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Tempelhof : de l'aéroport mégalo à la course auto

Dans Sport Auto / Formule E

Michel Holtz

C’était le plus grand aéroport du monde. Sous la férule de l’architecte de Hitler il déployait ses ailes au long d'un hangar discontinu sur 1,7 km. À l’occasion de l’arrivée en Europe du championnat du mode de Formule E qui débarque ce week-end  sur l'aérogare de Berlin Tempelhof aujourd’hui désaffecté, retour sur un symbole, entre nazisme, guerre froide et secours aux réfugiés.

Une architecture censée représenter un aigle aux ailes déployées.
Une architecture censée représenter un aigle aux ailes déployées.

 

C’est le plus ancien aéroport commercial au monde, avec sa piste poussiéreuse ou quelques avions se posent dès 1923. Mais une décennie plus tard, avec l’arrivée au pouvoir du parti nazi, la base aérienne du quartier de Tempelhof à Berlin change de statut. L’idée de Hitler est aussi simple que mégalomane : il veut, pour sa capitale, le plus grand aéroport au monde, et charge son architecte en chef, Albert Speer de le concevoir.

5 ans de travaux pour construire un géant

Ce dernier a une idée en tête : celle d’un aigle déployant ses ailes, et il en confie la réalisation à l’un de ses collègues : Ernst Sagebiel. Pendant 5 ans, entre 1936 et 1941, ils conçoivent et construisent leur projet délirant. Les ailes déployées de leur aigle est constitué d’un énorme hangar unique de 1,7 km de long, du jamais vu. De quoi abriter les comptoirs, les départs, les arrivées et les hangars de dizaines d’avion quotidiens. Mais lorsque le Tempelhof est achevé, l’Allemagne est en guerre. Le site géant n’accueille que des avions militaires et les ateliers de fabrication de ces mêmes avions. Une construction confiée à des prisonniers logés dans 20 baraquements posés à même le tarmac.

La noria d'avions ravitaille Berlin pendant le blocus.
La noria d'avions ravitaille Berlin pendant le blocus.

Évidemment, au moment de la libération de Berlin par les Russes en 1945, Tempelhof est l’un des premiers objectifs des troupes de Staline. Mais rapidement, l’aéroport va changer de main et d’histoire. Trois ans après la fin de la seconde guerre mondiale, les alliés ne le sont plus du tout. En 1948, la guerre froide démarre, et les Russes décident de couper Berlin du monde occidental.

Alors, après avoir été le symbole du nazisme, Tempelhof est devenu celui du secours occidental aux Berlinois laissés sans ressources. Pendant un an, un pont aérien permet d’acheminer vers la capitale allemande toutes les denrées nécessaires aux habitants de la ville. Au plus fort de cette crise, ce sont près de 13 000 tonnes de marchandises qui sont acheminées en 24 heures par 1 398 avions qui se posent à Tempelhof. Toutes les minutes, un DC 3 américain ou anglais atterrit sur l’une des deux pistes. Il ne reste au sol que 30 minutes avant de repartir à vide et de revenir quelques heures plus tard.

Un an plus tard, la noria s’arrête. Les Russes autorisent à nouveau l’accès terrestre et Berlin n’est plus isolé. Mais le transport terrestre vers cet îlot occidental au milieu de l’Allemagne de l’Est reste compliqué. Et pour tous ceux qui veulent s’y rendre, l’avion est le moyen de transport privilégié. Le désormais vieil aéroport connaît une nouvelle jeunesse. Dans les années 60, il est même le plus fréquenté d’Europe, avec 6 millions de passagers chaque année.

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Après les avions, le Tempelhof attire la Formule E.
Après les avions, le Tempelhof attire la Formule E.

Mais en 1972, c’est la détente. Russes et Américains mettent de côté quelques divergences et l’accès à Berlin par la route et le rail est facilité. Un an plus tard, le prix du pétrole explose et les prix des billets d’avion aussi. Tempelhof perd de sa superbe. Le vieil aigle se voit même supplanté dans le cœur des compagnies aériennes par deux autres aéroports tout nouveaux et tout beaux. Lentement, il sombre dans l’oubli, jusqu’en 2008 date à laquelle un dernier avion se pose sur la vieille piste.

Des milliers de réfugiés syriens autorisés à s'y loger

Mais que faire du gigantesque hangar, de ce tarmac démesuré et des immenses pistes ? Tout démolir ? Pas question, l’édifice est classé aux monuments historiques. En plus, il est au cœur de la ville, avec un accès direct au métro. Alors la municipalité de Berlin décide le reconvertir. En 2010, au jour anniversaire de la capitulation du 3e reich, le Tempelhof Feld est inauguré. C’est un parc de loisirs et d’attraction de 350 hectares et l’une des plus grandes artères urbaine verte de la planète. Mais avec ses pistes et son tarmac bétonné, il aura bientôt une autre fonction : un circuit automobile y est tracé. En 2015, une course de DTM s’y déroule. Mais le Tempelhof est proche du centre-ville et le bruit des autos sonne rapidement le glas du nouveau circuit. Pas grave : le vieux Phoenix renaît une fois de plus de ses cendres et la même année, Tempelhof se transforme en camp de réfugiés. Pendant des mois, des milliers de Syriens qui ont débarqué en Allemagne ont pu s’y loger.

Mais le goût pour la course auto reprend le dessus lorsque les hangars se vident petit à petit de leurs occupants. Et c’est une course qui ne dérangera pas les riverains qui s’y installe depuis deux ans au printemps : la très électrique Formule E. La première manche européenne de la discipline s’y déroule durant tout ce week-end et c’est à l’ombre des ailes de l’aigle géant que les Jaguar, Mc Laren, Cupra, Maserati ou DS à watts s’affrontent. Lors de la course de samedi, la marque anglaise a réalisé un doublé en tête suivi de Maserati en troisième position.

Le Tempelhof se contentera-t-il à l’avenir d’être le poumon vert de Berlin et une fois l’an le décor d’une course de voitures électriques ? Après avoir été marqué par les grands drames du 20e et du début du 21e siècle, nul ne sait ce qui attend encore le vieil aéroport berlinois.

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