Bonjour Jimmy, tu peux nous parler un peu de toi pour que les lecteurs de Caradisiac te connaissent un peu ?


Bonjour à tous ! Moi, c’est Jimmy, 30 ans, célibataire. Originaire du Jura, j’habite maintenant à côté de Montpellier où je travaille comme ingénieur en risques naturels. Côté loisirs, assez classique : ciné, sorties, un peu de sport...


Entretien avec Jimmy, qui restaure une Alpine A110 de 1973

Jimmy et son père devant le train AR restauré


L'A110 ça représente quoi pour toi ? Tu veux bien nous faire une petite histoire du modèle ?

Pour moi, l’A110 c’est la sportive parfaite : un moteur relativement modeste mais un poids plume (625 kg environ), pas de superflu et une conduite toute en travers (j'ai eu la chance d'être passager sur 2 ou 3 courses de côte).

C’est Jean Rédélé, concessionnaire Renault qui a créé la marque Alpine afin de concevoir des voitures sportives en se servant d'éléments Renault : trains roulants, moteur… L’A110 utilise comme base des pièces de R8, sa coque est en polyester et est fixée sur un châssis-poutre, le moteur est positionné en porte-à-faux arrière.

L’A110 a été la première voiture à gagner le championnat du monde des rallyes créé en 1973 avec une 1800 Gr 4.

Entretien avec Jimmy, qui restaure une Alpine A110 de 1973

L'Alpine peu de temps après son achat en 1978


Tu peux nous raconter un peu l'histoire de ton Alpine A110 ? Les souvenirs que tu as de ton enfance ?

C’est une V85, donc le petit 1300 de la R12 TS. Elle est sortie de l’usine de Dieppe en Novembre 1973 dans une robe couleur Orange Agropolis et avec pour numéro de châssis 14205.

Mon père l’a achetée (20 000 francs !) en Décembre 1978, il était le troisième propriétaire. Il s’en est servi quotidiennement pour aller au travail et trimbaler la famille. Elle a plus de 230 000 km au compteur ! Puis, la famille s’est agrandie et l’Alpine n’était plus trop adaptée ; en 1990, il l’a garée dans le jardin de ma grande-mère (dans le Haut-Jura) sans trop savoir quoi en faire.

Pour mes souvenirs, je n’en ai pas de vraiment précis, mais je me rappelle que je l'ai rentrée une fois dans le garage, assis sur les genoux du papa. Ah, et aussi il m’amenait à l’école avec de temps en temps !


Entretien avec Jimmy, qui restaure une Alpine A110 de 1973

Sous la neige (date inconnue)


Qu'est-ce que tu as ressenti quand ton père te l'a donnée ?

Dès que quelqu’un contactait mon père pour acheter la voiture désormais à l’abandon, il répondait qu’il la gardait pour moi. Puis un jour, il m’a dit de prendre les décisions moi-même. Donc on peut dire qu’il me l’a donnée bien avant que je me lance dans sa restauration.

Officiellement il me l’a vendu en Août 2009… pour 1 euro symbolique ; sans doute la vente d’Alpine la moins chère du monde !

Entretien avec Jimmy, qui restaure une Alpine A110 de 1973

L'alpine quand Jimmy a commencé sa restauration en 2007


Quand tu t'es lancé dans cette restauration, tu te rendais compte de ce que ça représentait ? Tu avais des notions de mécanique ?

Clairement non ! Je savais qu’il y aurait du travail (en raison de ses conditions de stockage) mais je ne pensais pas galérer autant.

Pour mes connaissances, elles étaient surtout théoriques. Depuis tout gosse, je me suis intéressé à la mécanique, je dévorais des bouquins sur l’automobile. Après j’avais fait 2 ou 3 bricoles sur ma voiture de tous les jours mais jamais la démonter entièrement !


Tu as trouvé de l'aide sur le forum ?

J’ai décidé de m’inscrire un ou deux mois après le début de la restauration pour faire partager mon aventure mais aussi pour avoir des conseils : on peut dire que j’ai été gâté. Et puis, cela m’a permis de rencontrer des personnes formidables.


Tu es en section anciennes principalement, tu peux nous parler un peu de cette section ? Les sujets incontournables ? L'ambiance ? C'est difficile de se faire connaitre avec une restauration comme la tienne là-bas ? Qu'est-ce que les membres apprécient ?

Je lis surtout les topics de la partie Restauration. L’ambiance est excellente, car il y a beaucoup de diversité, c’est très différent d’un forum mono-marque qui est plus « fermé »

Pour les sujets incontournables, je vais éviter de les citer car il y en a tellement et j’aurais peur d’en oublier. Mais plus globalement, ceux qui me fascinent ce sont les restaurations qui partent de très loin ou alors lorsque leurs auteurs apprennent sur le tas la soudure, la mécanique… et font des miracles.

J’avoue avoir été surpris par l’engouement qu’a suscité ma restauration. Je pense que, plus que la voiture, c’est surtout l’aventure que cela représente (au début, faute d’équipements, on a abusé du système D !) et l’aspect affectif qui entoure l’Alpine : c’est la voiture de mon papa. Et puis, il faut avouer qu’on rigole bien !


