La Direction des routes vient d'annoncer la suppression dès ce mercredi de l'éclairage de plus de 130km d'autoroutes et de voies rapides autour de Paris*, soit la moitié du réseau bénéficiant de cet avantage. Alors que la Province débarquant sur Paris trouvait dans ces autoroutes éclairées, l'expression d'un progrès, un but à atteindre, une projection sur notre futur, on découvre avec tristesse que le choix du nivellement par le bas a encore une fois été la règle. Et c'est le sacro-saint triptyque inattaquable qui est brandi pour museler les hypothétiques contestataires. La raison avancée pour justifier de tourner le bouton sur off est dans l'air (vicié) du temps et se résume en 3 mots : économie, écologie et sécurité routière. En effet, selon la Dirif, couper la lumière sur ces voies de circulation revient à améliorer la sécurité routière en obligeant les usagers à ralentir ?! Comme si les radars n'avaient pas suffi ? Ensuite, on nous explique que la « pollution lumineuse » est à combattre et que plonger dans le noir des kilomètres de voies de circulation est écologique.

Vous l'avez compris, il va falloir être très fort pour aller contester une telle décision.

Economie, écologie et sécurité routière : la fin des autoroutes éclairées !

Il existe de nos jours des éclairages publics fonctionnant à l'énergie solaire mais on imagine que le coût d'installation est incompatible avec les finances actuelles de l'Etat. Difficile donc d'arguer d'une décision écologique pure d'autant plus que les automobiles obligées de circuler en « phares » consommeront plus. L'argument de la Sécurité Routière ne tient pas plus longtemps tant il est évident que la vision sur une autoroute éclairée est beaucoup plus sécurisante que l'inverse.

Le maire de Sannois, député du Val d'Oise, résume bien l'incohérence du discours :

« Sur l’autoroute, on nous a expliqué pendant très longtemps que l’éclairage faisait baisser le nombre d’accidents. Aujourd’hui, on nous explique le contraire. Je me pose des questions : n’est-ce pas lié aux problèmes budgétaires de l’Etat ? Donc, je voudrais qu’il y ait des données objectives. Moi, je suis assez partisan de couper l’éclairage sur l’A 15 ou l’A 115, sauf au niveau des échangeurs et des bretelles, parce que l’insertion du trafic est difficile et accidentogène. »

Quant à la raison économique, ce geste permettrait d'économiser entre 1 et 1,4 million d'euros sur les 3 millions que représente le budget annuel d'éclairage.

Faisons simple

Le fait est que plutôt que d'avancer des raisons fallacieuses que l'on pense être indiscutables, il serait bon de donner les véritables raisons. Hormis les soucis budgétaires du pays qui pourrait bien suivre le chemin de la Grèce si le train de vie de l'Etat ne se réduit pas, rien de crédible ne peut expliquer une telle décision. Mais la démagogie érigée en communication politique cherche toujours à enrober, contourner, et au final tromper ceux qui vont subir les conséquences de ces décisions. Pourtant, c'est le type de décision qui, paradoxalement, serait à mon sens acceptable par la majorité d'entre nous si l'on ne brandissait pas de façon aussi démagogique les arguments de l'écologie et de la sécurité routière à tout bout de champ, ce qui revient au final à discréditer ces causes légitimes et importantes.



* Les tronçons concernés par cette coupure d'électricité sont l'A86 entre l'A15 et l'A14 au Nord Ouest de Paris, puis progressivement jusqu'à l'été, des portions de l'A6 et des nationales 12, 6 et 104.