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Radars automatiques : un bilan de plus en plus opaque

Dans Pratique / Radars

Stéphanie Fontaine , mis à jour

Le bilan du système automatisé a été, en partie seulement, dévoilé fin juillet par la Sécurité routière. C'est bien simple, par rapport aux années précédentes, manquent à l'appel la plupart des statistiques. Selon cette communication officielle, les fortes hausses des flashs (25,64 millions, +26,3 %) et des PV (16,05 millions, +20,6 %) - et donc des recettes (920 millions d'euros, +16,6 %) - en 2016 s'expliquent en grande partie par l'utilisation accrue des nouveaux appareils, en particulier celle des radars chantiers (en plus des "mobiles mobiles" et des fixes double sens). Les performances de ces autonomes ne sont toutefois pas sans susciter quelques inquiétudes. Car nombre de leurs photos se révéleraient inexploitables, ou en tout cas inexploitées ! Pour quelles raisons ? Seraient-ils générateurs de multiples erreurs ? Pour la première fois depuis longtemps, il est d'ailleurs à noter que le taux de transformation des flashs des radars - quels qu'ils soient - en de véritables PV est en recul par rapport à 2015, alors que jusque-là cet indicateur n'avait de cesse de s'améliorer d'année en année…Même si cette communication n'en reste pas moins partielle, il est toutefois à noter que la Sécurité routière s'est finalement décidée, il y a quelques jours, à rendre public le nombre de messages d'infraction enregistrés par chaque radar fixe (cabine classique, discriminant et vitesse moyenne) l'an dernier. En conséquence, Caradisiac a publié le classement des 100 appareils les plus flasheurs en 2016 et les ceux qui flashent le plus et le moins dans chaque département.

Radars automatiques : un bilan de plus en plus opaque

La reprise médiatique des quelques chiffres révélés tardivement, le vendredi 28 juillet, veille de grands départs en vacances, par la Sécurité routière sur les radars automatiques ne doit pas masquer la grande opacité dont elle fait preuve sur le sujet. Quelles sont les statistiques détaillées radar par radar ou même par famille de radars - les fixes, les discriminants, les vitesses moyennes (également nommés tronçons), les autonomes (ou chantiers), les mobiles (ceux que l'on surnomme les "mobiles mobiles"), les embarqués (les mobiles d'ancienne génération), les feux rouges, les passages à niveau ? Combien de flashs, combien de contraventions pour chaque instrument ou même pour chacune de ces familles ? Pour l'heure, le ministère de l'Intérieur refuse catégoriquement de communiquer toutes ces données, alors même qu'elles sont consolidées depuis des mois.

Il s'agit pourtant, comme l'a maintes fois rappelé la Commission d'accès aux documents administratifs (Cada), l'autorité à saisir en cas de pareil refus de la part de l'administration, d'informations contenues dans des "documents communicables à toute personne qui en fait la demande". Mais depuis quelque temps, Beauvau s'en sort en prétextant qu'ils "n'existent pas en l'état et ne pourraient être obtenus qu'à l'issue d'un travail de retraitement long et substantiel".

Il est drôle de constater dans ce contexte le détail des maigres informations divulguées. La Sécurité routière se montre ainsi capable de livrer le classement des 10 radars de vitesse fixes qui ont "le plus flashé" et celui des 10 qui ont "le moins flashé" en 2016, imitant en cela ce qu'avaient l'habitude de publier les journaux à l'époque où ils avaient eux-mêmes accès à la majeure partie de cette base statistique.

Beaucoup plus d'infractions constatées et donc de PV !

Pour justifier les recettes records du contrôle automatisé, dévoilées à 920,3 millions d'euros par la Cour des Comptes il y a quelques semaines, et qui proviennent de la forte hausse des messages d'infractions enregistrés l'an dernier (25,6 millions de flashs, soit +26,3 % par rapport à 2015), la Sécurité routière avance également trois raisons, avec moult précisions relativement accessoires. Ce boom des infractions constatées, c'est ainsi "la conséquence" de :

- "la mise en service des 181 radars autonomes supplémentaires", ainsi que

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- "la mise en double sens de près de 400 radars fixes", lesquels, prend-elle soin d'ajouter, "ont généré 2,5 millions de flashs", et

- l'augmentation des voitures radar, avec "124 véhicules supplémentaires".

