La Deuxième Conférence internationale sur le changement climatique et le tourisme et sa Déclaration finale (du 1er au 3 octobre 2007 à Davos, voir article) ont servi de point de départ aux débats du Sommet ministériel de l’OMT sur le tourisme et le changement climatique qui a eu lieu le 13 novembre 2007 à Londres. Ils sont soumis pour adoption à l’Assemblée générale de l’OMT dont la session se déroule du 23 au 29 novembre à Cartagena de Indias, en Colombie. Ils seront également présentés à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui se tiendra en décembre à Bali, en Indonésie.

Lors de cette session à Cartagena, les experts de l'OMT ont indiqué que les flux de voyageurs continuent de progresser : en 2006, 846 millions de touristes ont parcouru la planète dont 45% en avion et 1,1 milliard de visiteurs internationaux sont prévus en 2010 et 1,6 milliard en 2020. Il y a aussi bien plus de touristes voyageant dans leur pays de résidence qu'à l'étranger : quand on ajoute le tourisme interne au tourisme international, le nombre de vacanciers atteint plus de 5 milliards en 2006.

D'après une étude de l'OMT, du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), les émissions de gaz à effet de serre du tourisme international représentent un peu moins de 5% du total mondial, soit 1,3 milliard de tonnes par an. Les 3/4 des émissions de gaz à effet de serre causées par le tourisme proviennent des transports : l'avion (40%) et le transport routier (32%) - l'hébergement (21%) -. L'OMT estime que la croissance vertigineuse du secteur pourrait mener à une hausse de 150% de ses émissions de gaz dans les 30 prochaines années.

Toujours selon les experts, le tourisme risque de courir à sa perte s'il ne limite pas les effets dévastateurs des voyages de masse sur la planète : les neiges du Kilimandjaro auront fondu au plus tard en 2020, le centre historique de Venise sera submergé et certaines îles des Maldives englouties par les flots. Francesco Frangialli, secrétaire général de l'OMT et adjoint au maire de Morzine-Avoriaz dans les Alpes françaises, a souligné qu'il a observé fondre l'enneigement de cette station : elle recevait 13 à 14 mètres de neige en cumulé tout au long de l'hiver dans les années 1970, en 2006, il n'y a plus que de 6 à 7 mètres : "Les destinations touristiques qui ne mettent pas en oeuvre une stratégie de développement respectueux de l'environnement seront pénalisées par le marché."

D'après Geoffrey Lipman, sous-secrétaire général de l'OMT, il ne fait pas de doute que le réchauffement climatique est devenu le défi numéro un du secteur : "Nous devons changer radicalement nos habitudes pour rendre l'industrie touristique plus propre." Mais les pays en développement ont affirmé qu'ils ne souhaitent pas subir les conséquences d'une politique de réduction des effets d'une pollution dont ils ne se sentent pas responsables. La ministre indienne du Tourisme, Ambika Soni, a dit : "60 ans après son indépendance, ce n'est que maintenant que l'Inde commence à développer pleinement son potentiel touristique. Il serait injuste de nous faire payer le prix de la pollution." Le débat est ouvert...

(Source : OMT, Direction du Tourisme, AFP Photo : passion-sport)