L'Allemagne ? La 3e plus grande économie mondiale et le 6e émetteur mondial de gaz à effet de serre. Ce pays souhaite participer activement à la lutte contre le réchauffement climatique et faire baisser ses émissions polluantes : il veut d'ailleurs affirmer sa position lors de la conférence de l'Onu sur le climat qui a débuté lundi 3 décembre 2007 à Bali (voir article). La chancelière Angela Merkel a mis à l'honneur le thème du réchauffement climatique lors du sommet du G8 de 2007 en Allemagne (voir article) et elle soutient la préparation du traité qui succèdera au protocole de Kyoto.

Mais des écologistes critiquent l'opposition de l'Allemagne aux limitations de vitesse unique sur l'ensemble des 6 000 km du réseau autoroutier, qui d'après eux, permettrait de diminuer les émissions de CO2. Ils soulignent que le puissant lobby automobile allemand refusent cette mesure et le gouvernement allemand suit. Les écologistes dénoncent également le remplacement de ses centrales nucléaires par des centrales à charbon : le gouvernement allemand a approuvé la construction d'une vingtaine de centrales électriques à charbon suite au démantèlement progressif des centrales nucléaires. D'après Greenpeace Allemagne, si les 24 centrales planifiées sont construites (six sont déjà en chantier), il sera impossible au pays d'atteindre son objectif de diminuer les émissions de CO2 de 40% entre 1990 et 2020.

L'agence de presse internationale Reuters a alors interviewé Frank-Walter Steinmeier, ministre allemand des Affaires étrangères, pour faire le bilan sur la position de l'Allemagne. Voici des extraits de cette entretien et son point de vue :

"L'Allemagne agit-elle donc suffisamment pour lutter contre le réchauffement ? Non, vu la menace, il est clair qu'on n'en fera jamais assez contre les changements climatiques. Les dirigeants politiques doivent présenter un projet concret et réaliste de protection de l'environnement et de réduction des émissions de CO2, pas seulement rester immobile en décrivant des scénarios catastrophe. (...) Les constructeurs automobiles allemands diraient que nous avons trop de limitations de vitesse. Nous n'avons peut-être pas de limite formelle mais sur presque chaque autoroute, la vitesse est limitée à 120 ou 130 km/h. On ne peut pas rouler vite partout. (...) Nous avons été tout sauf inactifs. Nous savons que la désindustrialisation de l'Allemagne de l'Est a joué un rôle considérable. Mais nous savions dès 1998 que la désindustrialisation ne continuerait pas éternellement à faire baisser les émissions de CO2. C'est pourquoi nous avons entrepris de développer les énergies renouvelables en 1998, jusqu'à un niveau très élevé. Une quarantaine de pays a adopté la loi allemande sur les énergies renouvelables qui aide les ménages à refinancer l'installation de panneaux photovoltaïques. En plus de la technologie, nous voulions aussi exporter le cadre réglementaire visant au développement des énergies renouvelables".

(Source : Reuters Photo : rferl)