Le crêpage de chignon pour la Mairie de Paris a récemment donné lieu à une nouvelle leçon de démagogie comme seule la triste politique contemporaine sait nous réserver. Ne voyant sans doute rien venir dans cette morne campagne pour la capitale, sœur Anne a décidé d'être l'hidalgo de l'air pur en menant une charge contre le diesel que la cataloguée proche de la classe à particules, identifiée au trigramme NKM, soutiendrait. Le nuage de l'euphorie retombée, il est temps de reprendre notre souffle pour constater que tout ça, c'est bien du vent.


Le moment était idéal. Une forte pollution aux particules touchait plusieurs régions françaises depuis quelques jours obligeant certains Préfets à prendre des mesures particulières comme la réduction de la vitesse de circulation de 20 km/h sur les grands axes routiers. Paris étouffait sous un lourd nuage chargé d'une pollution sortie des tuyaux d'échappement des vilaines voitures carburant, notamment au diesel. Le tout poussant un peu plus vite vers la tombe le commun des mortels. Foutaise ? Dans la forme, sans aucun doute, puisqu'il s'agissait là de servir l'ambition personnelle d'un candidat. Quant au fond, s'il y a du vrai, il y aussi du faux.


D'abord, il est bon de rappeler que le secteur des transports au sens large (train, bus, camions, poids-lourds, véhicules utilitaires, véhicules utilitaires légers, deux roues,...)  contribue effectivement aux concentrations de polluants mesurées dans l'air, mais que la part du transport dans les émissions de particules est de moins de 20%. Selon un récent rapport du Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique, les principaux secteurs responsables sont la transformation d'énergie par l'industrie (31%), la combustion de bois pour chauffer les habitations (30%), l'agriculture avec l'utilisation d'engrais (20%), et les transports, notamment du fait de la combustion de diesel (15%). Ceci dit, en zone urbaine, les particules issues des moteurs diesel représentent environ 40% de la pollution particulaire.

Ensuite, il est régulièrement rappelé par certains de nos politiques le chiffre de « 42000 morts » imputés à la pollution atmosphérique, et particulièrement aux particules fines. Sans aucun doute, le diesel n'est pas ce qui se fait de mieux pour produire de l'air pur, mais tout de même, il est impératif de nuancer cette donnée.

Ce chiffre est issu du rapport publié en 2005 par le programme CAFE (Clean Air for Europe). Il indique pour la France 480 000 années de vies perdues et 42 090 décès prématurés. Les mesures des concentrations de particules fines prises comme référence dans les différents pays européens ont été réalisées en 1997. Les résultats finaux de l'étude ont été rehaussés de 25% afin d'être ajustés à l'année de la publication du rapport. Enfin, l'étude épidémiologique qui a servi de base au programme CAFE a été menée auprès d'1,2 million d'Américains entre 1982 et 1998.

D'où cette question : les résultats de cette étude ne sont-ils pas obsolètes, en 2013 ?



Les politiques roulent carrosse et la plèbe compte sur sa voiture



Une question qui doit être placée à la lumière des derniers progrès technologiques et des normes anti-pollution actuellement en vigueur. Concernant celles-ci, on rappellera que, tout les 4 à 5 ans, la norme Euro révise les seuils à la baisse afin de rendre les véhicules de moins en moins polluants. La norme actuellement en vigueur depuis le 1er septembre 2009 est la norme Euro 5. Elle a remplacé la norme Euro 4 qui sévissait depuis le 1er janvier 2005.

Le 1er septembre 2014, ce sera au tour de la la norme Euro 6 de prendre le relais. Tous les véhicules équipés d'un moteur diesel auront l'obligation de réduire leurs émissions d'oxydes d'azote de manière importante. Les émissions provenant des voitures et des autres véhicules destinés au transport seront plafonnées à 80 mg/km, soit une réduction supplémentaire de plus de 50% par rapport à la norme Euro 5.


Quant au progrès technologique, en 20 ans, les émissions de particules du transport ont diminué, selon des experts médicaux, de 39%. Alors que le trafic routier en France a augmenté entre 1990 et 2010, les émissions de particules ont diminué de 39%. Ces améliorations sont issues du renouvellement du parc automobile combiné à la réduction drastique des émissions de particules des véhicules neufs qui est de l'ordre de moins 97% à l'échappement entre les normes Euro 1 et Euro 5 imposées par l'Europe pour les véhicules Diesel.


Dès lors, en l'absence de travaux scientifiques récents sur le nombre de décès prématurés du à la pollution aux particules fines aujourd'hui, il est délicat d'avancer des chiffres. Mais ce qui est certain, c'est que grâce aux énormes efforts de l'industrie automobile, on se félicite de l'élimination de plus de 90% de la pollution en 20 ans. Et sachez, Messieurs et Mesdames les politiques qui roulaient carrosse, que la voiture est quelque chose d'essentiel pour la plèbe qui doit se déplacer pour accomplir les multiples tâches de sa vie quotidienne.