Kevin Spacey, la gloire, l'Espace et la déchéance
Le comédien américain pensait en avoir fini avec les ennuis judiciaires mais ils l'ont rattrapé cette semaine. Saga d'une descente aux enfers où il est question de plaintes pour viol, d'Oscars, de maison blanche et de Renault Espace.
Il était celui que l'on adorait détester, celui qui incarnait le politicien prêt à tout et même au crime de House of cards, le père de famille largué d'American Beauty ou Kayser Söze, le diable incarné de Usual Supects. Puis vint le temps où les révélations se sont succédé, le temps où on l'a réellement détesté.
Comédien de talent, couronné de deux Oscars, Kevin Spacey a été accusé en 2017 d'agression sexuelle par un jeune comédien, avant que plusieurs autres ne portent plainte à leur tour. Netflix, qui produit House of Cards le vire de la série et lui réclame 31 millions de dollars de dommages et intérêts. La justice américaine s'en mêle, avant qu'il n'y a quelques mois, elle n'abandonne les poursuites. Mais voilà que jeudi dernier, la justice britannique s'en mêle, elle aussi, et décide d'ouvrir une enquête pénale, toujours pour agressions sexuelles, après plusieurs nouvelles plaintes. Spacey prédateur ? En tout cas, le comédien n'entend pas fuir les accusations et explique qu'il se rendra à Londres et se présentera devant le tribunal.
Bankable, au théâtre, dans la pub comme au cinéma
Ce n'est peut-être pas la dernière marche d'une longue descente aux enfers qui dure depuis cinq ans, mais c'est en tout cas la fin d'une carrière qui l'avait propulsé des planches du théâtre shakespearien jusqu'au club ultra-fermé des quelques dizaines de stars internationalement bankables. Et Spacey ne l'était pas qu'à la télé et au cinéma, mais dans la publicité également.
Dans les années 2 000, à son sommet, il devient l'égérie de la banque néerlandaise ING, n'hésitant pas à mouiller sa chemise en se rendant dans les conventions maison, et à l'assemblée générale des actionnaires. Puis, en 2015, Renault a une idée : un homme qui s'appelle Spacey s'adaptera parfaitement à l'Espace 5, justement lancé cette année-là. Et pas seulement à cause de son nom assez proche. Les rôles qu'il a incarnés sont certes grand public, mais ils n'attirent pas le même public à la télé que le commissaire Navarro, et au cinéma, son public n'est pas celui de Camping. Les productions où il apparaît sont haut de gamme, comme le positionnement du dernier modèle de celui qui était un monospace et reluque désormais vers le SUV. En plus, à cette époque, Kevin Spacey a 56 ans. L'âge idéal, proche du client idéal qui peut parfaitement s'identifier à l'acteur.
L'affaire est signée et Spacey tourne une pub ou il conduit l'Espace en se remémorant sa carrière et ses rôles marquants. Le spot est diffusé dans les principaux pays ou Renault et présent, et elle cartonne. Mais deux ans plus tard, la sinistre affaire éclate. Un comédien américain accuse Spacey de l'avoir agressé sexuellement alors qu'il n'avait que 14 ans.
Le scandale est énorme. Netflix suspend le contrat qui le liait à l'acteur et crée en catastrophe une sixième saison (catastrophique) sans le héros principal de House of Cards. De son côté, et toujours en catastrophe, Renault retire sa pub et dénonce le contrat qui le liait au comédien. La banque ING sera la dernière à le soutenir, avant de virer, elle aussi, son égérie américaine. Aujourd'hui, l'Espace 5 s'éteint doucement et ne sera pas renouvelée, après une carrière plutôt discrète. Une carrière un peu loupée, qui est liée à la fin d'un genre, le monospace, plutôt qu'au scandale suscité par son égérie.
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