3. Essai Aprilia SMV 750 Dorsoduro ABS: La route - Dorsodivertimento

Lorsque le twin 750 s'ébroue, il délivre un ronronnement qui flatte les sens, et le bouilleur semble comme trépigner d'impatience d'aller mordre le bitume. Les coups de gaz donnés font monter l'adrénaline en transformant la musique en grognement rageur alors que l'on remarque déjà les bienfaits de cet accélérateur géré électroniquement. Aucune inertie, pas le moindre temps de réponse, tandis que la magie du progrès vous propose le choix au guidon entre trois modes de vie: Tourisme, Sport et Rain. Le premier cité étant consensuel, c'est celui qui sera d'abord usité pour se faire la main.

En ville, on est vite à l'aise sur cette moto qui offre une position très naturelle et une maniabilité de premier choix avec 186 kilos à sec. Même s'il faut faire attention au sous-régime, l'électronique par le biais de l'accélérateur préférant couper carrément la mécanique plutôt que d'affronter des à coups, il faut reconnaître une bonne disponibilité d'un moteur qui affirme son caractère au fur et à mesure que les tours minute s'égrènent. Il est servi par une boite docile et agréable malgré de rares faux points mort, si bien qu'au final vous aurez tous les ingrédients de la vie facile. La Dorsoduro n'est pas un cheval sauvage mais un pur sang qui n'attend qu'être cravaché.

Sur route, la protection est en apparence minimaliste mais à l'usage suffisante et bien pensée. Pas de turbulence parasite sur le casque, pas de prise au vent excessive bien que campé à 870 mm du sol, ça roule bien et même très bien car l'Aprilia ne demande que ça. Son bicylindre en V de 90° a la santé, ne rechigne pas en bas et apprécie les envolées lyriques, surtout la zone des 5 500 tr/mn passée, tandis que la sensation d'osmose donnée par le « ride by wire » réveille le teigneux qui sommeille en vous. Le châssis est intuitif, la position de conduite est optimisée par un réservoir à l'ergonomie réussie et il n'est d'autre terme que celui de facilité qui se dégage au fur et à mesure des bornes abattues.

Une péripétie du trafic quotidien nous a livré une occasion de tester dans une situation d'urgence le freinage ABS qui s'est révélé souverain et si ce n'est par ailleurs une commande d'embrayage un tantinet dure sur cet exemplaire qui n'avait que 109 kms à se reprocher au moment de la perception, on peut parler de tableau idyllique.

La brêle promettant différentes humeurs, on passe en mode Sport et là on retrouve une enragée qui n'est pas avare en ruades à la moindre sollicitation de la poignée. Ce que l'on gagne encore en caractère, on le perd en facilité, si bien que ce mode sera réservé aux initiés. Durant l'épopée, la pluie est aussi venue s'inviter, ce qui a donné l'occasion de tester le R de « rain », qui nous donne une brêle éteinte, la grande partie des 92 ch ayant ici regagné rapidement l'écurie. Du coup, dans cette configuration, la motricité ne sera jamais prise en défaut.

Finalement, si on devait trouver une réelle déception à tout ça, c'est une autonomie insuffisante. Le plaisir de rouler avec la Dorsoduro aura du mal à atteindre les 200 bornes d'une traite. Normal avec un réservoir de 12 litres tandis qu'en moyenne, nous avons consommé 6,5 litres au cent sur la totalité de l'essai.