Le 5 décembre sera lancé en grande pompe Autolib, un dispositif de véhicules en libre-service accessible à Paris et dans les communes limitrophes. Et alors que la municipalité se félicite de cette mise en place, un certain nombre de voix s'élèvent pour dénoncer tantôt un gaspillage d'argent, tantôt une concurrence déloyale.


32% : c'est le pourcentage de ménages franciliens qui disposaient pas d'une voiture en 2008. Comment se déplacent-ils ? Beaucoup sont abonnés aux transports en commun, mode de déplacement privilégié du Parisien qui ne souhaite pas s'équiper d'un véhicule. Pour eux, le système Autolib semblait donc plutôt bien tomber avec un dispositif permettant de louer une voiture électrique et de la déposer à la fin de son trajet à proximité d'une borne adaptée, à la manière du vélo en libre-service Vélib.


Pourtant, tout le monde ne voit pas les choses sous le même angle. A un système se réclamant écolo, Europe Ecologie Les Verts répondait en effet qu'il s'agissait d'une « supercherie » avec une augmentation annoncée du nombre de véhicules en circulation en contradiction totale avec le Plan de Déplacement Urbain (PDU) adopté par la région. Mais ils ne sont pas les seuls à vouloir la tête d'Autolib ; pour Gérard Lambert, adjoint au maire de Champigny, « le coût pour sa mise en place représente un investissement lourd », en inadéquation « avec les besoins de la population ». Du côté de Dominique Voynet, Fabienne Vansteenkiste, son adjointe en charge de l'espace et du déplacement à la mairie de Montreuil, dénonce « une véritable usine à gaz », avec un nombre de véhicules stationnant sur la voie publique prêt à « exploser ».


Et si le syndicat Autolib veut y croire, affirmant que le système « peut fonctionner », cela n'empêche pas les syndicats de chauffeurs de taxi de s'en mêler. « Hier les vélos, maintenant les voitures, ça va prendre beaucoup de places aux taxis et ça me dérange. Le préjudice est bien réel », déclarait ainsi Franklin Robine, porte-parole du syndicat de défense des conducteurs de taxis. Même son de cloche du côté de la Fédération nationale des taxis indépendants, qui dénonce « démolition de la profession avec l'argent du contribuable » ainsi que chez les loueurs, qui pointent du doigt une concurrence déloyale d'ailleurs portée devant le tribunal.


Reste que la Bluecar de Bolloré sera officiellement lancée le 5 décembre sur les routes parisiennes avec dans un premier temps 250 véhicules en circulation et jusqu'à 3000 fin 2012. Elle a d'ailleurs déjà remporté un premier prix : celui remis en début de semaine par l'association les Amis de la Terre et la « récompensant » pour les « conséquences désastreuses sur la ressource en eau » au Chili qu'implique la fabrication de ses batteries au lithium.

Source AFP.