Il n’y a pas si longtemps, Renault était un « créateur d’automobiles » qui se risquait à défricher de nouveaux segments. Le singulier « coupé-space » Avantime, concept toujours unique à ce jour, en est le meilleur exemple. Dommage que la clientèle l’ait boudé : l’Avantime a disparu avant l’heure…


Repères

Production :

2001 – 2003

Puissance :

150 à 210 ch

Cote 2012 :

a partir de 12 000 €

Des années 80 aux années 2000, l’ex-Régie a été un véritable moteur pour le reste de l’industrie automobile, en lançant des concepts inédits, parfois audacieux. Ce fut notamment le cas du monospace qui, de niche, allait donner naissance à un véritable marché, marché qui allait lui-même se segmenter dans toutes les directions. Ainsi, après le pionnier Espace apparu en 1984, Renault ose la citadine monocorps avec la Twingo en 1992, pour se positionner dès 1997 entre ces deux extrêmes, avec le Scénic, premier monospace compact. De là à imaginer un croisement improbable entre un coupé Grand Tourisme et une carrosserie monocorps, il n’y avait qu’un pas que Renault ose franchir en 2000, en dévoilant le concept-car Avantime. Un engin déroutant, plus proche des codes de l’architecture que de l’automobile avec son concept de « véranda sur 4 roues », signé par Matra, l’inventeur de l’Espace.

C’est donc à Romorantin que la production de l’ Avantime est confiée, la version de série restant inchangée par rapport au prototype. La chose tombe à pic pour Matra, car Renault veut reprendre à son compte la fabrication du 4e Espace (lancé en 2002). Mais le charme de l’atypique Avantime peine à agir… Né avec un gourmand V6 essence en octobre 2001, il ne dispose pas au lancement de boîte automatique, et une finition imparfaite vient ternir le tableau, chose fâcheuse pour une auto de standing facturée de 30 000 à 40 000 € de l’époque.

L’adoption ultérieure de blocs plus sobres (2.0 turbo de 165 ch en avril 2002 et 2.2 dCi de 150 ch en juin 2002) ne change pas la donne. En juillet 2003, Renault décide de mettre un terme à l’ Avantime… et à l’aventure Matra. Seuls 8 271 exemplaires auront été construits…

 





Sur la route


Passé le choc visuel dégagé par l’ Avantime, toujours aussi décalé et moderne sur le plan du style de nos jours, la surprise vient dès l’ouverture des portes. Celles-ci, longues et très lourdes malgré l’absence de montant (70 kg chacune !), s’articulent autour d’une cinématique excentrée pour le moins complexe. L’ Avantime ne fait décidément rien comme les autres !

A bord, on est séduit par l’exceptionnelle luminosité dégagée dans l’habitacle. Une sensation renforcée lorsque toutes les vitres sont baissées, privées de pied-milieu, et que le vaste toit panoramique, présent sur quasiment toutes les versions (sauf Expression), est ouvert. D’ailleurs, une simple touche permet de tout ouvrir d’un coup ! La belle sellerie cuir optionnelle vient renforcer l’aspect haut de gamme de l’auto, ce qui n’est pas un luxe dans la mesure où trop de plastiques à la qualité médiocre s’invitent à bord. Mais le carton rouge reste à mettre au crédit du piètre rapport encombrement/habitabilité. Aussi, malgré un châssis emprunté à l’Espace, l’ Avantime se montre peu habitable, les places arrière étant de surcroît exiguës et placées trop haut au niveau de l’assise. Même déception pour les espaces de rangement, comptés, ou pour la modularité, symbolique.



Renault Avantime : mort avant l’heure


A l’épreuve de la route, l’ Avantime devient plus convaincant en combinant confort, tenue de route et punch, et ce avec tous les moteurs. Tant mieux, car il y en a pour tous les goûts et tous les budgets : du gros V6 essence peu économique (12,1 l/100 km), au sobre 2.2 diesel (8,9 l/100 km)…




A vérifier avant d’acheter


Etroitement dérivé de l’Espace de troisième génération, l’ Avantime adopte également une carrosserie en matériau composite, technique bien connue et maîtrisée par Matra. C’est par ailleurs une auto moderne et bien née, qui reprend de nombreux organes déjà largement éprouvés. C’est le cas notamment des moteurs, tous réputés fiables. Le 2.2 dCi souffre néanmoins, comme de nombreux diesels, de soucis d’encrassement de vanne EGR. Un défaut qui affecte les exemplaires habitués aux courts trajets effectués en centre-ville.

