La taxe carbone reste encore un mystère vaporeux pour la plupart. Peut-être même pour tout le monde, même ceux chargés de la mettre en place. Mais même avant d’en connaître les détails, elle soulève quelques questions délicates qui pourraient bien faire grincer de nombreuses dents.

Le moins que l’on puisse dire est que Bernard Jullien, directeur du Gerpisa, réseau international de recherche sur l’industrie automobile et conseiller scientifique de la Chaire de Management des Réseaux du Groupe Essca, n’est pas particulièrement enthousiaste au sujet de la taxe carbone, comme il l’a confié à AutoActu. Le problème ne vient pas de la taxe en elle-même d’un point de vue protection de l’environnement, mais plutôt des inégalités à deux niveaux qui vont en résulter, d’abord riche/pauvre puis ville/campagne.

Cela ressemble fortement à une lapalissade mais oui, les ménages aux plus faibles revenus auront plus de mal à supporter cette taxe carbone. Certes, à la base par un manque de moyens, mais surtout parce que l’automobile représente une part plus grande dans leur budget, à hauteur de 17 points, que pour les plus riches, 10 points. Proportionnellement, augmenter la taxation du carburant aurait donc un impact supplémentaire pour les ménages les plus pauvres.

Autre inégalité : la dépendance à l’automobile. La répartition de la population française s’équilibre à peu près entre ville et campagne, mais les ruraux ont besoin de leurs voitures dans 76% de leurs déplacements, qui sont aussi plus longs, contre 55% pour les urbains. La population rurale serait donc plus impactée alors qu’elle n’est pas responsable de la moindre densité de services à disposition et des transports en commun.

A l’origine, la taxe carbone a pour but d’impacter les plus gros pollueurs pour les inciter à changer de comportement. Mais en l’état actuel des choses, les victimes collatérales semblent bien nombreuses.

Source : AutoActu