La Mash FR 750 est-elle une réelle nouveauté ou simplement une copie chinoise ?
Antonin Ploquin , mis à jour
Ça y est, la marque de l’importateur français franchit le pas : elle entre dans le monde des grosses cylindrées. Par “grosse cylindrée”, on entend ici une moto de plus de 600 cm3 avec surtout plus d’un cylindre.
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Note
de la rédaction
14,1/20
Nous voici donc partis sur les routes de Bourgogne essayer la nouvelle Mash FR 750. Et si vous avez sillonné l’actualité moto ces derniers temps, vous remarquerez peut-être un air de famille avec une moto chinoise : la Jedi FR 750. Vous vous en douterez, cette forte ressemblance n’est bien évidemment pas le fruit du hasard. Les équipes de Mash ne s’en cachent pas : “oui, cette moto a été conçue par Jedi Motors”. En effet, la marque bourguignonne assume pleinement cette collaboration. En guise de preuve, la Sima a voulu laisser le logo de Jedi Motors sur les carters moteurs. Impossible donc d’échapper à cette filiation asiatique.
La différence dans les détails
La Mash FR 750 partage beaucoup de choses avec son homologue chinoise, même son appellation. Nous qui pensions que le “FR” était lié à l’origine tricolore de la marque. Mais non ! La Jedi porte elle aussi le nom de FR 750. Mais l'entreprise beaunoise a tout de même voulu se démarquer de la moto asiatique en apportant sa petite touche au niveau du design. Elle a donc donné quelques petites consignes au studio design italien Marabese (à l’origine du design des Speed Triple de 2005), déjà à l'origine des lignes de la Jedi. Exit donc les petites coques arrière aux allures de plaques-numéros. La version de Mash laisse place à un arrière plus épuré. L’optique avant adopte aussi une forme plus ronde que la version asiatique mais conserve une belle signature lumineuse Led. Sur la variante française, on oublie aussi le petit saute-vent qui coiffe la tête de fourche de la Chinoise. La Mash arbore aussi deux coloris (blanc ou gris/rouge) qui n’existent pas en Asie.
Esthétiquement, voici donc ce qui différencie les deux FR 750 : des détails, en somme, je vous l’accorde.
Mettons un peu de côté la comparaison entre les deux versions de la moto et laissez-nous vous faire part de nos premières impressions quant aux finitions de cette nouvelle Mash. Aux premiers regards, la FR 750 affiche une ligne au style légèrement “néo-rétro”. On aurait presque l’impression d’être en face d’une certaine Triumph Trident 660.En revanche, elle manque d’une identité plus marquée. On ne sait pas vraiment dans quelle catégorie de roadster la classer. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas dire qu’elle soit foncièrement moche. Elle a son style et on vous laisse juger de la qualité de son apparence. Après tout, les goûts et les couleurs…
En termes de finition, on sent clairement que la FR 750 n’a plus rien à voir avec les modèles 125 cm3 qui ont fait le succès de la marque. On est bien évidemment un cran au-dessus de tous les modèles que vous aviez l’habitude de voir au catalogue de chez Mash. Puis quand on se rapproche de la moto et qu’on l’observe un peu plus en détail, on se rend compte qu’on n’est pas encore à un niveau de qualité semblable à ce qu’on aurait l'habitude de voir chez les Japonais ou les Européens. L’exemple le plus frappant serait par exemple la finition des tés de fourches supérieurs et inférieurs. Oubliez ici l’alu taillé masse, on est sur un aspect brut de décoffrage qui pourrait refroidir les plus pointilleux d’entre nous. Mais rassurez-vous, ça fait largement le travail.
Position au garde à vous
Rien qu’en regardant le dessin de la selle, on comprend que la selle s’occupera parfaitement de caler notre fessier sur la moto. En effet, la courbure de la selle donne vraiment la sensation de s’asseoir dans une cuvette tout en ayant le train arrière placé de manière optimum afin que celui-ci ne bouge pas sans cesse à la moindre accélération et sur vos freinages les plus intenses. De plus, malgré le fait que cette selle soit perchée à 830 mm de hauteur (quand la concurrence dépasse à peine les 800 mm), vous n’aurez aucun mal à enjamber la FR 750. On a d’autant plus l’impression d’être assis bas quand on voit à quel point le réservoir remonte haut. Vous n’aurez cependant que peu de kilomètres à parcourir pour vous rendre compte que cette selle manque un poil de rembourrage pour être vraiment confortable sur les longues distances.
L'ergonomie de la FR 750 pourrait bien être un remède à votre scoliose. Avec cette selle très incurvée et un guidon très cintré qui remonte assez haut, on a vraiment la sensation d’être assis à l’angle droit sur cette moto. Cette position est aussi due au placement des repose-pieds situés pratiquement dans l’alignement de la selle. Si vous mesurez moins d’un mètre quatre-vingt, vous aurez les genoux repliés à quatre-vingt-dix degrés. Si vous mesurez plus, alors il y a de grandes chances pour que vous ayez la sensation d’avoir les genoux dans le guidon.