Comme le démontre notre tableau récapitulatif des statistiques du contrôle automatisé (CA) sur les trois dernières années (cf. ci-dessous), il manque toutefois, dans cette communication officielle, pas mal de données pour 2016. Et encore… les chiffres qui apparaissent en italique sont des déductions auxquelles nous sommes parvenus grâce aux chiffres communiqués par le passé !

Les statistiques globales du contrôle automatisé (CA)

Année 2014   2015   2016  
Type de radars Nombre de PV Nombre de flashs Taux de transfor-mation Nombre de PV Nombre de flashs Taux de transfor-mation Nombre de PV Nombre de flashs Taux de transfor-mation
Vitesse (en général) 11 929 279 19 144 917 62,3 % 12 697 083 19 083 280 66,5 % NC 24 515 066 NC
Fixes classiques 6 846 193 10 892 561 62,9 % 7 305 116 10 936 197 66,8 % NC 13 719 619 NC
Fixes discriminants 1 088 395 3 087 511 35,3 % 1 376 832 3 013 777 45,7 % NC 2 467 195 NC
Fixes vitesse moyenne (ou tronçons) 257 711 316 655 81,4 % 372 805 444 204 83,9 % NC 359 804 NC
Mobiles Embarqués 3 244 101 4 046 142 80,2 % 2 417 910 2 956 349 81,8 % NC 2 531 638 NC
Mobiles Mobiles 492 879 802 048 61,5 % 1 140 268 1 527 453 74,7 % NC 1 936 810 NC
Chantiers (ou autonomes) Ils n'existaient pas

84 152 205 300 41,0 % NC 3 500 000 NC
Feux rouges et Passages à niveau 628 436 1 227 868 51,2 % 608 844 1 160 923 52,4 % NC 1 124 934 NC
Feux Rouges + Passages à niveau 615 801 1 210 436 50,9 % 590 861 1 136 336 52,0 % NC NC NC
Passages à niveau 12 635 17 432 72,5 % 17 983 24 587 73,1 % NC NC NC
Total radars automatiques 12 557 715 20 372 785 61,6 % 13 305 927 20 244 203 65,7 % 16 050 000 25 640 000 62,6 %

Source : à partir des données transmises par le ministère de l'Intérieur (et tableau réactualisé en fonction des flashs des radars fixes publiés par la suite).

"NC" pour chiffre "non communiqué" (et sans possibilité de le déduire).

De grandes inconnues autour du boom des "chantiers"

Parmi les chiffres généraux que la Sécurité routière a consenti à partager cette année, on dispose du seul nombre total de radars automatiques – 4 398, quel que soit le type d'instruments - en service sur le territoire au 31 décembre 2016 - soit au bas mot 200 de plus qu'en 2015. Et l'on sait également qu'à eux tous, ils ont enregistré quelque 25,64 millions d'infractions, que toutes ces photos n'ont toutefois pas été transformées en de véritables PV, puisqu'elles ont généré – chiffre toujours donné à la louche - 16,05 millions de contraventions.

Cela représente d'ailleurs, contrairement à ce qu'affirme la Sécurité routière, une contre-performance par rapport à 2015. Comme indiqué ci-dessus, cela signifie que le taux de transformation (des flashs en de véritables PV) s'est en effet établi à 62,60 % en 2016, alors qu'il s'élevait à 65,73 % l'année précédente.

Serait-ce l'impact des nouveaux radars de chantier - de véritables serial flasheurs par ailleurs – qui plomberaient ainsi cet indice de performance ? Si l'on en croit les maigres informations que l'on a pu récolter à leur sujet, près de 60 % de leurs clichés partiraient en effet à la poubelle. Pourquoi ? Y aurait-il davantage de photos mal cadrées, floues ou de mauvaise qualité qu'avec les autres radars de vitesse dont les taux de transformation oscillent entre 67 et 84 % ? Généreraient-ils davantage d'erreurs, notamment avec des vitesses limites autorisées mal paramétrées, imposant davantage d'annulations ? Ou s'agirait-il d'une volonté du Centre de Rennes de limiter ces conversions devant les scores vertigineux de ces nouveaux appareils ? Mystère…

Moins de flashs transformés en de véritables PV !

