1 000 ch vapeurs, mettons les 1 000 ch d’une Bristol Fighter T (sur laquelle nous reviendrons dans quelques jours dans un J’aime de nuit à venir), suffisent-ils pour partir à l’aventure (plutôt de l’avenue Foch que de la petite ceinture à bord d’une telle automobile vous en conviendrez) vers l’amour, l’amour inconnu, celui qui mélange un goût de sel à un goût de piment ?


« Nous roulions très vite, les maisons défilaient devant nous, et à la fin, je me donnai plus la peine de reconnaître les rues, mais je me blottis silencieusement dans un coin (…) Le vieux serviteur [qui dans notre histoire aurait également eu le don de conduire, voire de pilotage – ndlr] m’avait pris par la main et je le suivais pas à pas. Il me conduisit jusqu’à un divan, où je m’assis à son invitation, puis soudain disparut. »


Qui donc ne s’est jamais trouvé ainsi transporté ? Sinon en rêve du moins en réalité, fi des convenances… du moment.


« Comme je faisais un mouvement, la voix dit : « Reste où tu es ; ne t’approche pas davantage, je veux seulement te parler et t’entendre, rien de corporel, rien de sensible ne doit troubler le commerce de nos esprits. » Un ordre, un vœu qui, forcément (puisque tout est matière), restera lettre morte. On ne monte pas dans une voiture (Bristol Fighter T ou Citroën AX 14 TRS) pour aller vers l’amour sans le savoir.


A propos, ces citations sont extraites de L’amour de Platon, de l’incomparable Leopold Sacher-Masoch. L’ouvrage est toujours disponible aux éditions Verdier, autour des 12 euros (affiché 75 FF à l’époque de sa sortie, en 1991) dans une traduction de l’allemand par Jean-François Boutout ; il s’agit d’un bref roman épistolaire qui se lit d’une traite. En voilà une excellente lecture pour la plage !