Les prédictions concernant le marché de la voiture électrique peuvent être assez différentes selon que l'on se trouve chez un constructeur français ou un homologue basé de l'autre côté du Rhin. Il y a quelques semaines, chez BMW comme chez Audi des rumeurs ont laissé entendre que les programmes électriques respectifs étaient partiellement gelés, voire rediscutés. BMW est venu démentir tout en acceptant de dire qu'effectivement, la tendance était à une baisse des prévisions de vente. Toutefois, les constructeurs allemands en excellente santé financière étant engagés dans toutes les voies possibles en matière de motorisations alternatives, ils ne se font guère de souci sur l'avenir et piloteront à vue en mettant en avant l'une ou l'autre des technologies en vogue à un moment donné. Ce n'est pas le cas de certains autres constructeurs moins bien dotés financièrement et qui ont fait le pari du tout électrique.

En tout cas, ces rumeurs sur l'évolution négative du marché électrique se confirment aujourd'hui avec la montée au créneau de l'organisme allemand en charge de la mobilité électrique qui vient officiellement de haranguer les pouvoirs publics, accusés d'être trop timide en ce qui concerne la promotion de ce secteur.

« Nous faisons tout ce que nous pouvons mais nous ne pouvons pas tout miser sur la voiture électrique, il n'est pas encore clair que cette technologie va réellement s'imposer. »


« Sans incitations supplémentaires, nous serons, en 2020, plus près de 500,000 voitures électriques que des 1 million prévu à l'origine par le gouvernement. »


Le plan originel prévoit une préparation du marché dans 4 régions pilote avec force promotion et publicités jusqu'en 2014 puis le début de la phase de production de masse en 2017 mais le ministre des Transports allemand a lui aussi fait preuve de réserve en parlant de la nécessité de garder un « réalisme optimiste » tout en ne remettant pas sur la table l'objectif du million en 2020. Il apparaît de plus en plus clairement que le développement du marché des voitures électriques passera par une amélioration de la technologie (autonomie) mais aussi et surtout par une très forte incitation fiscale (« prime à la casse ») de la part des états qui dans la conjoncture actuelle refusent catégoriquement l'idée.

Mais finalement, on remarque qu'un des plus gros freins à ce développement provient surtout du fait que les constructeurs eux-mêmes doutent de plus en plus de la pertinence de l'offre 100% électrique, comme le laisse entendre Matthias Wissman, patron de l'Union de l'Industrie Automobile allemande (VDA) :

« Nous faisons tout ce que nous pouvons mais nous ne pouvons pas tout miser sur la voiture électrique, il n'est pas encore clair que cette technologie va réellement s'imposer. »


Difficile pour des pouvoirs publics d'investir massivement sur un lit d'incertitudes aussi grand.