Avant d'avoir un permis de conduire en poche, il faut en effet aussi sortir au préalable 1 600 euros de celle-ci. Alors, entre budget et délai, il faut réformer. Voici les pistes qui vont devoir faire en sorte qu'un nouveau principe clamé par la République ne reste pas lettre morte. Ainsi, l'accès aux épreuves théoriques et pratiques du permis de conduire est à présent un service universel. «Tout candidat ayant déposé une demande de permis de conduire se voit proposer une place d'examen, sous réserve d'avoir atteint le niveau requis, avec l'objectif d'un délai raisonnable et d'un prix abordable sur l'ensemble du territoire », est-il affirmé.


Concrètement, dans les départements où le délai moyen entre deux présentations d'un même candidat à l'épreuve pratique du permis B dépasse 45 jours, les préfectures pourront recourir à des agents publics ou contractuels, habilités et formés, comme examinateurs et en nombre suffisant pour garantir que le délai n'excède pas ces 45 jours. Ces agents s'ajouteront au détachement, dans le corps des inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière, de fonctionnaires des trois fonctions publiques et d'agents publics provenant des opérateurs issus du service public de l'Etat. Ils pourront notamment être des agents d'établissements publics industriels et commerciaux. Une précision qui ouvre la perspective aux agents de La Poste dont le métier a décidément beaucoup évolué depuis l'image d'Epinal du simple facteur.


De même, 35 examinateurs qui se consacraient jusque là au permis poids lourds dans le cadre de titres professionnels seront dédiés aux épreuves pratiques du permis B dans les zones se caractérisant par des délais abyssaux. Ces 35 examinateurs, qui n'étaient apparemment pas suffisamment employés, représenteraient une capacité de 92.000 épreuves pratiques du permis B par an.


Les choses vont donc bouger, y compris au sein des sociétés d'auto-école. Celles-ci ne pourront plus afficher le nombre minimum de 20 heures de formation pratique, ni aucun autre délai d'ailleurs. Une démarche qui laissait à penser à l'élève qu'il était nécessairement prêt au bout de 20 heures alors que la moyenne est plutôt de 35 heures, affirme les députés. Les mêmes ont regretté que ce malentendu poussait les écoles de conduite à afficher des forfaits de 20 heures à des prix bradés compensés souvent par d'autres frais injustifiés. De même, les auto-écoles ne pourront plus facturer des «frais de présentation à l'examen», à l'exception de frais d'accompagnement limités au montant d'une heure de conduite.


Pour peu, on montrerait la profession du doigt... Mais pas trop quand même car les députés ont aussi supprimé une disposition introduite en commission sur l'affichage du taux de réussite aux examens pour le remplacer par un encouragement à des démarches de «certification» ou de «labellisation». Il faut en effet ménager les susceptibilités, quitte à flouter le message.