L'ancien président accorde ce jour une longue interview au Parisien / Aujourd'hui en France sur un thème qu'il affectionne particulièrement : la sécurité. A cette fin, il prône un recentrage de l'action des forces de l'ordre vers les tâches de maintien de l'ordre public et de renseignement, avec pour corollaire un allègement des tâches qu'il qualifie de « secondaires ou périphériques ». Parmi celles-ci figure le contrôle des vitesses sur autoroute : « je souhaite que les concessionnaires d'autoroutes aient la charge de la sécurité. Je ne vois pas pourquoi cela doit être exclusivement un motard de la gendarmerie ou de la police qui doit faire les contrôles de vitesse, sur un axe d'autoroute concédé par l'Etat. (…) Il y a une délégation de service public. C'est à eux [les employés des autoroutes] de constater les infractions. Puis de transmettre ces constats à l'autorité de police, administrative ou pénale. » Une mission qui, selon le président des Républicains, serait financée par les sociétés d'autoroutes. Lesquelles pourraient alors être tentées d'augmenter les péages ? Pas un problème, selon Nicolas Sarkozy : « D'abord, il y a une négociation entre l'Etat et les sociétés concessionnaires. Quant aux tarifs pratiqués par les sociétés d'autoroutes, à mon avis il y a de la marge. »


Sarkozy: "Aux sociétés d'autoroutes de faire les contrôles de vitesse"

Des propos qui ne suscitent pas un grand enthousiasme parmi les différentes parties. Si l'Association française des sociétés d'autoroutes (ASFA), contactée par nos soins, se refuse à tout commentaire, le syndicat Synergie Officiers se dit opposé à une telle mesure : "cette fonction de contrôle routier est vraiment une fonction régalienne. La faire sous-traiter par des sociétés privées présente le risque que cela s'apparente plus à un business qu'à de la sécurité routière". Caradisiac a également interviewé à ce sujet Pierre-Marie Giraud, rédacteur en chef de L'Essor de la gendarmerie nationale., journal indépendant de la gendarmerie. Ses propos n'engagent aucunement l'institution, mais reflètent assurément les pensées de nombre de militaires.


« Ces propositions, c'est du flan ! »

Comment les propos tenus par Nicolas Sarkozy concernant la délégation des contrôles de vitesse sont-ils perçus par les forces de l'ordre ?

C'est encore un peu nouveau, et nous n'avons pas encore de nombreuses réactions sur le site. Quoi qu'il en soit, cette éventuelle délégation pose un problème fondamental : on parle de police administrative, une tâche régalienne de l'Etat. Les policiers, gendarmes et douaniers sont assermentés, ce qui n'est pas le cas des employés de sociétés d'autoroutes. Sur le fond, c'est déjà contestable. Et sur la forme, comment opérerait-on ? Les sociétés d'autoroute auraient-elles le contrôle des radars-tronçons ? Des radars normaux ?

Vous n'y croyez pas ?

Non. Car il se pose aussi la question de l'égalité devant la loi : celle-ci serait assurée par des employés des sociétés d'autoroute ? Franchement je n'y crois pas. Ces propositions, c'est du flan ! Chacun son travail. On a des escadrons de sécurité routière dont le travail est de s'occuper des contrôles de vitesse et de bien d'autres tâches, comme le contrôle des papiers, celui des camions, etc. Vous imaginez les employés d'autoroute vous demander les papiers de votre véhicule ? On va leur donner la qualité d'officiers de police judiciaire ?

Mais les forces de l'ordre n'ont pas que des tâches flamboyantes, pourtant...

Certes, il y a beaucoup de tâches indues comme garder des bâtiments ou assurer le transfert de prisonniers. Mais je les imagine mal être déchargées de tâches régaliennes. Enfin, rappelons que c'est le même Nicolas Sarkozy qui a supprimé 15 000 postes de policiers et gendarmes quand il était aux commandes. De nombreuses difficultés d'aujourd'hui en découlent directement.

Sarkozy: "Aux sociétés d'autoroutes de faire les contrôles de vitesse"