Les Ferrari P3 et P4 ne se contentèrent pas simplement de possèder une beauté à couper le souffle. Redoutablement efficaces sur tous les terrains, leurs duels heureux ou malheureux avec les Ford sont entrés dans la légende de la course.

Si le prototype P2 apporte à Ferrari son 11e titre mondial en 1965, les 24 Heures du Mans lui échappent. Le match tant attendu entre entre les Ford GT 40 et les prototypes Ferrari tourne court et la marque de Maranello ne doit son salut qu'à la berlinette 250 LM engagée par le NART (voir Auto Rétro n° 178). Les P2 ont ainsi avoué leurs limites face aux Ford 7 litres et le bilan de la saison ne manque pas d'inquièter l'état-major de Ferrari, d'autant que Ford, loin de se décourager, prépare à grand coup de dollars une offensive encore plus ambitieuse.

Le coup de semonce est salutaire et pour la saison 1966, Ferrari se décide enfin à produire un prototype entièrement nouveau : la 330 P3. Elle reçoit une carrosserie inédite en alliage léger, réalisée par Piero Drogo, qui repose sur un châssis qui combine une charpente de tubes et des caissons rivetés. Tirant le meilleur parti d'un réglement sportif plus souple (hauteur de pare-brise réduite), la grande "vitrine" disgracieuse de la P2 est remplacée par un pare-brise dessinant un arc de cercle parfait, prolongé par des vitres latérales galbées jusqu'à l'arceau qui reprend la même coubure. La ligne de caisse est abaissée (0,95 m) et des pneumatiques plus larges trouvent leur place sous des ailes au galbe d'une remarquable sensualité. Un important travail a également été effectué sur le moteur dont les culasses sont redessinées et alimentées pour la première fois par un systême d'injection indirecte Lucas.

Le V12 de 3967 cm3 à 24 soupapes voit ainsi sa puissance portée à 420 ch (contre 400 ch sur la P2). Après des débuts tonitruants à Sebring, où elle exerce une menace constante sur la Ford victorieuse, elle s'impose à Monza puis à Spa où elle étrenne de nouveaux pneus Firestone fournit en exclusivité à la Scuderia. Malheureusement, l'euphorie sera de courte durée: les grèves en Italie paralyse la mise en chantier d'un troisième châssis, la mise au point des nouvelles 312 F1 est laborieuse et Ferrari disperse ses faibles moyens avec le programme Dino 206 S et le championnat d'Europe de la montagne !! De plus, dans un climat d'extrême tension, John Surtees claque la porte de la Scuderia avant le Mans. Ferrari perd non seulement son premier pilote mais un metteur au point hors-pair. Autant de circonstances, qui ajoutés à la faiblesse des boîtes de vitesses ZF coûte à Ferrari une victoire au Mans mais aussi le titre mondial au profit de Ford.

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