A la veille de l’ouverture du Salon de Genève et après des semaines d’échanges tendus qui ne laissaient pas présager d'une fin heureuse, la Commission européenne s’est déclarée satisfaite des explications de la France au sujet de son plan pour l’automobile qui était jusqu’ici taxé de protectionniste.

Toute cette tension était née début février au lendemain de l’annonce par Nicolas Sarkozy que les prêts à taux réduit de l’Etat, d’un montant de 7,8 milliards d’euros, à destination de l’industrie automobile ne seraient proposés qu’en échange de la promesse de ne plus procéder à des délocalisations durant la durée du prêt accordé. Au passage, le président avait cité nommément la République Tchèque, hébergeant une usine PSA, comme l’exemple à ne pas suivre. Malheureusement, cette dernière dirige aussi actuellement l’Union Européenne et a jugé ces déclarations comme étant « inacceptable », ce qui avait envenimé un peu plus la situation.

Des voix s’étaient aussi élevéess dans le reste de la communauté européenne pour faire part de leurs inquiétudes d’un retour du protectionnisme comme mesure de sauvegarde contre la crise. Et pas des moindres, puisqu’il s’agissait d’Angela Merkel ou Silvio Berlusconi, à tel point que les rumeurs d'interdiction pure et simple de la mise en place de ce plan allaient bon train.

L’ambiance était donc pour le moins lourde samedi dernier à la veille du sommet européen, où chacun se demandait qui gagnerait le bras de fer engagé entre Bruxelles et Paris. Mais coup de théâtre, la Commission Européenne a publié ensuite un communiqué selon lequel tout soupçon de protectionnisme s’était soudainement évaporé, se déclarant donc satisfaite et maintenant favorable au plan français.

Comme garanties, le gouvernement français a bien assuré que son plan ne comportait aucune obligation de conserver les usines sur le territoire ou de favoriser les fournisseurs français de pièces détachées en échange de prêts. Selon Neelie Kroes : « Les autorités françaises ont déclaré que les mesures d'aides envisagées n'affectent pas la liberté des constructeurs de développer leurs activités économiques dans le marché intérieur et notamment n'empêchent pas les constructeurs d'adapter leur production à l'évolution du marché, en révisant si besoin leurs plans stratégiques. Les conventions de prêt à conclure par les constructeurs ne contiendront notamment aucune condition relative à la localisation de leurs activités ou à l'approvisionnement en priorité auprès de fournisseurs installés sur le territoire national ».

Beaucoup de bruit pour rien donc ? Ce serait en fait un peu plus vicieux puisque ces conditions ne seraient finalement qu’un « engagement moral » ne faisant donc pas l’objet d’une mise par écrit et permettant donc de ne plus subir les foudres de l'Union Européenne, comme l'a déclaré Bruno Le Maire, secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, lundi sur Canal+.