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Gilets jaunes : non, ils ne sentent pas le gazole

La France des gilets jaunes, j'en ai traversé un petit bout ce samedi à moto, de péages en ronds points. Avec la nette impression que l'on n'a pas fini de les voir...

Gilets jaunes : non, ils ne sentent pas le gazole

Les gilets jaunes, je voulais y être. Pas "en être", trop Téfal pour adhérer à quoi que ce soit, plutôt sympathisant du mouvement mais souvent rebuté par ces porte-paroles intronisés par Facebook, qui racontent n'importe quoi sur l'air de la Carmagnole. Faut-il touiller dans le saladier tout neuf d'un président élu voici 18 mois, des maux vieux de trente ans avec les misères de la crise de 2008.

Avant de prendre la route, j'avais vu une hypnothérapeute accuser Macron de se servir "du pognon qu'on leur donne" pour renouveler la vaisselle de l'Elysée. Puis, plus tard, le rendre responsable du décès accidentel qui venait d'avoir lieu en Savoie. Vu aussi une mère de famille affirmer qu'il fallait à tout prix éviter la guerre civile tout en semblant en avoir follement envie. Et un barbu certifier que la hausse récente du carburant, c'était "pas tellement" celle du pétrole.

A vue de nez, une organisation de type horizontal ne favorise pas la hauteur de vue...

D'un autre côté, la hauteur de la position ne garantit pas la profondeur. J'avais été choqué par les commentaires méprisants de quelques hommes politiques et par les analyses "avec des pincettes" délivrées par certains hauts journalistes qui semblent leur trouver une odeur de gazole. Untel prophétise la veille du jour J que le mouvement périra de son hétérogénéité. Un autre, tremblez bourgeois, évoque sa similitude avec les croquants de la révolution française. 

Bref, j'avais besoin de voir et d'entendre. Le gilet, je ne le porterai pas, mais il sera coincé entre les compteurs et la bulle de la moto. En signe de solidarité, sans la moindre ironie mais avec un poil d'hypocrisie : pour ne pas rester coincé.

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Raz le bol et bonne humeur. 

En plus, ça tombait bien, j'avais à faire en Picardie, 160 km au Nord de Paris. Impossible d'y aller en voiture, j'irais donc à moto par les départementales. Avec mon gamin qui veut voir sa grand-mère.

On ne les a pas vus tout de suite. Quais de Seine, A86, A1, ça roule incroyablement bien pour un samedi après midi. Où sont-ils ? Encore une exagération des médias ?

Puis, un peu après Roissy, le bouchon. Interminable : vingt kilomètres à remonter entre deux files qui avancent au ralenti. Au bout du tunnel de camions, la lumière, l'autoroute vide à perte de vue et en débouchant timidement de l'embouteillage, une scène surréaliste : deux Mégane de police blanches roulant au trot, suivies de près d'une masse compacte de motards en jaune : les mêmes qui bloquaient le périphérique pour protester contre le mini brassard fluo obligatoire ?

La voie de gauche étant laissée libre, nous dépassons le cortège couleur oeuf au plat pour filer seuls vers la sortie Senlis, sur un ruban parfaitement vide de toute circulation. Au péage, barrières levées, le ton est donné : raz le bol et bonne humeur, barbecue et "raz le cul". On discutera plus loin, ici, il faut que ça circule.

 

"Quand on se serre la ceinture, on ne peut plus baisser son froc"

Dix kilomètres plus loin, ça coince au rond point. On la joue à la parisienne, remontant la file en douceur devant les gendarmes - faites comme si je n'étais pas là -et arrivé au niveau du barrage, je demande niaisement la direction de Montdidier - comme si je ne la connaissais pas. On me l'indique en écartant les palettes, mais pas moyen de discuter : il faut libérer le passage.

Un slogan noté au passage : "Quand on se serre la ceinture, on ne peut plus baisser son froc". Celui là, j'aurais aimé le trouver...

Deuxième rond point, ambiance tout aussi bon enfant. Un peu à l'écart, les gendarmes ont l'air de se cailler le ceinturon. A leur place, j'irais me réchauffer avec le peuple auprès du brasero allumé à dix mètres. Ce bidon flambant irradiant sa chaleur me fait penser aux terrasses chauffées au gaz des cafés parisiens.

