Deux hauts responsables de PSA Peugeot Citroën et Renault étaient entendus par la commission de l'économie pour parler de l'état actuel du secteur automobile en France, voici ce qu'il s'y est dit.

Le principal reproche venant des sénateurs à l'encontre des constructeurs français est qu'ils ne produisent pas assez en France, contrairement aux Allemands qui eux fabriquent dans leur pays. Ainsi, Carlos Tavares, directeur des opérations de Renault, a affirmé au sujet des délocalisations : « Peut-être que nous sommes maladroits dans la façon d’exprimer notre patriotisme. Pour que Renault puisse être rentable en France pour nos salariés en France, il n’y a rien de mal à faire des profits. Je n’ai pas mauvaise conscience ». En clair, produire à l'étranger serait aussi bénéfique pour les employés des usines françaises.

Sauf que certains membres du gouvernement ne sont pas de cet avis, comme le député socialiste Martial Bourquin, qui reproche aux constructeurs l'absence de création d'emplois et le manque de relocalisation alors que l'Etat a massivement investi pour les constructeurs. Denis Martin, directeur industriel et responsable des relations sociales chez PSA explique que le constructeur rencontre de grandes difficultés sur le segment B des citadines : « Nous n’avons pas caché le problème qui existe en Europe sur le segment B, qui est non rentable en Europe de l’Ouest et particulièrement en France ». Mais la situation de l'emploi dans le secteur automobile ne devrait pas s'arranger, puisque selon les mots de Denis Martin : « On ne peut pas imaginer que toutes les usines vivront. Le travail de restructuration a été fait en Allemagne, aux Etats-Unis, il n’a pas été fait en France », en parlant notamment des sous-traitants. A l'époque de la crise, plutôt que de réduire fortement l'activité en relation avec une baisse de la demande, l'industrie automobile française a voulu conserver les sites de production, contrairement aux Etats-Unis par exemple ou la réduction de l'activité s'est traduite par une baisse de l'ordre de 4 à 5 millions de véhicules en moins par an, entre 2008 et 2009. En France, il y aurait donc « surcapacité » selon Carlos Tavares.

Le vrai problème reste cependant la concurrence de pays qui produisent des autos à bas coût, et sur ce point Carlos Tavares est clair : « Le problème c’est le marché. L’écart de prix avec les véhicules coréens est de 2 000 euros, comment faire pour les rattraper ? ». Il compare également le prix de revient de la Clio 4 rendu en concession : la Clio 4 fabriquée en France est 1 300 € plus chère que celle fabriquée en Turquie.

Au vu de toutes ces affirmations, il faut craindre d'autres vagues de licenciements et des contrats en moins pour les sous-traitants dans les temps à venir.