Composé de journalistes spécialisés, le jury de l'hebdomadaire a donc préféré le Premier Ministre à Christian Estrosi et à Luc Chatel, eux aussi sur la liste des candidats, pour son « petit truc » en plus. Certes, ils peuvent tous les trois se féliciter de l'efficacité des mesures prises pour soutenir l'industrie automobile française pendant la crise économique : il n'est plus à prouver que les différentes mesures prises, telles que la prime à la casse ou le bonus écologique, ont été déterminantes, même on peut toujours s'interroger sur leur coût exorbitant ou sur le futur après leur abandon. Mais François Fillon, en plus d'être « le grand chef d'orchestre » comme l'a présenté le journal sur son site, a pu tirer son épingle du jeu parmi ses collègues avec une dernière carte, celle de la passion.

Car le Premier Ministre n'a jamais caché son amour pour l'automobile en général et le sport mécanique en particulier, et il s'est d'ailleurs fait un plaisir de le rappeler hier soir en recevant son prix à l'Automobile Club de France, en ne manquant pas d'écorner au passage les autophobes sous couvert de sécurité routière ou de protection de l'environnement. « Derrière l'acharnement de certains contre l'automobile, il y a au fond le rêve d'une société qui, au prétexte des dangers réels qui menacent l'individu nient sa liberté » a-t-il déclaré, avant de continuer : «  Bien sûr la sécurité routière ne se négocie pas. Mais en même temps chaque conducteur est responsable de la conduite de son véhicule » puis de conclure son estocade par « Le respect de l'environnement passe bien sûr par une offre plus importante et plus attractive de transports collectifs, mais elle passe aussi par la mise sur le marché à des prix raisonnables de véhicules plus sûrs et de véhicules moins polluants ».

«un médiocre pilote du dimanche »

Mettant de côté le discours politique habituel, François Fillon, connu normalement pour sa retenue, s'est ensuite laissé aller aux confidences en partageant les origines de sa passion pour l'automobile offrant, selon ses propres termes, «  le plaisir et la liberté », à commencer par sa naissance au Mans où il découvrira la course des 24 heures sur les épaules de son grand-père jusqu'à sa très courte carrière cinématographique quand, adolescent, il participera, en tant que figurant, au tournage du film « Le Mans », au côté de Steve McQueen. Se définissant lui-même comme un « très médiocre pilote du dimanche », il racontera même être tombé dans un ravin avec sa voiture le jour même de son départ en voyage de noces. Il ne manquera pas par contre de souligner sa fierté d'avoir sauver la course des 24 heures du Mans et espère bien parvenir de la même façon à ressusciter le Grand Prix de France de Formule 1 : « C'est un échec pour lequel je n'ai pas encore dit mon dernier mot ».