Tout commence début octobre, quand Uber, l'application de mise en relation des chauffeurs VTC et des particuliers, décide, de façon unilatérale semble-t-il, une baisse des prix de 20 % sur toutes les courses. Et ce en réponse aux offres commerciales agressives de taxis, eux-mêmes concurrencés par les VTC… L'appli concurrente Chauffeur-privé lui emboîte le pas assez logiquement.

Une première manifestation avait alors eu lieu le 9 octobre. Rebelote aujourd'hui. Depuis 6 heures ce matin, et jusqu'à 23 heures ce soir, ce sont environ 500 entrepreneurs de la branche, et leurs voitures, qui sont mobilisés. Bien peu, cependant, par rapport aux 10 000 qui sont inscrits sur Uber par exemple.

Réunis d'abord aux abords des aéroports de Roissy Charles-de-Gaulle et d'Orly, ils ont convergé vers 8 h 30 vers la porte Maillot, traditionnel et désormais presque symbolique lieu d'expression pour les professionnels de la route. Cela a conduit à quelques difficultés de circulation sur les autoroutes A1 en direction de Paris et A106 depuis Orly, toujours en direction de la capitale.


Leurs revendications sont assez simples. Ils demandent au gouvernement, avec l'espoir de se faire entendre, un encadrement et un minimum de réglementation concernant les tarifs, qui sont aujourd'hui fixés par les éditeurs et gestionnaires d'applications mobiles. Au premier rang, Uber bien sûr, mais aussi Chauffeur-privé, allocab ou lecab.

Uber est principalement visée, elle qui concentre le plus de chauffeurs, et de clients. Pour les porte-parole de l'association "Association solidaire de chauffeurs indépendants VTC", une des 4 à l'origine de l'appel à manifester (avec SETP, CAPA-VTC et Actif-VTC), il y a déjà eu "de nombreux refus de dialogue de la part des plateformes destructrices de [leur] profession" et il faut "passer au-dessus de ces gens-là et alerter les pouvoirs publics sur [leur] situation catastrophique".

L'association CAPA-VTC parle d'une entreprise qui "paye 0,00 € d'impôt en France" et qui "veut imposer ses propres lois du travail en tirant les tarifs vers les profondeurs".

Farid Aïeche, président de la SETP (Syndicat des exploitants du transport de personnes) affirme : "Nous resteront porte Maillot avec l'espoir de nous faire entendre, on s'en remet au gouvernement uniquement" afin "d'encadrer et réglementer" l'activité des VTC "au niveau des tarifs et des lois".


Concrètement, les revendications sont les suivantes :

  • Tarification réglementée (15 € minimum et 1,50 €/km minimum)
  • Fin des applications Heetch et équivalent (même principe que UberPop, c’est-à-dire possibilité pour des particuliers de devenir chauffeurs, ndlr)
  • Clarification de la loi Thevenoud concernant la responsabilité des applis de maraude


Très clairement, en diminuant les prix de façon non concertée, et sans réduire le pourcentage de la commission prélevée (20 %), les gestionnaires des applications ont mécaniquement fait baisser le salaire des chauffeurs.

Leur seule défense consiste à dire que la baisse du prix des courses dopera l'activité en augmentant le nombre de clients, et donc l'activité, sans conséquence donc pour la rémunération finale des professionnels.

Une affirmation qui se discute, surtout dans les cas des chauffeurs qui n'ont pas la possibilité d'effectuer plus de courses, sauf à travailler plus longtemps…

Les syndicats et associations affirment qu'ils ne partiront pas de la porte Maillot sans un accord écrit du gouvernement.

En attendant, Uber a majoré le prix de ses courses aujourd'hui (selon certains observateurs, mais difficile de le confirmer), en raison d'un nombre moins important de chauffeurs. Ironie du sort…