« Les batteries à l’état solide sont le Graal de tous les ingénieurs mais ça prendra du temps »
Leader mondial du marché des motos électriques, Zero Motorcycles a décidé de miser sur l’Europe pour se développer. Un déménagement et une stratégie sur lesquels revient avec nous le nouveau numéro un de Zero, Pierre-Martin Bos.

Pierre-Martin Bos, vous venez d’arriver à la tête de Zero Motorcycles, vous êtes un ancien de Stellantis et Kia, quel parallèle pouvez-vous déjà faire entre le marché auto et moto ?
« Dans un secteur comme dans l’autre, le principal objectif est de comprendre les besoins, et adapter les process. En termes de volumes, l’industrie auto présente des process qui sont déjà consolidés, mais on peut s’en inspirer pour la moto. Il faut intégrer la culture, la logistique, l’après-vente donc les problématiques sont les mêmes. La moto, plus que la voiture, est un monde de passionnés. »
Quels sont les changements à venir dans la gamme Zero ?
" C’est important pour nous de démocratiser l’accès à la marque Zero et d’être présent sur un marché qui fait du volume (celui du scooter, NDR). Dans le monde du scooter, l’électrique se justifie pleinement. L’usage est beaucoup plus simple avec l’électrique, on peut charger ses batteries à la maison. Cela fait sens pour nous d’aller sur le scooter. Si on fabrique toujours des motos à hautes performances, on pense aussi à l’usage de tous les jours.
En ce qui concerne la gamme des électriques tout-terrain XE et XB, le démarrage est très très fort.
Nous sommes un peu à la croisée des chemins, Nous avons une grosse gamme de motos hautes performances, c’est clair que c’est une image pour Zero. Ce sont des vraies motos qui sont importantes dans un monde de passion mais l’on veut quand même être présent dans tous les segments de marché. Sans parler d’être généraliste, avec huit modèles nous sommes de loin la marque spécialisée dans l’électrique qui propose le plus de références, et on veut continuer de garder en tête la performance, qu’elle soit dans l’autonomie ou la puissance.
Notre but n’est pas d’être les plus accessibles mais d’offrir le meilleur rapport qualité/prix. On ne sera clairement pas les moins chers, mais on apportera les meilleurs produits. On est déjà les plus rapides en termes de charge (12 kW), et on étudie l’intégration des prises CCS. Ce n’est pas très compliqué. L’idée principale est de comprendre si dans un futur proche on va avoir des temps de recharge qui seront vraiment plus bas par rapport à ce que l’on sait faire aujourd’hui. Probablement que dans cinq ans nous aurons les batteries à l’état solide et cela va permettre de charger plus vite. Aujourd’hui ce n’est pas nécessairement une demande de nos clients de charger vite. En ce qui concerne le courant continu et les réseaux de charge, nous sommes en plein développement.
Les batteries à l’état solide sont donc particulièrement attendues ?
« Cela ne changera pas sur les modèles d’entrée de gamme, ou les budgets en dessous de 10 000 euros car je pense que cette technologie va mettre beaucoup de temps à être viable économiquement. Le graal de la batterie à l’état solide c’est le rêve de tous les ingénieurs, mais il faut encore du temps. »

La cible prioritaire de Zero aujourd’hui est-elle le marché européen, c’est ce que laisse penser le déménagement aux Pays-Bas du siège de la marque ?
« Notre centre d’innovation reste en Californie. L’ADN reste américain dans la conception des motos. On a deux-tiers de nos ventes qui se font en Europe, c’est un marché qui se développe vite. Il était important que l’on soit au cœur de notre marché pour continuer à performer et accélérer. Zero progresse sur un marché de l’électrique qui est en régression. Une partie du marché va switcher sur l’électrique, c’est nécessaire. »
Et ce malgré le manque d’incitations, notamment en France pour passer à l’électrique ?
« Bien sûr que nous avons envie d’avoir des incitations, en revanche, et c’est la stratégie que je veux apporter à Zero, et que j’ai toujours eue, si on compte sur ce facteur ce sera compliqué, car on ne peut pas les maîtriser, et ce n’est pas notre rôle. On est des constructeurs, on veut faire la meilleure moto possible pour nos clients. Et s’il a une possibilité de la payer moins cher, tant mieux. Si on compte là-dessus pour avancer cela veut dire qu’on n’aura pas assez travaillé. Faisons sans les gouvernements, et si on peut avoir un coup de pouce c’est très bien et on sera ravi. »
Qu’est-ce qui pourrait inciter les motards à passer à l’électrique aujourd’hui ?
« Il faut qu’on soit présent. À partir du moment où on arrive à faire essayer à quelqu’un un véhicule électrique, il est conquis. Quand on emmène un client sur un circuit de motocross et qu’on lui fait essayer un modèle électrique et thermique, il dit je « reste sur l’électrique ». Il faut que l’on puisse les faire essayer, et faire comprendre qu’avec 250 km d’autonomie, c’est plus le pilote qui va fatiguer que la machine. »
Cela passera-t-il par l’expansion du réseau ?
« On a déjà un réseau de 150 distributeurs en Europe. On couvre le territoire. On va continuer à croître, mais le faire raisonnablement. Il y aura plus de distributeurs, mais cela va se faire de manière maîtrisée, en respectant notre réseau actuel. On travaille également à l’expansion sur d’autres marchés, mais il faut qu’il y ait une logique, et que cela fasse sens en termes d’après-vente et d’image. »














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