semaine, qu’elle allait fermer son usine d’amortisseurs près de Cologne. Près de 12 000 postes seraient menacés. Quand il n’y en a plus, y en a encore. Chez Michelin, la fermeture de deux usines, toujours en Allemagne, est programmé, pour une perte de 1 500 postes.

Alors, évidemment, les équipementiers sont en première ligne de ces licenciements, les constructeurs et donneurs d’ordre étant touchés en dernier. Les uns comme les autres se justifient en évoquant la transition vers le tout électrique, qui, nécessitant moins de pièces, assèche les commandes.

Le résultat de 20 ans de désindustrialisation ?

Mais la transition vers l’électrique a bon dos. Elle n’est pas, du moins pas la seule cause de cette crise sociale dont les dernières charrettes ne sont que les prémices. La désindustrialisation qui s’est déroulée en Europe au cours des deux dernières décennies en est aussi l’une des principales responsables. Une industrie délaissée sur le vieux continent dans laquelle la Chine s’est engouffrée.

Luca de Meo, qui s’est fendu d’une tribune dans Les Échos de ce 19 janvier, explique que "le secteur affronte sa plus profonde mutation en 150 ans". Le patron de Renault, et de l’ACEA, le syndicat des constructeurs européens, en appelle aux pouvoirs publics en posant la question : « l’Europe a-t-elle la volonté de s’armer d’une vraie politique industrielle ? ».

On pourrait lui retourner une question tout aussi simple. "Les constructeurs automobiles ont-ils la volonté de s’armer d’une vraie politique de sauvegarde de l’emploi en lieu et place des délocalisations qu’ils mettent en place depuis 20 ans ?" Pour mémoire, la production de voitures dans l’hexagone a baissé de 60% depuis 2004.

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