Suspensions et freinage dignes de ce nom
Aujourd’hui, de plus en plus de motos chinoises arrivent sur le marché français équipées comme des japonaises ou des européennes. Les constructeurs de l’Empire du Milieu ont bien compris que s’ils voulaient conquérir la clientèle occidentale, il fallait équiper leurs motos avec du bon matos. Et cela, l’usine de Jedi Motor l’a bien compris. La FR 750 se pare donc d’un ensemble de suspensions Kayaba. La fourche de 42 mm réglable est imposante. Elle valorise la moto, on la prend tout de suite beaucoup plus au sérieux. À l’arrière, le mono-amortisseur signé lui aussi Kayaba est réglable en précharge. Oui, oui, vous ne rêvez pas, il s’agit bien là d’une moto produite en Chine. Dans leur setting d’origine, ces suspensions sont réglées assez ferme dans l’ensemble. Cela offre à la moto un comportement dynamique stable et sain mais vous allez perdre un peu en confort dans l'absorption des chocs. On aurait aussi aimé que ces suspensions soient plus souples afin d’avoir une meilleure connexion avec le train avant et arrière de la moto.
On note aussi la présence d’un système de freinage Brembo à l’avant et à l’arrière. Devant, les deux disques de 300 mm sont pincés par un étrier radial. Ce dernier est relié à un maître-cylindre radial siglé Brembo lui aussi. Rien que ça ! Ça promet de gros freinage de l’avant en toute décontraction. Derrière, le disque de 240 est lui aussi pris en tenaille par un étrier flottant de la marque italienne.
Et pour ce qui est de l’ABS, l’usine de Jinan a travaillé avec Bosch. On s’attend donc à avoir une assistance qui ne soit pas intrusive. À voir le feeling qu’elle rendra dans le levier et la pédale de frein une fois déclenchée.
Moteur original mais connu
Il suffit de démarrer la FR 750 pour se rendre compte que ce bicylindre calé à 180 degrés sonne comme une certaine Kawasaki Z 650. Et ça ne serait pas surprenant d’apprendre que le moteur d’origine japonaise a servi de base pour la conception de bloc. Précisons au passage que ce moulin a déjà servi de base pour les moteurs d’autres motos chinoises telles que les CFMoto 700 CLX. Jedi Motor a poussé aussi le réalésage plus loin en portant la cylindrée à 730 cm3 en augmentant la course. Mash avance le fait que Suter aurait travaillé sur le perfectionnement de ce moteur.
On peut d’ailleurs noter au passage que la version française se démarque aussi par une puissance en hausse par rapport à l’édition chinoise. On passe donc de 63 à 74,6 ch à 8200 tr/min. Donc même avec cette hausse de puissance, la FR 750 reste donc homologuée pour les permis A2. Le couple maximal est lui aussi plus élevé que sur sa sœur asiatique puisque la Mash développe 70 Nm contre 67 à 6 500 tr/min pour la Jedi. Même si la puissance est perchée assez haut dans les tours, on a tout de même constaté que la réponse à la poignée était assez vive au démarrage. Et pas moyen de la re-paramétrer car cette nouvelle Mash est équipée d’une poignée de gaz par câble. Garder un filet de gaz dans les courbes n'était pas une chose aisée non plus car la moto avait tendance à tousser. Un point à revoir donc. Oubliez aussi tout ce qui est mode moteur, traction control et toutes ces ribambelles d’assistances moteur. La Mash mise sur la simplicité.
Une vie à bord techno mais simple
La Mash FR 750 vous accueille avec un petit tableau bord TFT de 5 pouces. Il est globalement lisible et la disposition des informations est plutôt bien pensée : jauge à essence sur la gauche, température moteur sur la droite, vitesse au milieu et indicateur de rapport engagé juste en dessous. Il est possible de faire défiler les menus les menus à disposition à l’aide d’une seule et même gâchette puis d’entrer et quitter chaque menu à l’aide d’un autre bouton. Grâce à eux, on peut donc consulter en direct la pression de ses pneus et puis on a accès à des choses bateaux comme le réglage de l’heure, de l’unité kilométrique voulue (km ou miles).
Là où Mash a voulu innover c’est sur le fait de pouvoir coupler en bluetooth son portable avec le tableau de bord via une application nommée “Carbit Ride” (disponible sur IOS et Android). Le couplage se fait via le scan d’un QR code qui apparaîtra sur votre tableau de bord lorsque vous aurez sélectionné le menu “Navigation”. Car oui, le pairage avec téléphone vous servira principalement à diffuser vos informations de GPS au milieu du tableau de bord. Il faut avouer en revanche que la carte fléchée apparaît ingénieusement au milieu du tableau de bord. Seul inconvénient rencontré pendant l’essai, la carte disparaissait à chaque verrouillage du téléphone. Il fallait donc laisser l’écran de votre téléphone actif pour que les informations restent affichées correctement. Pas vraiment pratique pour la durée de vie de votre batterie de téléphone. Le software intégré à l'ordinateur de bord proposait aussi une copie de votre écran de smartphone (appelé aussi “screen mirroring"). Un peu à la manière d’un Carplay mais de manière beaucoup plus sommaire. Mais là encore si vous fermiez votre écran alors la diffusion s'interrompait.
Les commodos rétro éclairés présents sur la Mash FR 750 sont faciles d’accès et l’ergonomie des boutons est assez bien fichue. On reconnaît d’ailleurs certaines commandes qu’on peut retrouver sur d’autres modèles produits en Chine. On a par exemple pu les apercevoir que le commodo droit était similaire à celui de la Benelli 752 S, un roadster produit chez QJ Motor (marque que la Sima importe aussi).
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