3. Essai Buell XB12XT Ulysses: La route - Le mieux est l'ennemi du bien

Voyage ! C'est la vocation d'Ulysses. Après avoir chargé et équilibré les baloches, très logeables, rempli ras le goulot le réservoir de 16,7 litres, on se lance pour le périple. En ce mois de novembre, on ne manque pas d'activer très vite le chauffage des mimines pour mieux se féliciter de ce qui n'est plus un accessoire en cette période de l'année. Mais avant d'arpenter les grands espaces, il faut se dépêtrer de la jungle urbaine. L'occasion de constater d'entrée que la Buell a perdu de son agilité.

Le blason s'est fait le chantre de la centralisation des masses et de l'abaissement du centre de gravité. Bien sûr, l'Ulysses transporte toujours le carburant dans son cadre en aluminium rigide alors que le bras oscillant léger en aluminium sert aussi de réservoir d'huile, mais il est plus haut et la bagagerie a inévitablement changé la donne. Ajouté à cela un passager et vous aurez une moto lourde et fatigante en ville, en gardant bien à l'esprit que la moto est aussi devenue plus large. Les 211 kilos sont bel et bien là.

Cette sensation de lourdeur, vous l'aurez aussi sur les nationales viroleuses et les départementales sinueuses. C'en est même frustrant puisque l'on sent bien que la brêle veut engager mais l'embonpoint du postérieur oblige à une conduite coolée. L'impression esthétique se révèle sur la route. Rédhibitoire ? Pas vraiment, car heureusement, le moteur est là !

C'est la pièce maitresse de l'engin. Le Thunderstorm bicylindre de 1 203cc est un vrai régal. Il reprend bien en bas, enroule avec délectation et se plie à toutes les sollicitations dans un ronronnement servile. Et il sert bien le bougre rendant à son hôte la sérénité qui avait été mise à mal par un châssis ayant perdu une bonne part de son agilité. 93 ch, 10,6 mkg à 5 500tr/mn, son rapport poids-puissance est intéressant et son caractère onctueux permet d'enchainer le plus souvent possible sur le dernier rapport, soit le cinquième. Heureusement d'ailleurs, car la boite n'est pas des plus agréables et trouver le point mort au moment de faire la pause relèvera au début du jeu du chat et de la souris. Mais avec de la pratique, on finit par gagner de plus en plus rapidement.

Le freinage est bon, assuré à l'avant par un disque périmétrique fixé directement sur la jante. Dosable, il est secondé par un homologue arrière progressif, mais le lâché des gaz aura déjà fait un bon boulot préliminaire pour calmer la bête en urgence.

Côté confort, l'architecture de la XB12XT lui fait affronter le vent et ses rafales malignes. Ça vous pousse latéralement tandis que le saute vent s'ingénie à rabattre sur le casque des turbulences qui s'avéreront à la longue assommantes. Certes, l'autonomie vous permettra de rouler au-delà des 260 kms, mais je suis prêt à parier que vous aurez rendu la main avant après un rythme soutenu.

Au final, on reste partagé sur cette moto. Intrinsèquement, elle a des qualités, avec notamment un bouilleur enthousiasmant, mais celles-ci semblent parasitées par un ensemble de petites choses qui finissent par lasser au fil des kilomètres. C'en est presque frustrant.