L'Espagne est peut être bénie des Dieux, en ayant, à la Dorna, des compatriotes à la fibre patriotique si sensible qu'elle est la résidence principale du Moto GP. Mais elle n'est pas bénie des cieux. Et au-delà des Pyrénées, comme ailleurs, lorsque l'automne prend logiquement ses quartiers, c'est avec son cortège de nuages et de précipitations.
Question : qui, au Salon de Milan, a été en mesure de présenter au public huit nouveautés et un cadre inédit promis au Moto 2 pour 2014 ? Ne cherchez pas un grand constructeur à la puissance de feu pourtant bien utile pour un tel déploiement.
Chez Ducati, décidément, on se plaît à brouiller les pistes et à faire de ses motos des produits ductiles. Tandis que chez la concurrence, on sort des motos inédites en déclinant les canons du segment visé, à Borgo Panigale, on prend une machine de la gamme pour l'envoyer au front d'un théâtre d'opération qu'elle n'était sensée jamais connaître au moment de percevoir sa feuille de route.
C'est un patron Gabriele Del Torchio particulièrement radieux qui s'est exprimé au Salon de Milan. Et pour cause. En plus d'une situation personnelle qui l'a vu entrer à un poste enviable chez Lamborghini depuis que Ducati est entré dans la grande famille VAG par le biais d'Audi, il a vu son blason de Borgo Panigale une fois de plus crever tous les plafonds de la production cette année.
Lorsque le Diavel est arrivé dans la gamme en 2010, Ducati parachevait la révolution de son image, jusque là ancrée dans les sportives et la Monster. En peu de temps, les « ducatistes » pur jus avaient dû avaler le trail, le supermotard, mais à présent, c'était carrément l'anathème custom qui leur était ainsi jeté en pâture.
Un Hypermotard 820 qui fait le ménage dans son espace puisqu'il met à la retraite ses frères aînés tout en enfantant un étonnant Hyperstrada, un Diavel qui a décidé de prendre la poudre d'escampette avec armes et bagages et un 1199 Panigale R plus musclé avec plus de couple et un échappement alléchant, on ne peut pas dire que Ducati ait joué les timides sur ses terres milanaises.
Ils ont eu l'occasion de se connaître en 1995 autour d'une machine baptisée BB1 et qui était une sportive mue par le moncylindre de la F650. Un supermono en quelque sorte, développant alors un cinquantaine de chevaux pour 67 kilos. En 2012, ils vont se retrouver pour un missile identifié BB2, un engin qui promet puisqu'il aura un cœur de S 1000RR.
A peine les lampions de la campagne 2012 sont ils refroidis que se mettent déjà en placé à Valence les éléments pour la saison 2013. Premier de cordées, un Valentino Rossi radieux de réintégrer les rangs de l'usine Yamaha après un calvaire de deux ans subi chez Ducati.
La voilà la matrice d'une inédite Hyperstrada qui se veut plus consensuelle. C'est l'Hypermotard, faite pour les célibataires endurcis qui se délecteront de la même mécanique à refroidissement liquide Testastretta de 821cc. Ducati, afin de répondre à la pour la vocation à sortir comme une balle des courbes serrées, ne s'est pas contenté de mettre le moteur de la 848.
Clairement, chez Ducati, on ne fait rien comme les autres. Lorsque l'on a voulu y faire un trail, on a sorti une Superbike bardée d'électronique en mesure de défier toutes les distances. On a même poussé le vice à lui affubler une sœurette aux gênes d'Hypermotard en créant un Hyperstrada, comme un pied de nez à la concurrence.
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