Les sièges avant, de conception fragile, ont déclenché un rappel en octobre 2003. Il y a une faiblesse possible au niveau du verrouillage lors du réglage sur les glissières. De même, l’abaissement du dossier peut se bloquer. Des défauts en principe corrigés depuis sur les modèles existants, à l’occasion des passages en atelier. Davantage gênant, il reste des soucis récurrents liés à une finition médiocre, plus difficiles à éradiquer. Les ajustages, parfois peu rigoureux, génèrent des bruits parasites au niveau du mobilier sur un mauvais revêtement. Les joints de pare-brise, parfois intégrés, sont à la source de bruits aérodynamiques, voire de fuites lors de fortes intempéries (amélioration significative à partir de l’été 2002).

Dans tous les cas, limitez votre achat à un exemplaire correctement suivi depuis sa première immatriculation. Un historique que vous pourrez vérifier en consultant toutes les factures d’entretien, encore plus importantes qu’un carnet « à jour ».




Renault Avantime : mort avant l’heure

Notre version préférée


Le V6 24v de 210 ch, commun à Peugeot et Renault, sied très bien à l’ Avantime, en lui assurant un réel brio. Disponible au lancement uniquement avec une boîte mécanique à 6 rapports, il recevra à partir d’avril 2002 l’apport d’une boîte automatique à 5 rapports, douce de fonctionnement. Seul bémol : même s’il a notre préférence, ce bloc noble reste assez porté sur la boisson !

A l’opposé se tient le plus sage 2.2 dCi de 150 ch, version diesel apparue sur le tard, en juin 2002. Sans sacrifier l’agrément de conduite, celle-ci offre une belle sobriété (8,9 l/100 km), et sera à même de séduire les gros rouleurs.

Reste la confidentielle 2.0 turbo 16V de 165 ch, couplée à une boîte mécanique à 6 rapports bien guidée et étagée. Commercialisée d’avril 2002 à juillet 2003, cette dernière motorisation représente d’après nous le meilleur compromis entre agrément de conduite et consommation (11 l/100 km).

Même si l’ Avantime est bien équipé dès l’entrée de gamme Expression (clim auto, radio CD, phares xénon…), choisissez un exemplaire doté du toit panoramique optionnel, et de la belle sellerie cuir (finition Privilège). Ces équipements contribuent autant à l’originalité du véhicule qu’à confirmer son positionnement haut de gamme. Des arguments qui pèseront lourd lorsque l’ Avantime sera recherché par les collectionneurs…




Renault Avantime : mort avant l’heure



Fiche technique : Avantime V6 24v



Moteur

6 cylindres en V, 24v

Cylindrée

2946 cm3

Alésage x course (mm)

87 x 82,6

Alimentation

injection électronique

Puissance

210 ch à 6000 tr/mn

Couple

28,5 mkg à 3750 tr/mn

Transmission

roues avant, boîte de vitesses mécanique à 6 rapports, ou automatique à 5 rapports

Poids (kg)

1741

Dimensions (L x l x h) en m

4,64 x 2,08 x 1,63

Pneus

225/55 VR 16

Freins AV/AR

disques ventilés, disques

Réservoir

80 litres

Vitesse maxi

220 km/h




On aime

  • Concept toujours unique !
  • Habitacle lumineux et bien équipé
  • Confort général/tenue de route
  • Moteurs plaisants







On aime moins

  • Rapport encombrement/habitabilité
  • Places arrière étriquées
  • Finition désinvolte
  • Image encore floue


Conclusion

Dans le creux de la vague aujourd’hui, d’où des cotes basses, le Renault Avantime ne devrait pas le rester bien longtemps. Symbole d’un certain luxe « à la française », le singulier Avantime représente l’opportunité rare de rouler dans un prototype de salon, de surcroît unique avec son concept de carrosserie à la croisée du monospace et du coupé. Et avec seulement 8 271 exemplaires produits, l’Avantime vous donne l’assurance de rouler dans une voiture qui restera, pour toujours, exclusive. Après, à vous d’inventer la vie qui va avec…





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