2. Comparatif - Ducati Multistrada 1260 S Vs BMW S1000 XR : match serré ou match plié ?

La réponse est dans le titre de cette page : match serré ou match plié ? À votre avis ? Sur le plan de la performance pure, la S1000 XR tord littéralement la Multistrada. Déjà, l'allemande tire plus long, et elle tire plus fort sur les bras. Sans rien perdre de la qualité de sa tenue de route. Mieux encore, elle atteint en 1ère la vitesse acquise sur le 2ème rapport de l'italienne… OK, ça, c'est réglé.

Les reprises seront-elles en faveur de la 1260 S ? Après tout, l'énorme bicylindre revendique le plus important des deux couples, et surtout 85 % de sa valeur (donc 110 Nm environ) plus bas dans les tours, dès 3 500 révolutions minutes. Un bicylindre Ducati, ça cogne un peu en bas à partir du 4 ème rapport, lorsque l'on cherche les évolutions en souplesse, mais ça pousse comme ça grogne : fort. Sauf que là, quel que soit le mode moteur, le rapport ou le régime choisi, la XR l'emporte, quitte à partir au coude à coude sur les premiers mètres. Rien n'y fait, le 1000 s'impose.

Elle brille d'autant plus sur les runs que le shifter à la montée et à la descente se montre adapté aux changements de rapport quel que soit le régime. Sa souplesse est appréciable et se conjugue agréablement avec le caractère du moteur. Le shifter Ducati, pour efficace qu'il est, ne peut se montrer aussi permissif. On l'adopte donc sur certains régimes, tout en lui reconnaissant une certaine utilité en dehors des phases de conduite sportive.

Niveau motorisation, pas photo, donc, le bloc BMW fait parler sa mécanique sportive et son tempérament idoine. En désactivant les anti patinages, en optimisant la motricité, on profite du calibrage de la poignée des gaz de l'italienne, à la fois précise et agréable de sensations, là où la S1000 XR feutre les réactions. Elle les retarde légèrement et semble tellement souple qu'elle lisse les accélérations selon son bon vouloir, abolissant l'impression d'enrouler du câble. Normal me direz-vous, on est sur du ride by wire, mais de ce point de vue, la Multistrada fait mieux. Bien mieux. "Et pis c'est tout !"

Là où l'excitée de service ne peut rivaliser, c'est sur le plan des sensations mécaniques, de l'ambiance moteur et de son comportement. De tout ce qui échappe au rationnel. L'émotion prime sur la transalpine, tout simplement. Et du haut de sa toute-puissance, de son efficacité redoutable, de sa souplesse supérieure et de son tempérament rageur, la S1000 XR n'y peut rien changer.

Alors il y a là deux types de trails : celui qui tend vers les sensations enduro et celui qui tend vers les sensations roadster. Avec sa position de conduite, son assise droite, sa selle confort et son échappement expressif, sans oublier son bicylindre coupleux à souhaits et bien rempli dans les mi-régimes (les plus exploités et les mieux explorés en conduite routière ou urbaine), la Multistrada 1260 S a choisi son camp. Sa lignée tout comme son mode moteur Enduro ne laissent aucun doute quant à sa capacité à aller faire un tour dans les graviers, hors du bitume qu'elle écume avec confort. Ses suspensions électroniques sont d'ailleurs souples à souhait, donnant une fois encore des sensations trailisantes lors de la plongée de la fourche au freinage. Une grosse accélération, un transfert de masse plus tard et l'arrière se tasse. Un effet culbuto jouissif pour les amateurs du genre.

Totalement à l'opposé, pour une toute autre notion de fun et de plaisir, la BMW s'impose en tant que sportivo GT, véritable compagne de route exclusivement réservée à un usage routier. Même sur autoroute, son niveau de protection supérieur en fait une compagne appropriée aux longues étapes, d'autant plus que le réservoir de 20 litres offre une autonomie des plus satisfaisante. Légèrement moins gourmande que la Strada, la XR affiche volontiers 6,2l/100 km, et plus si affinités sportives.

Sur les départementales viroleuses, véritable terrain de prédilection de cette coupleuse compagne, on profite d'un aplomb de tout instant et d'une direction précise dès lors que l'on opte pour le bon mode de suspensions. Les assistances parfaitement calibrées ne laissent passer aucune glisse, tandis que le freinage, légèrement en retrait niveau feeling par rapport à celui de la concurrente du jour, n'appelle déjà aucune critique.

L'aplomb en courbe de la S1000 XR est supérieur. Les suspensions de moindre débattement et leur gestion logicielle s'adaptent à l'environnement, confirmant l'excellente capacité de BMW à proposer une ESA performante. Du moins si l'on a opté pour le mode Dynamic, certes bien moins confortable, mais apportant des trajectoires bien plus précises. Plus homogène, quel que soit le réglage choisi, même si plus souple de nature, la Ducati brille une fois encore par son confort, sans jamais impacter la trajectoire fixée. On appréciera également le mode Enduro, passant certes la puissance à "seulement" 100 CV, mais offrant de très bonnes sensations mécaniques et de pilotage, glisse comprise. De quoi donner le sourire.

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La balade rythmée nous ayant entraînés dans les confins du nord ouest de la région parisienne n'auront eu de cesse de faire ressortir les qualités de nos deux protagonistes. Croqueuses de courbes invétérées, elles n'auront pas laissé l'objectif de notre photographe faire le point lors de notre séance action bord de route. Passages véloces, repose-pieds au sol n'ont donc pas été immortalisés par notre pauvre Eddy. Toutes nos excuses, mais les deux trails avaient tant la pèche que l'on n'aura jamais su ralentir. À moins que ce ne fût pour trouver un peu d'air, cruellement manquant en cette si chaude journée.