Au fait ! On autorise les bistrotiers de toutes les grandes villes à bruler en plein air des kilotonnes de gaz de ville et de butane sans compter le C02 pour réchauffer la clientèle de leurs terrasses café-clope et "en même temps" on colle 8 centimes au gazole et on promet d'interdire les chaudières au fioul pour lutter contre le réchauffement climatique. Ou pour réduire la pollution urbaine. Ou bien la dépendance énergétique au pétrole, ça change tous les jours et du coup, le message ne passe pas.

Gilets jaunes : non, ils ne sentent pas le gazole

 

La cueillette des champignons 

Plus loin, en pleine campagne loin de toute grande ville, aux confins de l'Oise et de la Somme, un barrage ne bloque pas grand monde. Pas de centre commercial à coincer, pas de route stratégique. Des gilets jaunes cueillent des champignons autour du rond point, d'autres papotent avec les gendarmes. Garées sur les bas côtés alentours, leurs voitures qui ne pourraient plus circuler dans Paris, à 60 km d'ici à peine. De la bagnole démodée, de la Xantia, de la 306, de la Twingo 1 et de la Clio 2, des machins qui ne valent plus grand chose mais rendent service et que le gouvernement veut envoyer à la casse en échange de deux ou quatre billets de mille.

Pourquoi dépenser autant d'argent quand les caisses de l'Etat sont vides ? Faut-il absolument ferrailler ces voitures qui consomment 6 ou 7 l aux cent et les remplacer par d'autres qui consomment elles aussi 6 ou 7 l aux cent et par conséquent émettent autant de C02 ? Le climat s'en portera t-il mieux ? La pollution des villes ? Quelles villes ? Amiens est à 100 km et on ne respire pas si mal à Compiègne distante de 30 km.

Cet argent ne serait-il pas mieux employé à rouvrir des bureaux de poste, à maintenir des perceptions, des trains, des gare ou des tribunaux, à alléger les taxes du petit commerce rural qui, ici comme ailleurs, crève en masse ? Ceux qui manifestent esseulés sur ce giratoire, est-ce d'une nouvelle voiture tout aussi gourmande mais plus propre qu'ils ont besoin ?

A ce qu'ils en disent, ce serait plutôt d'une présence plus forte de l'Etat et des services publics, d'un soutien de la puissance publique, de taxes plus en rapport avec leurs revenus. Et aussi de considération.

 

La coupe est pleine, mais de quoi ? 

On lit partout que la hausse des carburants n'a été que la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Mais de quoi est-il rempli ce vase ? Pourquoi ne déborde t'il que maintenant et pas sous l'ère du président bling-bling des lève-tôt ni plus tard sous celle du président normal qui se couche tard ? Après tout, les carburants ont déjà été plus chers et les taxes ne se sont pas multipliées, certaines même disparaissent ou diminuent. Et ni le délabrement rural ni la galère péri urbaine ne datent de cet automne.

Alors quoi ? Alors Macron, dont le nom s'inscrit dans tous les rassemblements. Macron désigné, après 18 mois de mandat, responsable de maux, taxes et injustices plus vieux que son baccalauréat. C'est injuste certes, mais Pompidou et Mitterrand ne répondent plus au téléphone et Giscard devient dur d'oreille.

Du reste, ce président trop beau, trop jeune, trop moderne et intelligent n'a t'il pas sa part de responsabilité dans cette colère jaune ? A force de vanter la start up nation, le mouvement et la transformation, n'a t-il pas un peu oublié de prendre en "considération" la France qu'on n'ose plus dire d'en bas, celle qu'on n'appelle plus la province ni même les régions mais "les territoires" comme pour signifier leur éloignement et leur enclavement pour ne pas dire leur relégation ?

N'est ce pas de ce désintérêt, et aussi de petites phrases plus ou moins moqueuses ou insultantes que s'est emplie la coupe ?

L'éclosion des gilets jaunes, n'est elle pas aussi, ironie de l'histoire qui les rendit obligatoires dans nos boites à gants, une revanche suite aux conquêtes de l'auto-phobie triomphante.

Auto-phobie, comment qualifier autrement cette vague qui depuis le printemps additionne contrôle technique durci et renchéri, limitation à 80 km/h, voitures radars et, cornichon sur le gâteau, priorité inconditionnelle au piéton ? Une vague qui a percuté de plein fouet l'autophilie contrainte de ceux qui, sans la voiture, "ne sont rien" comme dirait notre sympathique président.

 

Gilets jaunes : non, ils ne sentent pas le gazole

De retour le dimanche soir, en nous réchauffant devant la télévision, nous regardions le premier ministre annoncer qu'il gardait le cap.

Y aura t'il des gilets jaunes à Noël ? C'est bien parti pour...

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