Il y a d’abord le discours de façade. Celui de Ségolène Royal par exemple qui connaît bien les sociétés d’autoroutes et qui est bien connue de celles-ci : « cela n'est pas réalisable dans le cadre d'un Etat républicain » a-t-elle affirmé. «Cela me paraît impossible, et d'ailleurs les sociétés d'autoroute n'en veulent pas, qu'on leur transfère une responsabilité régalienne qui est celle de contrôler et réprimer des infractions».

Et le ministre de l’intérieur, il en dit quoi ? C’est tout de même un sujet qui le concerne plus qu’une ministre de l’Ecologie non ? Qu’en pense Bernard Cazeneuve ? D’abord ceci : « pour ce qui concerne les motards qui effectuent des contrôles et les radars, c'est l'Etat qui continuera à exercer ces fonctions. Il ne s'agit pas de remettre en cause les prérogatives régaliennes de l'Etat concernant les contrôles routiers. Se désengager de prérogatives régaliennes au bénéfice de sociétés privées n'est pas une bonne idée ».

Bien, on est donc à l’unisson au sein du gouvernement ? Pas tout à fait. Car la matière du contrôle radar est sécable : le même ministre de l’Intérieur reconnaît en effet réfléchir à confier «à des réservistes de la gendarmerie ou à des sociétés privées» les contrôles pour «les véhicules avec des radars embarqués» et seulement pour ce type de contrôles.

Le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe, a confirmé la démarche en précisant le dispositif: «aujourd'hui nous avons dans les voitures deux policiers ou deux gendarmes qui sont des gens très qualifiés. Nous pensons qu'il y a une meilleure utilisation à faire de ces ressources-là. Il faut savoir que lorsque ces voitures relèvent des contraventions, le nom des policiers n'apparaît de toutes façons pas, puisque la constatation est faite par un officier de police judiciaire à Rennes sur un écran d'ordinateur». La privatisation des sanctions routières est en marche.