Ce n'est pas tout à fait une ruée vers l'Est, mais il y a là-bas comme quelque chose de nouveau pour des constructeurs allemands qui apprécient la proximité de ces voisins européens. Vous savez déjà que Mercedes a bourse délié pour s'ancrer en Roumanie tandis que l'étoile brille déjà à 70 kilomètres au sud de Budapest, le site de  Kecskemét. Plus de 40.000 monospaces compacts Classe B sont sortis de Hongrie l'an dernier.  Le site emploie plus de 3.000 personnes pour des capacités de production annuelles de 120.000 voitures. Avec les fournisseurs locaux, le nombre de nouveaux emplois directs et indirects créés est estimé à terme à 10.000. Le site aura requis un investissement de 800 millions d'euros.



Le groupe Volkswagen produit également une bonne partie de ses véhicules pour le marché européen hors d'Allemagne. La petite Up, par exemple est fabriquée à Bratislava, en Slovaquie. Le Touareg ainsi que son frère Audi Q7 sont également fabriqué à Bratislava. Le groupe Volkswagen a par ailleurs annoncé que son usine slovaque, qui emploie 9 400 personnes, avait doublé l'an dernier sa production à 419.888 véhicules. Volkswagen exporte 40% de sa production slovaque vers l'Allemagne.


Audi, n'est pas en reste et dispose d'un important site historique à Györ, en Hongrie. La marque aux anneaux y produit la majorité de ses moteurs qu'il fournit aussi au reste du groupe. Sa production de moteurs a atteint 1,9 million en 2012. Le constructeur assemble également les coupés et roadsters TT, l'A3 cabriolet ainsi que désormais la nouvelle A3 en version berline à quatre portes, qui sera commercialisée à la fin de l'été. Györ employait 8.340 personnes en 2012 et devrait passer à 9.500 salariés en fin d'année. Audi est en train de doubler la surface de l'usine et aura investi 900 millions d'euros pour industrialiser la nouvelle A3, laquelle devrait être fabriquée, en 2014, au rythme de 125.000 exemplaires.


Et BMW dans tout ça ? Le Bavarois veut aussi sa part du gâteau. La Slovaquie semble promise à la marque à l'hélice mais la République tchèque, la Hongrie, la Slovénie et la Croatie sont autant de terres promises à l'étude de l'état-major de Munich.


La boussole des constructeurs d'outre-Rhin est ainsi orientée vers l'Est. De quoi faire perdre l'Ouest aux salariés domestiques ? Les pontes assurent que non et parlent de capacités additionnelles indispensables puisque les usines nationales tournent à plein régime. Ceci dit, la main d'oeuvre ainsi levée représente une masse salariale à moindre coût. Tant que le succès est au rendez-vous, l'équilibre est respecté. Mais si la bise arrive, et les derniers comptes du premier trimestre de l'année annonceraient comme un refroidissement, quels seront les arbitrages ? Ces nouveaux collègues pourraient alors devenir, à leur corps défendant, et sur d'éventuelles douloureuses négociations à venir, un levier d'autant plus puissant, qu'ils sont Européens.