"L’année 2016 a connu une variation négative du ratio ACO/MIF [entendez, ratio avis de contravention/messages d'infraction, NDLR] principalement en raison de l’augmentation massive des volumes à traiter : des actions correctives ont été engagées avec l’ensemble des partenaires pour inverser cette tendance", se contente de signaler l'Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai), l'établissement public sous tutelle de Beauvau en charge justement de la gestion du Centre national de Traitement (CNT) de Rennes, dans son rapport d'activité pour 2016, publié le 3 août. Le CNT se trouverait-il ainsi au bord de la surchauffe ? Ce serait d'autant plus cocasse que le nombre de messages d'infraction à traiter est voué à continuer à s'accroître fortement au moins jusqu'en 2018 (voir plus loin) !

Le comble, c'est qu'en l'état actuel de nos informations, nous n'aboutissons même pas au même ratio ACO/MIF que celui de l'Antai. En l'occurrence, celle-ci le donne à 64,60 %, en baisse de 3,6 points par rapport à 2015, alors que de notre côté, comme déjà évoqué, nous arrivons à un taux de transformation de 62,60 %, en recul de "seulement" 3,1 points !

Pour en revenir aux seules performances des chantiers, jamais aucune sorte de radars n'avait en tout cas été capable d'autant crépiter. Même le record de 2008, à plus de 200 200 flashs, jusque-là inégalé de la cabine des Adrets de l'Estérel sur l'Autoroute A8, dans le Var, "seulement" troisième l'an passé avec 116 288 déclenchements, paraît bien terne en comparaison… Le champion toutes catégories 2016 est donc bel et bien "un radar autonome, déplacé 5 fois aux abords du chantier du doublement de l’autoroute A9, à proximité de Montpellier", précise la Sécurité routière, avec un total de "411 352 flashs en un an", ce qui a dû donner lieu, selon nos calculs, à au moins 170 000 PV, à raison d'une moyenne de 466 prunes par jour !

L'évolution de la performance du contrôle automatisé (CA)

Année 2006 2008 2010 2012 2 013 2 014 2 015 2 016
Nombre total de radars 1 279 2 300 3 081 4 020 4 150 4 215 4 200 4 398
Taux de transformation en % 46,62 % 48,98 % 51,44 % 57,55 % 59,09 % 61,64 % 65,73 % 62,60 %
Moyenne annuelle de flashs par radar 10 399 7 457 5 860 5 284 4 565 4 833 4 820 5 821
Moyenne annuelle de PV par radar 4 848 3 652 3 014 3 041 2 697 2 979 3 168 3 649

Source : à partir des données transmises par le ministère de l'Intérieur.

Les retombées de ces radars chantiers - que l'on nomme donc également "radars autonomes" - sont particulièrement importantes pour les performances générales du contrôle automatisé. Alors que le nombre d'infractions constatées par chaque appareil automatique avait tendance à décliner d'année en année depuis l'instauration du système en 2003 (cf. notre tableau ci-dessus), et ce malgré l'apparition régulière de nouveaux types d'instruments, la propagation de ces nouveaux engins a cette fois complètement changé la donne. Grâce à eux, la moyenne de flashs générés par chaque radar remonte ainsi fortement de 4 820 à 5 821 (+20,7%), permettant de retrouver des niveaux comparables à ceux que l'on pouvait connaître il y a plus de cinq ans !

Selon le rapport 2016 de l'Antai, il y avait 230 autonomes en service l'an dernier, en plus des 2 051 fixes (dont 600 double sens), 373 discriminants, 101 tronçons (ou vitesses moyennes), 501 mobiles embarqués, 383 "mobiles mobiles", 706 feux rouges et 80 passages à niveau, correspondant ainsi à un total de 4 398 automates. Ce qui reste moins que ce qui était initialement prévu.

Selon le dernier projet de loi de Finances, le parc devait en effet être "constitué à la fin de l’année 2016 de 4 450 équipements et à la fin de l’année 2017 d’environ 4 600 équipements ; l’objectif de la mesure n° 3, décidée lors du conseil interministériel de la sécurité routière du 2 octobre 2015, de 4 700 radars [devant être] atteint fin 2018." Vu ces objectifs, on peut en tout cas d'ores et déjà s'attendre à ce que les chiffres records de 2016 soient battus dès cette année !

Les articles et les liens utiles sur le sujet :

- Le top 10 des radars fixes les plus flasheurs.

- Les recettes records du contrôle automatisé en 2016.

- Les statistiques 2014, les derniers chiffres détaillés connus du contrôle automatisé.

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