Yamaha défend l'avenir du moteur à combustion, le considérant compatible avec la transition énergétique
Motofumi Shitara, président de Yamaha Motor Co. depuis le 26 mars 2025 et directeur de la division moto de la JAMA, a marqué les esprits lors du Tokyo Motorcycle Show 2025. Dans une interview avec Young Machine, il s’est adressé aux motards reprenant la route après des années d’inactivité, tout en défendant l’avenir du moteur à combustion face à l’électrification…

Shitara-san met d’abord en garde contre les dangers auxquels s’exposent les motards qui reprennent le guidon après une longue pause, mus par la nostalgie ou de nouvelles ressources financières. « Ce qui m’inquiète le plus, ce sont les motards qui remontent sur la moto après des années d’inactivité », déclare-t-il, soulignant la perte de réflexes et l’augmentation des accidents dans ce groupe.
Il recommande des examens médicaux et l’usage d’équipements de sécurité, comme des casques avec capteurs ou des vestes airbag. Cette préoccupation s’inscrit dans l’obsession de Yamaha pour la sécurité, illustrée par la Tracer 9 GT+ équipée de radars et d’alertes anticollision.
Yamaha investit dans la sécurité active – ABS perfectionné, contrôle de traction, régulateur adaptatif, etc … – mais Shitara insiste : « la responsabilité incombe toujours à celui qui est au guidon ». Les motos modernes, plus puissantes et aérodynamiques exigent une préparation rigoureuse, surtout après une longue absence. En 2024, le Japon a enregistré 3 305 accidents mortels impliquant des motos, dont 18 % concernaient des pilotes de plus de 50 ans (JAMA Report 2024), un groupe souvent visé par ce retour nostalgique. Shitara appelle à la prudence, rappelant que « les motos sont impitoyables ».

L’avenir du moteur à combustion : bioéthanol et Inde
Shitara défend avec fermeté le moteur à combustion, qu’il juge compatible avec la transition énergétique via des carburants alternatifs comme le bioéthanol. « Supprimer le moteur thermique serait une erreur », affirme-t-il, prônant un « équilibre entre électrification et préservation ». Yamaha explore les moteurs à hydrogène et bioéthanol, testés sur des prototypes au Japon. L’Inde, avec 20 millions de motos vendues annuellement sur un marché mondial de 50 millions, est au cœur de cette stratégie. « La moto reste liberté, transport et nécessité », note Shitara, visant à doubler la part de marché de Yamaha (3,7 % en 2021) grâce à des modèles premium comme la YZF-R15 V4.
Nommé après une période tumultueuse – incluant une tentative d’assassinat présumée contre l’ex-président Yoshihiro Hidaka – Shitara s’appuie sur 39 ans d’expérience chez Yamaha, dont un mandat de quatre ans en Inde. Sa vision, pragmatique, répond à la baisse des ventes au Japon (338 000 motos en 2016, -80 % depuis les années 1980) et à la montée de l’électrique, freinée par des défis d’infrastructure.
Shitara redéfinit les priorités de Yamaha : sécurité pour les motards, notamment les « revenants », et pérennité du moteur à combustion via des solutions durables. Son appel à la responsabilité, doublé d’une stratégie centrée sur l’Inde et les bioéthanols, positionne Yamaha comme un acteur réfléchi. Alors que la marque célèbre 70 ans de motos, Shitara rappelle que la passion ne doit jamais éclipser la prudence.

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