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DESIGNERbyBELLU - Géo Ham, Hamicalement vôtre

Dans Futurs modèles / Design

Serge Bellu

Allez ! Un petit effort. Il faut aller chercher un peu plus loin que les voitures qui ont bercé notre jeunesse et savoir débusquer les chefs-d’œuvre dans un passé plus lointain. Il y a avant la Seconde Guerre mondiale des créateurs qui méritent notre souvenir et des créations qui peuvent accéder au Panthéon de la carrosserie.

Delahaye 135
Delahaye 135

Ce matin-là, le petit Georges ne tient pas en place. Il n’a pas encore treize ans et il pressent qu’il va assister à un spectacle extraordinaire. Ses parents, qui tiennent un commerce de « nouveautés » rue de la Paix, ferment leur boutique de bonne heure. Déjà la foule se dirige vers la place de l’Hôtel de Ville de Laval. On attend 10 000 spectateurs… Ce dimanche 13 mai 1913, l’Automobile Club de la Sarthe et de l’Ouest de la France (le futur A.C.O.) organise une réunion sportive à laquelle vont participer une cinquantaine de voitures et de motos. L’épreuve se déroule en ville, sur une montée d’environ un kilomètre. Plusieurs pilotes de renom ont fait le déplacement. On retrouve Ernst Friedrich, un ami d’Ettore Bugatti qui a participé à l’élaboration de la première voiture portant son nom.

Géo Ham.
Géo Ham.

Mais la grande vedette du Meeting est Georges Boillot, l’un des piliers de l’équipe Peugeot. Il a gagné le Grand Prix de l’Automobile Club de France, l’année d’avant, et en 1913 il domine encore la scène sportive. En juillet, à Amiens, il remportera le Grand Prix de l’A.C.F. sur une Peugeot 5,6 litres et en septembre il décrochera la Coupe de L’Auto sur une 3 litres. À Laval, Peugeot a dépêché une voiture de l’année précédente, la 7,6 litres qui s’est illustrée à Brooklands. Sans surprise, c’est avec ce monstre que Boillot réalise le meilleur temps du meeting…

Le gamin est aux premières loges. Dans un nuage de poussière, chauffé par les échappements, il s’enivre des vapeurs d’essence et du vacarme des mécaniques. Sur un cahier de dessin ou au dos de cartes postales, le petit Georges fixe ces moments d’émotion, relate ses effrois en figeant les postures déformées des machines d’un trait de crayon assuré, d’une coulée de gouache déjà subtile.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, après avoir suivi les cours de l’École des arts décoratifs, Georges Hamel est devenu un professionnel reconnu. Désormais il signe « Géo Ham ». Après les futuristes italiens, après Édouard Montaut, après Jacques-Henri Lartigue, il devient à son tour un témoin de la transformation du monde sous l’empire de la vitesse. Il peint les scènes sportives en mêlant gravité et humanité dans un mouvement toujours étourdissant. Ses gouaches traduisent la vitesse avec vigueur, mais toujours avec délicatesse dans la coloration. En quelques traits vifs, il croque ses contemporains avec justesse. Géo Ham élabore d’innombrables affiches pour les épreuves sportives, notamment les Grands Prix de l’A.C.F. Ses instantanés sur le thème de l’aviation ou de l’automobile apparaissent dans la presse spécialisée pour illustrer les reportages ou les pages de publicité. Géo Ham brosse sa première couverture pour Omnia en 1920, puis il est intégré à l’équipe de L’Illustration en 1928. En 1931, Géo Ham devient le peintre officiel de l’armée de l’air, ce qui lui vaut de composer pendant plusieurs années les affiches pour la « Fête de l’Air » de Villacoublay. Parfois, la machine se perd dans le décor…

En 1934, Géo Ham prend le départ des 24 Heures du Mans au volant d’une Derby à moteur V8. La passion de la vitesse n’est plus seulement contemplation. En 1949, il illustre avec lyrisme le magistral ouvrage de Roger Labric sur Les 24 Heures du Mans. Après quoi, Géo Ham réalisera les affiches officielles pour les 24 Heures de 1951 à 1957. Au fil des années, le dessin se libère, déforme les proportions, accentue les contrastes, ignore la perspective, oublie le réalisme. Le mouvement prend le dessus.

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Delahaye 135M
Delahaye 135M

Connu et reconnu comme illustrateur, Géo Ham est moins célèbre dans son rôle de styliste. Pourtant, à la fin des années 1930, il se distingue par une création éblouissante qui contribue à édifier la notoriété de la maison Figoni & Falaschi : le roadster à ailes carénées qui est établi sur plusieurs châssis Delahaye, Delage et Talbot Lago. Le style de Géo Ham, à la fois classique et flamboyant, mêle faux modernisme et vrai panache. Les ailes s’inspirent des habillages des trains d’atterrissage d’un avion contemporain, l’Arc-en-Ciel de René Couzinet. Le premier exemplaire est exposé au Salon de Paris 1936 dans une exubérante livrée rose et orange. Dix autres roadsters, baptisés « phaétons grand sport », seront exécutés sur le même thème, de préférence sur la version courte du châssis 135 Compétition (puis 135 MS), mais quelquefois aussi sur le châssis long. Selon les souhaits du client, les phares sont soit encastrés au bout des ailes, soit accrochés aux flancs de la calandre. Ce dessin sera appliqué à une conduite intérieure que l’on voit à la couverture du numéro d’octobre 1936 de L’Illustration. Malgré les effets et les surcharges, malgré un futurisme parfois simpliste et une sensualité trop démonstrative, ces carrosseries séduisent par leur générosité.

Avec plus de retenue, Géo Ham avait déjà ébauché un beau roadster sur la base de l’Amilcar Pégase Grand Sport, le « Racer ». Également réalisé par Figoni & Falaschi, ce prototype exposé au Salon de l’Automobile 1935 n’aura pas de suite commerciale.

Peugeot 403
Peugeot 403

Après la Seconde Guerre mondiale, Géo Ham dessine une barquette pour Marcel Grolleau, un des nombreux artisans qui bricolent des voitures de sport en utilisant des mécaniques Simca Huit. À la même époque, à la fin des années 1940, Géo Ham aide le carrossier Renard & Bec à moderniser un cabriolet « Traction Avant ». Vers 1955, Géo Ham est sollicité par Émile Darl’Mat qui a déjà initié plusieurs séries spéciales pour Peugeot.

Peugeot 203
Peugeot 203

Quand ce concessionnaire parisien souhaite proposer un coupé sur la base de la 203, il se tourne vers Géo Ham qui trace une ligne très conventionnelle. Cinq exemplaires seulement seront confectionnés, car chez Peugeot, la sortie prochaine de la 403 stigmatise toutes les énergies et éclipse les initiatives isolées…

Géo Ham se focalise à nouveau sur la peinture, continue de croquer ses contemporains, parfois avec un humour qui confine à la caricature. Georges Hamel s’éteint le 24 juin 1972 ; l’œuvre de Géo Ham lui survit.

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