Car il faut savoir. Soit on se félicite qu’il y ait moins d’infractions relevées par les radars ce qui signifie que les automobilistes sont plus prudents et respectueux de la vitesse autorisée, soit on regrette que les mêmes ne roulent pas assez vite pour remplir les caisses de l’Etat. Et puis, dire que l’allure s’est réduite, ça veut dire aussi que la vitesse n’est plus à privilégier dans la lutte contre la mortalité routière qui passerait par la multiplication des radars et la réduction de la vitesse autorisée sur nos routes.

Et pourtant, les faits sont là : la vitesse moyenne sur les routes a fortement diminué. Elle était de 78 km/h en 2014 contre 85 km/h en 2004. Par ailleurs, le nombre de «grands excès de vitesse», c'est-à-dire supérieurs de plus de 30 km/h à la limite autorisée, ne représentent plus que 0,2% du total des amendes infligées. Des données vite oubliées par celles et ceux qui réclament plus de radars et des nationales à 80 km/h. Non, la hausse de la mortalité routière, ce n’est pas simplement une question de pied sur l’accélérateur.

Pourtant, ces gens-là trouveront une oreille attentive auprès d’un genre de décideur qui n’a que de très loin à voir avec le Conseil national de la sécurité routière. Ce type-là est du style fiscaliste. Et il tient la calculette : les radars automatiques ont rapporté 612 millions d'euros à l'État en 2014. C’est 6% de plus qu’en 2013 où l’on regrettait un taux de fonctionnement des engins inférieur en raison d’un changement de prestataire chargé du suivi technique. Du coup, en données corrigées, on en est au niveau des 620 millions de 2012. Bref, ça ne progresse plus et c’est bien ça le problème pour les caisses de l’Etat.

Et ce d’autant plus que les recettes pour 2014 s'avèrent de fait inférieures à la prévision inscrite en loi de Finances, qui était de 689 millions. Oui, ils avaient prévu de rafler cette somme, une valeur qui prend donc le dessus sur celle de l’accidentalité, sur le taux de mortalité. Un automobiliste qui respecte la vitesse, il n’y a finalement rien de pire. On nous assure pourtant en haut lieu qu’associer radars et fiscalité indirecte est carrément obscène.  

Enfin, un radar, ça reste un bon placement : l'entretien du parc coûte en moyenne 220 millions d'euros, si bien que le solde a atteint 392 millions d'euros l'an dernier. Pour qui cette somme ? La sécurité routière ? C’est ce sur quoi le discours officiel insiste. Ce dernier est cependant bien plus discret sur  les valeurs versées aux collectivités territoriale et celles consacrées au remboursement de la dette.