Entretien avec Jimmy, qui restaure une Alpine A110 de 1973

Système D pour sortir le moteur



Ça fait un moment que tu es sur ta restauration, ça fait plaisir de voir un projet sur le long terme avancer... Mais pourquoi tant de temps ? Quelles ont été tes difficultés ?

J’ai commencé la restauration en Juin 2007. A cette époque, j’étais retourné chez mes parents, après mes études à Montpellier. Après avoir sorti le moteur, on a transféré l’Alpine dans un garage de 5 x 3 m, mais, dans aussi peu d’espace et sans électricité, hors de question de se lancer dans les grands travaux. De plus, peu de temps après, je suis redescendu m’installer à Montpellier. Donc je ne bossais sur la voiture que pendant mes vacances.

Finalement j’ai trouvé une place dans le hangar (tout équipé) d’un club de voitures anciennes, le Teuf Club Vaunageol, près de chez moi. Mes parents y ont emmené l’Alpine en Août 2009.

Les gros travaux ont enfin pu commencer. Mais travaillant en semaine, je ne pouvais bosser dessus que quelques heures le samedi... Donc cela a pris du temps.

En dehors du temps, l’autre point qui freine la restauration, c’est l’argent : le nerf de la guerre ! Étant donné les cotes folles qu’ont atteintes les A110, les pièces ont suivi la tendance, alors qu’à la base ça provient surtout de la R8. J’ai économisé énormément en faisant beaucoup de choses moi-même et en restaurant un maximum de pièces mais cela a ses limites.


Tu peux nous dire tout ce que tu as fait jusqu'ici ?

Beaucoup de choses ! Démontage complet, la coque et le châssis ont également été séparés (gros moment de stress). Le châssis, très rouillé, a été reconstruit en grande partie (par des amis alsaciens qui ont fait un travail formidable). J’ai changé le bloc AV, les ailes AR et la jupe, refibré les passages de roues, l’habitacle et les compartiments AV et AR ; je ne pensais pas faire les travaux de carrosserie mais vu le prix d’un professionnel j’ai du m’y mettre.

Le dessous a été passé à l’anti-gravillon. Les trains roulants et la boite ont été restaurés et toutes les pièces d’usure ou de sécurité remplacés. Fin Avril 2014, elle a retrouvé ses roues d’origine (jantes microbillées et pneus neufs).

A côté de cela, j’ai restauré pas mal d’éléments intérieurs : bloc ventilation, commodo, mécanisme d’essuie-glace… Ils attendent juste d’être remontés.

Entretien avec Jimmy, qui restaure une Alpine A110 de 1973

Ponçage de la coque


Tu penses pouvoir terminer quand ?

La question à un million ! La semaine dernière j’ai participé à un rallye de régularité organisé par le club et je me suis fixé pour objectif de faire celui de l’an prochain avec l’Alpine.

Il me reste les finitions sur la carrosserie pour l’envoyer en peinture, le moteur (plus qu’à le remonter avec des pièces neuves et en profiter pour lui donner un peu plus de patate), le faisceau (je vais m’en faire un neuf), la sellerie (là je vais demander à un sellier), … bref encore pas mal de travail.

C’est jouable quitte à faire l’impasse sur certains points pour qu’elle ait le strict nécessaire pour passer le contrôle technique.


C'est quoi un passionné auto pour toi ?

Pour moi, c’est quelqu’un qui ne considère pas la voiture comme un simple objet pour aller d’un point A à un point B, mais quelqu'un qui voit l'automobile comme quelque chose de fantastique qui rappelle des souvenirs ou fait rêver.


Et toi, tu es quel type de passionné ?

Dans un rassemblement de voitures, je suis comme un gosse ! Je m’émerveille à la vue d’une belle voiture, du bruit d’un moteur… Je pourrais discuter des heures avec d’autres passionnés. Bien qu’amoureux d’Alpine, puisque je baigne dedans, je ne suis pas focalisé sur cette marque (qui est devenue, selon moi, un peu trop élitiste du fait des cotes hallucinantes)...



Ta voiture de tous les jours c'est quoi ?

Une 206 HDI 110, plutôt sympa à conduire mais un enfer au niveau mécanique. A part pour faire la vidange et les filtres, je n’ose pas y toucher !


Au quotidien, comment tu expliques ta passion aux gens ? Ils te comprennent ? C'est difficile d'être passionné auto ?

Assez simplement, je dis juste que je restaure une ancienne voiture que mon père m’a donnée. Les gens comprennent : certains font du sport, d’autres de la musique, moi, je restaure une Alpine. Mes amis et collègues ont d’ailleurs tous réservé un tour dedans pour quand elle sera finie !

Est-ce que c’est difficile d'être un passionné auto ? Oui, car j’ai fait pas mal de sacrifices pour cette restauration (en terme de temps et d’argent).

Entretien avec Jimmy, qui restaure une Alpine A110 de 1973

L'A110 de Jimmy, dans son état actuel




PS : merci à tous ceux qui suivent ma restauration et bienvenue aux nouveaux lecteurs !

Merci Jimmy !