Les négociations d’hier entre syndicats et direction auront duré pas moins de neuf heures au siège de La Défense du pétrolier Total, neuf heures après lesquelles CGT et FO, après la CFDT lundi, ont finalement appelé à lever la grève qui durait depuis sept jours. Toutefois, SUD traîne encore les pieds, il revient de plus aux salariés eux-mêmes de voter ou non pour la reprise du travail et les risques de pénurie à cout terme ne sont pour autant pas totalement écartés.

Total, par la voix de son PDG Christophe de Margerie, s’est engagé à ne fermer et à ne vendre aucune raffinerie française dans les cinq années à venir, à l’exception de celle de Dunkerque. Après que la CFDT soit sortie du mouvement dès lundi, cette avancée a été jugée « suffisante » hier pour Charles Foulard, coordinateur national CGT au sein de Total : « La direction est prête à s'engager à présenter un plan d'investissement sur cinq ans avec aucune réduction de capacités sur cette période, ni de vente ou de fermeture de raffinerie » avant de conclure « les conditions sont réunies pour lever la grève chez Total ». FO de son côté a aussi appelé à reprendre le travail. Seul un syndicat, majoritaire à Dunkerque, fait encore de la résistance : il s’agit de SUD qui juge la conclusion des négociations insuffisante et se refuse à appeler à une reprise de l’activité.

Il revient toutefois aux salariés eux-mêmes de décider s’ils souhaitent reprendre le travail ou non lors d’assemblées générales qui auront lieu aujourd’hui même dans chaque raffinerie, entre midi et 14h. Pour la raffinerie des Flandres, son sort et celui de ses salariés sera connu lors du comité central d’entreprise qui a été reprogrammé plus tôt, passant du 29 au 8 mars.

Le spectre de la pénurie de carburant disparaît-il pour autant ? Jean-Louis Borloo, ministre de l’Energie, et Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières, en sont convaincus, d’autres moins, comme l’Union des importateurs indépendants pétroliers. En cas de vote des salariés contre la reprise du travail, cette dernière estimerait à cinq jours de plus le délai avant d’aboutir à une rupture de stock, une raffinerie arrêté nécessitant un délai entre son redémarrage et le retour à une production normale. Hier soir, le nombre de stations-service en rupture de stock pour au moins un carburant avait doublé en 24 heures, passant de 132 à 259 sur les 12 700 que comprend le territoire français.